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Demande de divorce de Gbagbo : Mariage avec Simone là c’est gnagami (1)

 

En ce jour  20 juin 2021, premier dimanche de son retour en Côte d’Ivoire, à le voir chanter et trémousser à la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan, on était loin d’imaginer que dès le lendemain Laurent Gbagbo ferait exactement ce que l’Eglise proscrit.

 

 

En effet,  par un communiqué du lundi 21 juin 2021 signé de son avocat Claude Mentenon, l’ancien président ivoirien, a annoncé «qu’en raison du refus réitéré depuis des années de Dame Simone Ehivet de consentir à une séparation amiable, au demeurant voie de règlement appropriée à leurs statuts personnel et politique réciproques, il s’est résolu à saisir ce jour, le juge des affaires matrimoniales du Tribunal de grande instance d’Abidjan, d’une demande de divorce ».  

 

Pour un coup de tonnerre, c’en est  vraiment un dans un ciel matrimonial pas aussi serein que cela depuis belle lurette.  Ce, dès lors que le guerrier de Mama a pris une seconde et sémillante épouse, Nadi Bamba, communicatrice et journaliste de 47 ans qui partage sa vie depuis une vingtaine d’années.

 

Alors même qu’elle venait d’être propulsée première Dame après la victoire de son mari lors de la présidentielle de 2000, Simone Ehivet a dû partager le lit conjugal présidentiel avec celle qui a contracté un mariage coutumier mahaouka et musulman dès 2001 avec le « Woody ».

 

Une couleuvre que la native de Moossou à Grand-Bassam a dû avaler, et on a même eu l’impression que son influence politique, notamment durant les années de braise de la rébellion, grandissait à mesure que sa côte matrimoniale était en chute.

 

Pour tout dire, ce divorce, qui n’est pas encore consommé, serait un non-événement.

 

On peut néanmoins se demander ce qui urgeait tant pour que Gbagbo, à 76 ans, déclenche une telle procédure alors qu’il n’a pas encore défait ses valises. 

 

A-t-il voulu mettre de l’ordre dans sa vie privée avant de s’investir dans la vie politique, particulièrement dans le vaste chantier de la réconciliation ?

 

En tout cas, les bouches fendues au mauvais endroit, qui ne manquent pas au bord de la lagune Ebrié, n’hésiteront pas de relever cette espèce de paradoxe de la part d’un homme qui ne parvient pas à se réconcilier avec son épouse mais entend réconcilier les Ivoiriens entre eux. «Réconciliation bien ordonnée devant commencer avec les siens », souligneront bien de ses compatriotes.

 

Certains mêmes y verront une forme d’ingratitude  à l’endroit de celle avec qui Gbagbo a créé le Front populaire ivoirien (FPI), du temps où, enseignant, il bouffait de la vache enragée. Oui, un outrage à celle qui a été une alliée précieuse pour la conquête du pouvoir d’Etat, une combattante de première ligne pendant la rébellion des Forces nouvelles qui a goûté plusieurs fois de la prison pour des raisons politiques, surtout après le conflit postélectoral de 2010-2011.

 

Comparaison n’est certes pas raison, mais comment ne pas voir dans son sort ce qui fut aussi celui de Winnie Mandela, la pasionaria de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud, celle qui a tenu la baraque ANC au même titre que les hommes pendant les 27 ans de réclusion de son mari, Nelson Mandela, à Robben Island, même si ce fut au prix de certains égarements aussi bien dans la vie politique que dans la vie privée ? 

 

Madiba n’avait pas trouvé mieux, à sa sortie de bagne, que de la congédier pour convoler en justes noces avec Gracia, la veuve de Samora Machel.

 

Reste à savoir quelles conséquences peut avoir cette nouvelle  donne matrimoniale de Gbagbo sur le FPI qui est déjà pris dans une zone de turbulence avec les GOR et les pro-Affi N’Guessan. Un FPI où l’amazone Simone compte de nombreux inconditionnels.

 

 

 

 

 

Alain Saint Robespierre

 

(1) Mot dioula au sujet d’une situation agitée.

Dernière modification lemardi, 22 juin 2021 20:03

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