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Algérie: Le président éclaboussé par la poudre de son fils

Le nouveau président algérien n’y est sans doute pour rien, mais il se serait bien passé de ce genre de publicité. Hier, le procès du fils du président Abdelmadjid Tebboune, poursuivi pour « trafic d’influence », « abus de fonction », « corruption » et « perception d’indus cadeaux », s’est en effet ouvert au tribunal de Sidi M’Hamed. Incarcéré depuis juin 2018, il est jugé aux côtés de 6 autres coaccusés dans le cadre du dossier Kamel Chikhi, alias «El Bouchi», boucher de profession, importateur de viande congelée et promoteur immobilier. L’affaire remonte à mai 2018, lorsque 700 kg de cocaïne sont saisis au port d’Oran dans un container frigorifié transportant des boîtes de viande « halal ». Le promoteur s’est aussitôt retrouvé dans le collimateur de la justice, entraînant dans sa chute bon nombre de ses « amis et connaissances ».

L’affaire avait déclenché des arrestations en série au sein de la haute hiérarchie de l’armée et l’ouverture de plusieurs enquêtes judiciaires sur le blanchiment d’argent et les privilèges accordés à Kamel Chikhi, devenu depuis l’Escobar de Kouba, en violation de la loi. Parmi eux, Khaled Tebboune dont les visites répétées dans les bureaux de l’homme d’affaires finissent par mettre la puce à l’oreille des enquêteurs. Et très vite son père, devenu entre-temps chef de l’Etat, a été affublé du surnom peu flatteur de « président cocaïne ». Difficile, en effet, de ne pas être éclaboussé par les collusions de son fils avec cette « coke en stock » qui avaient justifié sa mise en détention provisoire en juin 2018, au moment où, même dans ses rêves les plus fous, son paternel ne pouvait s’imaginer être un jour propulsé au rang de locataire du palais d’el Mouradia.

A l’audience, le parquet a, entre autres, requis 10 ans de prison ferme contre « El Bouchi » et 2 ans contre le fils du président. Certes le niveau de responsabilité n’est peut-être pas le même, mais quand on voit que le boucher risque 10 ans de tôle pendant que Monsieur fils s’en tire avec deux « petites » années -sous réserve du verdict des juges- on est en droit de se demander si cette dernière réquisition n’a pas été calibrée sur mesure pour le rejeton du premier magistrat du pays. Puisqu’ayant déjà passé 20 mois en détention provisoire, il ne lui restera que quelques mois à tirer (si les 2 ans sont finalement retenus). Il sera alors libre de ses mouvements et reprendra ses affaires là où il les avait laissées, surtout qu’entre-temps papa est devenu président.

Moins de trois mois après son arrivée au pouvoir, ce dossier constitue un test sur l’indépendance de la Justice. Et les Algériens pourront mesurer à l’aune de son évolution si les choses ont effectivement changé ou si, au contraire, elles n’ont pas changé, comme est enclin à le penser le mouvement Hirak qui vient de souffler sa première bougie. Il est vrai qu’en matière de gouvernance, de Bouteflika à Tebboune en passant par Bensalah, il n’y a rien de nouveau sous le soleil algérois.

 

H. Marie Ouédraogo

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« Pressions » sur le président Biya : Incorrigible, ce Macron !

Il est vraiment incorrigible, ce Macron ! Il a suffi qu’un Camerounais l’interpelle sur les massacres dans la partie anglophone au détour d’un stand, lors du Salon de l’Agriculture, pour que le président français arrête de tâter le cul des vaches et de goûter aux délices gastronomiques pour revenir sur ses pas et remonter, pour ainsi dire, les bretelles à Paul Biya, comme s’il n’attendait que ça.  

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Hirak un an après : Un goût d’inachevé

 

Aujourd’hui cela fait le 52e  vendredi  consécutif que les Algériens descendent dans la rue dans un mouvement de contestation inédit du pouvoir en place. Un an de revendication d’un système politique nouveau, fait de démocratie véritable, en rupture avec le régime de prédation des dinosaures du Front de libération nationale (FLN) et  de leurs affidés dans la haute hiérarchie de l’armée.

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Etablissement «gratuit» de la CNIB : Mon œil !

 

«Tout ce qui est public devrait être gratuit. L’école, les transports et les filles». Ce n’est pas moi qui le propose, même si je partage en partie cette assertion. C’est une saillie de l’artiste, comique et écrivain français Alphonse Allais. S’il ne tenait qu’à moi, dans le contexte burkinabè, il aurait pu même ajouter les actes d’état civil, notamment l’établissement de la carte nationale d’identité. En effet, la gratuité en la matière a le vent en poupe par ces temps qui courent.

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