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Guinée : Par césarienne, un 3e mandat pour Alpha Condé

 

Après Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire le 14 décembre, c’est le Guinéen Alpha Condé qui, hier, a prêté serment pour un 3e mandat présidentiel. Un troisième mandat arraché dans la douleur d’un climat sociopolitique délétère depuis octobre 2019, quand le projet d’une nouvelle Constitution a été  inscrit dansl’agenda politique du pays.

 

 

C’est donc au forceps, c’est-à-dire après mille et une manifestations du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) durement réprimées, parfois dans le sang, qu’Alpha Condé s’est taillé une nouvelle loi fondamentale sur mesure. Adoptée à plus de 91% des suffrages exprimés, selon les résultats du  référendum de mars 2020, elle a remis à zéro le compteur des mandats du président sortant à la tête de la Guinée. La 4e République guinéenne est ainsi née, comme par césarienne, et avec elle la confirmation des ambitions d’une présidence à vie pour le locataire octogénaire du palais Sékoutouréya de Conakry.

 

En effet, à 82 ans révolus, celui qui est désigné dans les communiqués officiels guinéens comme le premier président de la 4e république a inauguré hier un 3e mandat de 6 ans, et comme son appétit du pouvoir vient en l’exerçant, personne ne sera surpris qu’il veuille d’un 4e mandat en 2026, si ses forces physiques le lui permettent. On attend donc de voir pendant combien de temps l’ancien opposant à la dictature de Sékou Touré et de Lansana Konté va, à son tour, au mépris de la bienséance démocratique, dynamiter toute possibilité d’alternance républicaine en Guinée.

 

En tout cas pour ses contempteurs du FNDC, notamment le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, ce 3e mandat est une forfaiture qui ne passera pas. Voilà qui explique qu’ils continuent d’appeler à la « résistance contre l’imposteur » en dépit des multiples arrestations et emprisonnements en leur sein, si ce n’est des macchabées laissés sur les chaussées de Conakry et d’autres villes de l’intérieur du pays.

 

 Ainsi, ce 15 décembre, si les environs du palais Mohamed V étaient bouclés par un impressionnant dispositif de sécurité, pour une cérémonie d’investiture dans la tranquillité pour les centaines d’invités de marque, dont une dizaine de chefs d’Etat africains, dans les quartiers périphériques, des dizaines de manifestants, de rouge vêtus, couleur de la colère en Guinée, ont exprimé leur opposition à ce 3e mandat du président réélu. « Justice pour nos martyrs » ; « A bas la dictature du régime Condé !» ; « Mort aux assassins de nos enfants ! » sont, entre autres, les slogans qu’on pouvait lire sur les pancartes et les banderoles des protestataires.

 

A l’évidence donc, l’opposition guinéenne continue de récuser toute légalité et toute légitimé d’un 3e mandat d’Alpha Condé. Mais elle peine à réunir les grandes foules des débuts de sa « résistance populaire ». 14 mois de marches, de meetings, de sit-in et d’opérations « ville morte » sans résultats probants et au contraire avec des pertes en vie humaine, ça use, même les militants les plus déterminés. Et avec cette investiture solennelle, Alpha Condé a touché le graal d’un 3e mandat présidentiel au grand dam des démocrates férus d’alternance.

 

On touche alors du bois pour qu’après Alassane Ouattara et Alpha Condé, cette mauvaise école des tripatouilleurs des Constitutions ne recrute de nouveaux élèves dans notre espace ouest-africain.

 

 

Robespierre Zongo

Dernière modification lemercredi, 16 décembre 2020 22:16

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