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Réconciliation ivoirienne: ADO déroule le tapis rouge à Gbagbo

Les portes de la Côte d’Ivoire sont donc officiellement ouvertes pour Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, pour qui les bonnes nouvelles se succèdent. Hier mercredi 7 avril 2021 au cours du premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement Patrick Achi, le président Alassane Ouattara a déclaré qu’ils « sont libres de rentrer en Côte d’ivoire quand ils le souhaitent ». Cette annonce intervient une semaine après leur acquittement définitif par la Cour pénale internationale, devant laquelle ils étaient poursuivis depuis une dizaine d’années pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés au cours des violences postélectorales de 2010-2011. Hasard sans doute du calendrier, il y a 10 ans presque jour pour jour, soit le 11 avril 2011, l’enfant terrible de Mama, son épouse Simone et le dernier carré de ses fidèles étaient arrêtés en mondovision avant que l’ex-président soit transféré aux Pays-Bas quelques mois plus tard.

Après tant de galères, c’est donc l’heure du retour qui a sonné pour le Oudy, dont les frais de voyage et ceux des membres de sa famille seront pris en charge par l’Etat ivoirien. Et une fois sur la Perle des lagunes, il pourra bénéficier de sa liste civile d’ancien chef d’Etat, notamment d’une allocation viagère ainsi que de personnel (sécurité, collaborateurs et domestiques) défrayés par le budget de la présidence.

Sans même avoir attendu cette annonce, la galaxie Gbagbo, dès son acquittement, avait commencé à préparer ce retour au bercail dont on imagine qu’il ne pourra être que triomphal. Les négociations y relatives avaient commencé, rappelons-le, entre le secrétaire général du FPI (canal historique) Assoa Adou et le défunt Premier ministre Hamed Bakayoko.

Aux septiques qui pensent que ce tapis rouge déroulé par le locataire du palais de Cocody à son ennemi juré pourrait être une souricière qui se refermerait sur l’ancien pensionnaire de Scheveningen, Amadou Coulibaly, le nouveau porte-parole du gouvernement, a donné la réponse suivante « a moins que vous pensiez que le chef de l’Etat soit particulièrement cynique, çà me paraît un peu gros d’offrir les frais de voyage à quelqu’un qu’on a envie de mettre derrière les barreaux ». En tout cas, cynisme ou pas, il faudra bien plus qu’une simple annonce, fût-elle présidentielle, pour que les deux hommes puissent rentrer en toute quiétude, l’un comme l’autre ayant été condamnés par contumace à 20 ans de prison, Gbagbo dans l’affaire dite du casse de la BCEAO et l’ancien ministre de la rue publique pour des faits commis lors de la crise post-électorale. Autant dire qu’il leur faudrait une loi d’amnistie pour qu’à leur descente d’avion ils n’aillent pas directement de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny à la MACA. Et si au bout du compte tout devait se passer sans la moindre anicroche, se serait un pas décisif dans le sens de la réconciliation nationale que tous les Ivoiriens appellent de leurs vœux.

Certes, comparaison n’est pas raison, les deux situations étant fondamentalement différentes. Ce new deal ivoirien pourrait et même peut-être devrait inspirer les Burkinabè engagés eux aussi dans un délicat processus de réconciliation dont le retour de Blaise Compaoré (avec ou sans procès) n’est pas le moindre des enjeux. Ce disant, on se rend compte qu’on est déjà dans la 2e moitié du premier semestre que le candidat président avait fixé à Ziniaré pour esquisser une solution à cette équation.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 08 avril 2021 22:26

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