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Sommet CEDEAO sur le Burkina: Que vont décider les chefs d’Etat aujourd’hui ?

Après un premier sommet qui s’était tenu par visioconférence le 28 janvier 2022, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) doivent se retrouver aujourd’hui en présentiel à Accra pour se pencher sur la situation qui prévaut au Burkina.

Il s’agit en réalité d’une séance de délibération, si on peut le dire ainsi, après les deux missions d’évaluation envoyées à Ouagadougou: d’abord les chefs d’état-major le 29 janvier, ensuite une délégation CEDEAO-ONU deux jours plus tard.

Dès la commission du coup d’Etat du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, l’organisation sous-régionale avait, rappelons-le, condamné tout de suite le renversement du président Roch Marc Christian Kaboré et suspendu par la suite le Burkina de ses instances. Un service minimum sous réserve de sanctions ultérieures plus dures. Sera-ce le cas aujourd’hui ou bien le Ghanéen Nana Akufo-Addo et ses homologues seront cléments parce qu’ils auront été convaincus par les bonnes dispositions d’esprit de la junte au pouvoir à Ouaga ? Il faut espérer la seconde éventualité. Ce, d’autant plus qu’à l’issue de la dernière visite des missi dominici,  Mahamat Saleh Annadif, l’envoyé spécial des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, avait affirmé que « nous avons trouvé nos interlocuteurs très ouverts ». C’est peut-être de bon augure, surtout lorsqu’on sait que le jour même où la délégation de la CEDEAO débarquaient dans la capitale burkinabè, le MPSR avait pris soin de restaurer la Constitution qu’il avait suspendue dans sa déclaration de prise du pouvoir et promulgué dans la foulée son Acte fondamental. Un document qui reprend mutatis mutandis les dispositions constitutionnelles contenues dans la loi fondamentale du 2 juin 1991. Et en cas de conflit entre les deux textes fondamentaux, c’est l’Acte du MPSR qui a la primauté. Autant dire que la Constitution est encadrée, pour ne pas dire mise en résidence surveillée. Mais ce tour de passe-passe juridique a au moins l’avantage de combler le vide créé par la suspension de la Constitution, laquelle suspension avait d’ailleurs commencé à produire ses effets avec l’arrêt momentané du procès Thomas Sankara. Maintenant que les apparences sont sauves, l’audience a pu reprendre hier à la salle des banquets de Ouaga 2000.

Le fait aussi que la délégation ministérielle a eu accès au président déchu et que leur visite a été médiatisée dans une certaine mesure avec les « preuves de vie » qu’on a vu circuler sur les réseaux sociaux est un argument supplémentaire qui devrait plaider en faveur du MPSR et du Burkina.

Mais quelle que soit la nature de la peine qui sera infligée à la Patrie des hommes intègres, les dirigeants de la CEDEAO ne peuvent perdre de vue les dispositions de l’article 68, chapitre XIII du Traité révisé de la CEDEAO du 16 février 2010 à Abuja prévoyant des mesures souples concernant les pays enclavés comme le Burkina. Cet article  dispose en effet que «Les Etats membres, tenant compte des difficultés économiques et sociales que pourraient connaître certains Etats membres et particulièrement les Etats membres insulaires et sans littoral, conviennent d'accorder, au besoin, à ces Etats un traitement spécial en ce qui concerne l'application de certaines dispositions du présent Traité et de leur apporter toute autre assistance nécessaire.»

Cela dit, quelles que soient les promesses qui ont été faites aux envoyés spéciaux de la CEDEAO, il faut que la junte les traduise très rapidement en actes, notamment les questions de calendrier et de format de la Transition qui va bientôt s’ouvrir.

 

Hugues Richard Sama

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Avènement du MPSR : « Mon agenda est unique et il est clair …» (Lieutenant colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, président du MPSR)

 

Le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, s’est adressé pour la première fois à la Nation le 27 janvier 2022. Quatre jours après la prise du pouvoir par la junte, le chef de l’Etat justifie l’avènement du MPSR et son ambition qui n’est autre que de fédérer l’ensemble des énergies du pays afin de jeter les bases d’un Burkina nouveau.

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