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Transfèrement de Blé Goudé à la CPI : Une prison 4 étoiles pour le "général" de la rue

Finalement le « ministre de la rue », bombardé général à la faveur de la crise de 2010-2011, va bientôt rejoindre son mentor, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. C’est la décision prise par le gouvernement lors du conseil des ministres de ce mercredi 19 mars 2014.

Il faut dire que la nouvelle a eu l’effet d’une bombe. Ainsi donc Abidjan a fini par répondre favorablement aux demandes de plus en plus pressantes de la Cour pénale internationale, qui, depuis belle lurette, réclamait le transfert de Charles Blé Goudé, soupçonné de quatre chefs de crimes contre l’humanité, à savoir meurtre, viol, persécution et autres actes inhumains.

Et il y avait de quoi être surpris quand on sait que pour des chefs d’inculpation similaires, Abidjan avait opposé une fin de non-recevoir au transfèrement de Simone Gbagbo, arguant de la capacité des tribunaux nationaux à juger l’ex-première dame. On se demande donc, ce qui, cette fois, a bien pu manquer à la justice ivoirienne pour qu’elle refile la patate chaude à la juridiction internationale. A moins que, sur l’échelle des responsabilités, l’ex-leader des Jeunes patriotes ait un dossier plus lourd.

On peut également se demander si dans cette affaire, les autorités ivoiriennes n’ont pas cédé à des pressions extérieures, surtout vu que cette décision de transfèrement intervient seulement quelques jours après l’affaire des vraies  fausses photos qui a fait le buzz aussi bien sur la toile que dans la presse ivoirienne. En effet, d’aucuns supputent que ces images présentant un prisonnier à moitié nu, efflanqué et hirsute, preuve d’un régime carcéral des plus sévères. Pour eux, elles sont l’œuvre de partisans du FPI désireux de voir l’un de leurs leaders extirpé de sa prison secrète pour des conditions de détention plus clémentes. Ce sera bientôt chose faite.

Mais au-delà de toutes les questions que l’on peut se poser sur les tenants et les aboutissants de ce transfèrement, une chose est sûre, c’est que l’accord d’Abidjan n’est pas de nature à favoriser le processus de réconciliation nationale, déjà poussif.

En effet, cette affaire ne manquera pas de réveiller la vieille polémique selon laquelle il y a bel et bien une justice des vainqueurs, car au-delà des partisans de l’ancien président, bon nombre de personnalités proches du gouvernement actuel sont dans le collimateur de la CPI. Autant de faucons qui, malgré un passé ô combien chargé, plastronnent et roulent carrosse sans craindre de voir s’abattre sur eux les filets de la justice internationale. Mais comme disaient les anciens, malheur aux  vaincus.

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lemercredi, 25 juin 2014 15:39

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