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Aéroport de Donsin : Ouvrage d’envergure internationale au cœur de l’Afrique de l’Ouest

 

Evoquer l’aéroport de Donsin revient non seulement à nous interroger sur le sort réservé à l’actuel aéroport international de Ouagadougou mais également sur la mise en œuvre de l’autre dont la réalisation rend plus d’un sceptique eu égard au grand retard accusé dans les travaux. Aux fins d’appréhender ces inquiétudes et ces craintes, le Directeur général de la Maitrise d’ouvrage de  l’aéroport de Donsin   ( MOAD) a bien voulu se prêter à nos questions.

 

 

Ingénieur en génie civil et infrastructures, Adama BELEM est, depuis un peu plus de huit mois, le nouveau Directeur général de cet important projet de construction. Totalisant une vingtaine d’années d’expérience en travaux d’ingénierie du bâtiment, il a participé à la conception et à la réalisation  des barrages, des aménagements hydro-agricoles, des routes et ouvrages d’art.   Ayant une expertise avérée  dans  la mise en œuvre du premier Compact du Burkina Faso avec le Millennium Challenge Account, M. Adama BELEM  est un homme courtois, plein de volonté et d’engagement .

 

 

 

Pouvez-vous nous rappeler les motivations du gouvernement du Burkina Faso à se lancer dans le processus de construction du nouvel aéroport de Donsin ?

 

L’aéroport de Ouagadougou est situé actuellement en plein centre-ville. Cette position est de nature à :

 

- l’empêcher de disposer des possibilités d’extension à long terme pour faire face à la demande future ;

 

- engendrer des problèmes de sécurité et de sûreté des activités aéronautiques avec toutes les conséquences qu’un accident sur ce site pourrait entraîner sur la population environnante ;

 

- aggraver les problèmes de fluidité du trafic entre les zones du centre-ville et les zones de la périphérie sud ; le site actuel de l’aéroport de Ouagadougou constitue un îlot faisant obstacle à l’harmonisation du schéma urbain et écran à la circulation urbaine.

 

C’est pourquoi, le gouvernement du Burkina Faso a entrepris, d’une part, des études en vue du déplacement de cet aéroport à la périphérie de la capitale, en accord avec les directives de la stratégie nationale de développement du secteur des transports et prévu, d’autre part, la construction d’un nouvel aéroport dans le volet investissement de la composante « aviation civile » du Deuxième programme sectoriel des transports (PST-2). Le Schéma directeur d’aménagement du Grand Ouaga (SDAGO) a ainsi intégré ce projet.

 

Le nouvel aéroport devrait permettre donc de :

 

- répondre au besoin croissant du trafic aérien :

 

- améliorer la sécurité et la sûreté des activités aéronautiques ;

 

- améliorer la qualité de la  vie dans la ville de Ouagadougou ;

 

- assurer et garantir une meilleure visibilité du futur développement de l’aéroport ;

 

- booster le développement du pays par la création d’un pôle de croissance.

 

 

 

Aujourd’hui évoquer Donsin semble être une nébuleuse, car on parle de sa construction depuis plus  de deux décennies et force est de constater que rien n’est sorti de terre à ce jour. Quelles en sont les raisons ?

 

Il faut noter que le projet de construction du nouvel aéroport de Donsin est un grand projet complexe :

 

- complexe d’abord  par le niveau d’exigences de ce type de projet;

 

- complexe ensuite de par le nombre de bailleurs de fonds qui participent à ce financement (environ une dizaine)

 

- complexe enfin de par la recherche de l’espace nécessaire non seulement pour la construction actuelle mais aussi les aménagements futuristes.

 

Les travaux ont démarré sur le chantier à compter de novembre 2017 et les activités s’y poursuivent. Des ouvrages sont déjà érigés sur le chantier à l’instar des voies d’accès, des pistes de ronde, du mur de clôture aéroportuaire, des miradors, des locaux de repos, du château d’eau, des radiers, des dalots, du bâtiment administratif, de la bâche semi-enterrée, de la station de pompage, des travaux de voiries, etc.

 

Il est indéniable que ces travaux ont accusé un retard compte tenu des difficultés liées :

 

- à l’interruption récurrente des travaux par les populations ;

 

- aux problèmes de paiement des décomptes ;

 

- aux insuffisances notées au niveau des entreprises, etc.

 

Nonobstant ces difficultés, on peut dire que le projet est en marche et a déjà franchi un pas décisif vers son envol. Il reste à fédérer tous les efforts en vue de l’aboutissement heureux de ce gigantesque chantier dans des délais rapides.

 

 

 

En tant que Directeur général nouvellement nommé à la tête de la MOAD,  quels sont les axes forts de votre vision pour ce projet ?

 

Si on doit parler de vision, je dirais que mon plus grand enthousiasme est de porter la vision des autorités du Burkina Faso de construire non loin de Ouagadougou un aéroport d’envergure internationale au cœur de l’Afrique de l’Ouest. J’aimerais à cet effet entraîner tout le monde dans mon rêve de voir construit dans les quatre années à venir un aéroport qui prenne en compte tout le potentiel que le site de Donsin peut constituer.

 

Dans cette dynamique, je vais proposer trois axes forts pour répondre à votre question :

 

- assurer un bon diagnostic du passif de la MOAD afin de proposer un plan d’action pour améliorer la gestion de ce projet à travers une démarche qualité ;

 

- susciter l’implication, voire l’engagement total de toutes les parties prenantes dans l’amélioration de l’attractivité de notre aéroport à travers une communication franche et transparente avec toutes les composantes du micro et du macro environnement de la MOAD ;

 

- prendre  en compte les enjeux contractuels et conventionnels de toutes les parties intéressées.

 

 

 

Aujourd’hui, quel est l’état des lieux de cet important projet ?

 

On peut noter les faits suivants dans sa mise en œuvre :

 

- les études techniques sont  quasi achevées ; il ne reste que quelques études résiduelles et spécifiques ;

 

- les volets sociaux et environnementaux  ont  été bouclés, avec le relogement des 962 ménages de 10 villages affectés par le projet : plus de 2 620 logements ont été construits, sur 9 sites, où ont emménagé 5 760 personnes. 

 

- deux (02) projets routiers sont  achevés et réceptionnés (voies d’accès à l’aéroport de Donsin et pistes rurales de la zone de Donsin) ;

 

- un (01) projet d’éclairage public  est en cours (éclairage des voies d’accès à l’aéroport de Donsin, taux d’exécution d’environ 05%) ;

 

- six (06) projets en cours d’exécution :

 

. lot 2B1 : clôture aéroportuaire (taux d’exécution d’environ 59%) ;

 

. lot  2B2 : piste de ronde et route périphérique (taux d’exécution d’environ 67%) ;

 

. lot 3.1 : voirie côté ville, assainissement ; espaces verts (taux d’exécution d’environ 42%) ;

 

 . lot 3.2 : réseau d’eau potable et sécurité incendie (taux d’exécution d’environ 60%) ;

 

. lot M1 : base militaire (taux d’exécution d’environ 45%) ;

 

 . lot B : bâtiments administratifs (taux d’exécution d’environ 03%) ;

 

 . quatre (04) projets de la base militaire (Lots M2, M3, M4.1 et M4.2) ;

 

- deux (02) projets sont en phase de signature de contrat. Il s’agit notamment des lots A1 : bâtiments de la zone technique et tour de contrôle et du lot 2A : Chaussées aéronautiques. Ces lots sont prévus démarrer en janvier 2021.

 

Le budget de construction a-t-il été bouclé ?

 

Le financement des lots sous maîtrise d’ouvrage public, c’est-à-dire sous la responsabilité de l’Etat, est quasiment bouclé. Tous les accords de prêt y relatifs sont en vigueur. Le budget présentement mobilisé est celui émanant des études pour l’élaboration de l’APS qui était de 368,579 milliards de FCFA. Ce budget a été revu à 436,830 milliards de FCFA en prenant en compte les imprévus physiques et financiers, à l’issue des études pour l’élaboration de l’APD.

 

Par ailleurs, des recherches de financements sont nécessaires pour réaliser certains projets tels que :

 

- le pavillon présidentiel et le salon ministériel (lot D) ;

 

 - l’approvisionnement de la plateforme aéroportuaire en eau potable (lot R1), en énergie électrique (lot R2) et le raccordement de la fibre optique au back bone national (lot R3), etc. 

 

 

 

Cette situation empêche, entre autres, la contractualisation des avenants pourtant nécessaires au bon fonctionnement des ouvrages et le démarrage de la tranche conditionnelle du lot 3.1.

 

La mobilisation du financement privé est conditionnée à la mise en place de la SEM et dont le recrutement de l’actionnaire majoritaire est en cours.

 

Selon vos nouvelles projections, à partir de quelle année, l’aéroport de Donsin sera exploité ?

 

Il serait osé de prévoir avec précision l’année d’exploitation de l’aéroport compte tenu de certains impondérables liés à la mise en œuvre du projet.

 

En effet, de nos jours, la MOAD ne dispose toujours pas d’une visibilité concernant la date de mobilisation de la SEM. En rappel, ce partenaire stratégique doit financer certains ouvrages névralgiques  de l’aéroport tels que la construction de l’aérogare.

 

De plus, des financements sont à rechercher pour construire également d’autres infrastructures.

 

Toutefois, la date de 2024 semble probable pour la fin des travaux si, toutefois, tous les financements sont bouclés. A cette échéance, il faudrait ajouter le temps nécessaire à la certification du nouvel aéroport afin de pouvoir projeter l’année  de son exploitation.

 

Votre mot de fin ?

 

Je voudrais remercier tous ceux qui se sont investis et qui continuent de s’investir pour faire de ce projet une réalité.

 

Nous comprenons la légitime inquiétude de la population qui s’impatiente de voir  sortir quelque chose de concret à Donsin. Cependant nous pouvons lui assurer que nous sommes dans le vif du sujet. C’est pourquoi j’affirme avec force que toute l’équipe de la MOAD, commise à cette noble tâche de mise en œuvre de ce grand projet, a la ferme intention de relever ce défi en comptant sur l’aide de tous les acteurs concernés et impliqués.

 

 

 

Interview réalisée par Nouhou Berté

 

CCRP ANAC-BF

 

Dernière modification ledimanche, 20 décembre 2020 19:42

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