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Elections législatives en Côte d’Ivoire : Quand la CEI met la pression sur les politiques

 

Depuis  un bon mois, on note une grande éclaircie dans le ciel politique ivoirien. Lentement mais sûrement, les discussions entre les 2 poids lourds de  la scène politique de la lagune Ebrié, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, ont quitté le salon des huis clos pour devenir un dialogue qui se veut national et inclusif.

 

 

Ainsi, gouvernement, opposition et société civile tiennent depuis le 21 décembre des pourparlers qui participent grandement à cette décrispation du climat sociopolitique dans le pays. Au-delà de cet apaisement notable, les protagonistes de ce dialogue ont pour objectif une réconciliation nationale véritable.

 

La page des vives tensions nées de la dernière présidentielle est donc en train d’être tournée, et l’on croise les doigts pour que les élections législatives, municipales et régionales prochaines ne rouvrent pas des plaies mal cicatrisées. Pour éviter d’en arriver là, le gouvernement du président Ouattara, après qu’il a tendu la main à l’opposition lors de son investiture, le 15 décembre dernier, doit prêter aujourd’hui une oreille attentive à cette dernière.

 

En tout cas l’opposition ne prend pas aveuglément la main tendue par le pouvoir. Ainsi, trois jours après les rencontres préliminaires à ce dialogue, elle a fait savoir dans un communiqué rendu public qu’elle souhaitait des  concertations fraternelles et des discussions franches afin de baliser le terrain à des élections consensuelles. Pour ce faire, elle exige :

 

-                      l’élargissement du cadre des discussions à tous les acteurs politiques dans le but d’en faire un dialogue vraiment inclusif ;

 

-                     la relecture de la loi organiques et du Code électoral ;

 

-                     la prise en compte des arrêts de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples sur la Commission électorale indépendante ;

 

-                     la libération des prisonniers politiques et militaires ;

 

-                     le retour de tous les exilés dont Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé, et la cessation des poursuites contre les membres de l’opposition.

 

Quelles réponses le gouvernement Ouattara va-t-il donner à ces exigences de l’opposition ? Cette dernière n’a-t-elle pas placé très haut la barre d’un accord politique avec le pouvoir ? Que fera-t-elle si ces exigences ne sont pas satisfaites ?

 

Autant de questions auxquelles ce dialogue national devrait apporter des réponses rendant lisible la suite du calendrier électoral. Certes il y a des signes qui indiquent qu’opposition et pouvoir ivoirien ont trouvé le plus petit dénominateur commun à même de réduire le fossé de leurs mésententes antérieures : la délivrance d’un passeport diplomatique à Laurent Gbagbo et l’annonce faite par l’aile dure de son parti de prendre part aux prochaines consultations électorales, après 10 ans de boycott. Mais la CEI ne coupe-t-elle pas l’herbe sous les pieds des politiques, en annonçant la tenue des élections législatives, municipales et régionales le 6 mars 2021 ? Ne fallait-il pas laisser les participants au dialogue national décider de cela d’un commun accord, d’autant plus que rien ne presse ? De fait, l’amendement constitutionnel de mars 2020 dispose que le  Parlement reste en place en cas d’impossibilité de tenir le scrutin dans les délais. A moins que la CEI ne devance ainsi l’iguane dans l’eau pour presser les participants à ces pourparlers politiques à aller à l’essentiel, vite et bien.

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification lemercredi, 30 décembre 2020 21:58

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