Menu

Avènement du MPSR : La profession de foi de Paul-Henri Damiba

 

Même s’il était présent sur les images de la télévision nationale du Burkina le lundi 24 janvier 2022 en fin de journée, il avait laissé le soin au jeune capitaine Sidsoré Kader Ouédraogo d’annoncer la prise du pouvoir par les militaires et l’avènement du MPSR, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration. Cette fois, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba  a pris la parole publiquement lui-même.

 

Le président du MPSR s’est, en effet, invité hier à 20h dans les chaumières  à travers « la chaîne au cœur des grands événements ». Sanglé dans son treillis  « terre du Burkina », une terre hélas maculée de sang depuis six interminables années, le nouvel homme fort du Faso est revenu sur son réquisitoire de lundi dernier contre le président Roch Marc Christian Kaboré, renversé pour n’avoir pas pu endiguer la spirale terroriste  qui endeuille les Burkinabè presque quotidiennement.

 

Mais au-delà de ce tableau noir que les Burkinabè, au demeurant,  ne connaissent que trop, dès l’annonce de son adresse à la nation,  ses compatriotes et sans doute les partenaires de notre pays s’attendaient à ce que la junte précise ses intentions, notamment sur la conduite et le délai de la Transition ouverte par ce pronunciamiento. C’est chose faite depuis la nuit dernière, même si les détails restent à préciser. Dans sa profession de foi, l’officier supérieur a ainsi martelé :   « Notre agenda est unique et il est clair : la sauvegarde de notre peuple et la refondation de notre nation. »  Avant d’ajouter : « Je vous donne la ferme assurance que notre engagement n’a aucunement pour but de rétablir un ordre quelconque », entendez du régime de Blaise Compaoré. Une mise au point importante s’il en est dans la mesure où on présente celui qui fut un élément de l’ex-régiment de sécurité présidentielle comme un proche du général Gilbert Diendéré dont les réseaux sociaux avaient du reste annoncé, à tort, la libération de la MACA, où il purge une peine de vingt ans pour son « coup d’Etat le plus bête du monde » (Alpha Condé dixit), perpétré en septembre 2015. Mais il faudra attendre encore un peu pour connaître le calendrier du retour à l’ordre constitutionnel normal promis dès lundi dernier « dans un délai raisonnable », le nouveau chef de l’Etat s’étant engagé « à convoquer les forces vives de la nation  pour convenir d’une feuille de route qui aura pour but de projeter et réaliser le redressement voulu par tous les Burkinabè ».

 

 Mais il est bien payé pour le savoir, puisque c’est la raison principale de son entrée sur la scène politique au son de la canonnière,  s’il est un front sur lequel ses concitoyens l’attendent par-dessus tout, c’est la lutte contre le terrorisme, terrain sur lequel il lui faut enregistrer des résultats probants et très vite pour faire renaître l’espoir. Jusque-là, certains expliquaient la détérioration continue de la situation sécuritaire par  la gestion jugée désastreuse des Forces de défense et de sécurité (FDS)  par le président déchu. Maintenant donc que la soldatesque, après avoir dissous les institutions de la République, concentre entre ses mains tous les leviers du pouvoir, il n’y a aucune raison que les résultats escomptés de tout un peuple ne se produisent pas. Encore faut-il bien négocier la période de Transition pour éviter les errements qu’on a connus après l’insurrection populaire d’octobre 2014 !  

 

 

 

Comme il fallait s’y attendre, le nouveau chef de l’Etat  a aussi envoyé un signal aux partenaires et amis du Burkina, appelant la communauté internationale « à accompagner notre pays afin qu’il puisse sortir le plus rapidement possible de cette crise pour reprendre sa marche vers le développement ». On pense notamment à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest à qui  ces gages de bonne foi et de  bonne volonté sont certainement  destinés au premier chef, question d’adoucir si possible les sanctions qui ne manqueront d’être prises par l’organisation sous-régionale lors de son prochain sommet convoqué dans les jours à venir pour se pencher sur le cas burkinabè. Le président en exercice, le Ghanéen Nana Akufo-Addo, et ses homologues seront-ils sensibles à ce clin d’œil ? Réponse dans les  jours à venir.

 

 

 

La rédaction

 

Dernière modification ledimanche, 30 janvier 2022 20:27

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut