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Reconduction Christophe Dabiré à la Primature: « Der alter » pour l’impératif de réconciliation nationale ?

Ça avait  été déjà une grande surprise quand, le  21 janvier 2019, il avait été tiré de sa retraite douillette pour prendre la tête du gouvernement burkinabè en remplacement de Paul Kaba Thiéba.  Dans un Burkina tourmenté par le terrorisme qui ne cessait de gagner du terrain, quelle poigne, se demandaient en effet nombre de Burkinabè, pouvait avoir un  homme certes expérimenté pour avoir été plusieurs fois ministre (Santé, Enseignement supérieur), député puis commissaire à l’UEMOA  mais qui, à 71 ans, avait plutôt son avenir, politique notamment,  derrière lui. Pour ne rien arranger, la petite larme qu’il a  écrasée  sous le poids de l’émotion lors de sa déclaration de politique générale le 18 février 2019 devant l’Assemblée nationale avait fini de convaincre même les plus charitables à son endroit que la fonction était bien trop lourde pour de si frêles épaules.

 Pour cette raison donc, pensaient-ils, Christophe  Marie Joseph Dabiré ne pouvait qu’être un Premier ministre de transition, juste pour accompagner le président Roch Marc Christian Kaboré jusqu’aux élections. A tort ; puisque après avoir rendu sa démission et celle de son gouvernement le 30 décembre 2020, le PM a été reconduit le mardi 5 janvier 2021. Nouvelle  surprise donc, même si ceux qui sont dans le secret des dieux affirmaient ces derniers jours que son maintien était dans l’ordre du possible.

Puisque seul celui qui l’a nommé sait pourquoi il l’a fait, on ne peut que conjecturer sur ses motivations réelles ou supposées. Il faut croire en tout cas  que la copie que « der alter » (1)  a rendue ces deux dernières années  était parfaite au point qu’il mérite que son mandant lui renouvelle sa confiance à 73 ans. Il est vrai qu’à cet âge,  puisque vieillesse rime avec sagesse,  le septuagénaire, connu pour son calme et sa pondération, peut être un atout majeur pour le président du Faso  dans la perspective de l’œuvre de réconciliation nationale sous le signe de laquelle il veut placer les premiers mois de son dernier mandat. Pour sûr, son sens de la mesure et sa capacité d’écoute ne seront pas de trop pour rapprocher des positions tranchées depuis la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014.

L’autre raison qui a pu présider au maintien du natif de Wizin à Dissin, dans le Sud-Ouest, c’est qu’il ne dérange et ne fait de l’ombre à personne et  il n’a  certainement pas d’ambition présidentielle alors que la nomination à la Primature d’un jeune loup, par exemple, qui aurait de l’épaisseur aurait pu  acérer davantage ses dents et ouvrir plus tôt que prévu l’inévitable guerre des appétits  pour  succéder à l’enfant de Tuiré.  Le chef de l’Etat aurait ainsi choisi de différer la bagarre pour ne pas polluer tout de suite le début de son ultime quinquennat.

Il n’est pas non plus interdit de penser que le renouvellement du contrat du chef du gouvernement est dû à la difficulté de trouver, à l’Ouest particulièrement, un oiseau rare suffisamment consensuel, en tout cas qui aurait eu l’aval des grands décideurs de la majorité, surtout de Roch et de Simon dont on dit qu’ils n’étaient pas sur la même longueur d’ondes sur le sujet. Alors, on  décide de prolonger  le bail de Dabiré, le temps de voir venir comme on dit.

En attendant, maintenant que Roch a choisi de ne pas choisir un nouveau PM, on est impatient de connaître  d’ici le week-end le visage de la première équipe Dabiré II pour voir véritablement la direction que va prendre l’entame de son nouveau et dernier bail à Kosyam.

 

Ousséni Ilboudo

 

(1) « Le vieux » en allemand          

Dernière modification lejeudi, 07 janvier 2021 21:57

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