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Limogeage ministre algérien de la Justice: C’est surtout le général Gaïd Salah qu’il faut mettre au pas

Quel crime a bien pu commettre Slimane Brahmi, le ministre algérien de la Justice ? Peut-être lui-même ne le sait-il pas, puisque le communiqué de la présidence qui l’a limogé n’en précise pas la raison ; les services du président par intérim, Abdelkader Bensalah, s’étant contentés d’indiquer que ce « décagnotage » était conforme à la Constitution. Une affirmation qui doit d’ailleurs avoir fait sourire bien des constitutionnalistes algériens puisque l’article 104 de cette même Constitution dispose que l’équipe gouvernementale en fonction au moment de la démission d’un président ne peut être remaniée jusqu’à l’élection d’un nouveau chef de l’Etat.

Il se trouve que le désormais ci-devant garde des Sceaux avait été nommé le 31 mars 2019, soit deux jours avant la démission d’Abdelaziz Bouteflika, poussé à la sortie le 2 avril, après des mois et des mois de manifestations. A quelle logique peut donc bien répondre cette mesure présidentielle manifestement inconstitutionnelle ? La raison réside sans doute dans la personnalité du remplaçant, Belkacem Zeghmati, qui venait à peine de prendre fonction au parquet d’Alger. Les Algériens se souviennent en effet de ce juge plutôt courageux, pour ne pas dire téméraire, qui avait osé émettre un mandat d’arrêt en 2013 pour corruption contre Chabib Khelil, alors tout-puissant ministre de l’Energie et surtout proche de l’ancien locataire du palais d’El Mouradia. Conséquence de ce crime de lèse-majesté, le magistrat avait été démis de ses fonctions pendant que le mandat d’arrêt était annulé pour vice de forme.

De ce point de vue, c’est donc une petite revanche personnelle à un moment où les autorités intérimaires et le patron de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, ont engagé une opération mains propres sur fond de règlement de comptes politiques qui touche nombre de dignitaires de l’ancien régime, à l’image de Saïd Bouteflika, frère et conseiller de l'ancien président, et des ex-ministres Karim Djoudi et Amar Tou.

Ce qu’on demande à Bensalah et à son co-intérimaire, ce n’est pas d’engager des poursuites à la tête du client, mais de créer les conditions d’une présidentielle transparente et de débarrasser le plancher le plus vite possible. Quitte à ce que le nouveau pouvoir organise des procès équitables si besoin est. Or là, force est de constater que les choses n’avancent pas aussi vite que les contestataires l’auraient souhaité. En réalité, s’il y a un qui aurait dû être éjecté depuis, c’est bien le général quatre étoiles, chef d’état-major mais aussi vice-ministre de la Défense, qui tire les ficelles dans l’ombre quand il ne rue pas carrément dans les brancards.

La preuve, la grande muette, pour ne pas dire son chef, a rejeté les mesures d’apaisement  proposées par le groupe des médiateurs pour lancer véritablement les discussions. Au nombre de celles-ci, la libération des personnes détenues provisoirement pour avoir brandi le drapeau berbère pendant les manifestations et l’allègement du dispositif sécuritaire  pendant les manifestations. Des propositions qui auraient pourtant reçu l’onction de Bensalah mais que le chef de l’armée qualifie de « diktat » et d’ « idées empoisonnées » de « la bande », ainsi qu’il désigne les proches de Bouteflika.

On le voit, plus que Brahmi, s’il y a quelqu’un qu’il faut mettre au pas, c’est bien ce galonné de bientôt 80 ans qui aurait dû faire valoir depuis longtemps ses droits à la retraite. A cet âge-là, c’est à se demander même ce qu’il fout encore à la caserne, si ce n’est le bordel chaque jour que Dieu fait. Alors qu’il est tout aussi comptable des dérives monarchiques de l’ancien président.

Issa K. Barry

 

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Bédié chez Gbagbo : Ce qu’ils se sont dit

La nouvelle circule depuis le 29 juillet 2019 sur les réseaux sociaux sur la rencontre des deux anciens présidents ivoiriens, Henri Konan Bédié, patron du PDCI-RDA, et Laurent Gbagbo, leader du FPI. Ladite rencontre, qui a eu lieu à Bruxelles où réside ce dernier, a été sanctionnée par un communiqué final que nous vous proposons à titre documentaire.

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Un nouveau commandant pour le G5 Sahel: Gazama sera-t-il le Zorro que tout le monde espère ?

Si l’on s’en tient à ses états de service, on peut désormais dormir tranquille. A 56 ans, le général nigérien Oumarou Namata Gazama, qui vient de remplacer le général mauritanien Hanana Ould Sidi à la tête de la force commune du G5 Sahel est présenté comme un soldat qui a crapahuté sur bien des théâtres d’opérations après avoir suivi moult formations et stages de perfectionnement en Afrique  et à travers le monde : cours de perfectionnement des officiers en France, cours d’état-major en Chine, école de guerre au Nigeria, celui qui est parti du bas de l’échelle en tant que simple soldat de 2e classe en 1985 est aussi titulaire d’un master en études  stratégiques de guerre. On doit également à cet officier de cavalerie le redressement de la situation à Bosso où il aurait infligé des pertes énormes à Boko Haram suite à la déculotté de l’armée nigérienne en 2016.

Tremblez donc, terroristes, Zorro arrive ! En réalité, il faut bien plus que ce CV impressionnant pour ramener la paix et la sécurité dans les cinq pays du G5 Sahel dont la force peine, depuis maintenant cinq bonnes années, à s’extirper des sables mouvants du Sahelistan dans lesquels elle est enlisée. Ceux qui pensaient que cette armée transnationale de 5000 hommes, née de la volonté politique de cinq Etats de prendre en charge leur propre sécurité, parviendrait très rapidement à venir à bout de l’hydre terroriste ont donc vite déchanté.

A quoi peut bien servir une armée obligée de quémander l’indispensable nerf de la guerre aux pays nantis jamais avares en promesses, même si leur engagement n’engage bien souvent que ceux qui y croient ? En février 2018  à la table ronde des bailleurs de fonds de Bruxelles, on avait pourtant pensé que le tour de table avait permis de réunir les 420 millions d’euros nécessaires à la mise en route de la machine. Las ! Le 19 juillet dernier à Ouagadougou, à l’issue de la rencontre entre la haute-représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et les ministres des Affaires étrangères des cinq pays membre du G5 Sahel, annonce avait été faite d’une aide additionnelle de 138 millions d’euros, sans qu’on sache si cette enveloppe est immédiatement disponible ou si, comme c’est souvent le cas, elle va encore se perdre dans les labyrinthes bureaucratiques de nos partenaires au développement.

 Problèmes d’argent, retard dans l’acheminement du matériel, absence de mécanisme pérenne de financement de la force conjointe, difficultés de coordination entre armées… Voilà les obstacles qui se dressent devant le G5 Sahel dont l’opérationnalisation avoisinerait les 75%. 75% dont hélas on ne voit pas l’impact sur le terrain, puisque la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader, particulièrement au centre du Mali, où violences intercommunautaires et terrorisme se nourrissent l’un de l’autre, ainsi qu’au Sahel et au Centre-Nord du Burkina où l’opération Ndofou, engagée depuis de longues semaines par les Forces de défense et de sécurité, peine à arracher cette « mauvaise herbe» (1) qui a eu le temps de s’enraciner en quatre années.

Et c’est sur ce champ de bataille que vient de débarquer le ci-devant chef d’état-major adjoint de l’Armée de terre du Niger, dont la seule nomination, on se doute bien, ne suffira pas à résoudre un problème sur lequel ses deux prédécesseurs ont buté avant lui.

Issa K. Barry

 

(1)Ndofou (déraciner en fulfulde)

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CAN 2019: Les Ecureuils sortent par la grande porte

Cette fois-ci, les Lions sont restés en travers de la gorge des Ecureuils. Jusque-là le roi de la brousse était le menu préféré des rongeurs. Mais sur ce coup, le morceau semblait plus gros à avaler. En quart de finale de la CAN 2019, les Béninois ont été sortis par les Sénégalais par le score de 1 but à 0. C’est une victoire toute logique au regard du palmarès des 2 équipes et de la physionomie du match d’hier au Caire. La vaillance était à l’attaque sénégalaise. Cependant, les protégés de Michel Dissuyer ont fait preuve d’une ténacité et d’une résistance défensive durant une bonne partie de la rencontre.

Les poulains d’Aliou Cissé poursuivent l’aventure en terre égyptienne et pour le Bénin, la belle histoire s’arrête en quart de finale. En 3 participations, les Ecureuils n’avaient jamais franchi le premier tour (2004, 2008 et 2010). Mais cette fois, malgré 3  points au compteur lors de la phase de poules, ils sont arrivés en huitième de finale puis ont sorti le Maroc d’Hervé Renard. Certains superstitieux, dans un irrationalisme sans borne, y ont vu la puissance du vodou, cette pratique occulte d’ordre cosmique issue du culte animiste dans le pays de Béhanzin.

Il faut croire que face aux Lions de la Teranga, cette magie s’est estompée. Il faut néanmoins saluer le parcours de Stéphane Sessegnon et de ses coéquipiers. C’est par la grande porte qu’ils quittent la compétition. Ce qu’il faut espérer pour eux est que ce parcours inhabituel soit le départ pour construire quelque chose de solide dans l’avenir. Pour le Sénégal, la quête du Graal se poursuit et Sadio Mané et ses camarades montrent que leur statut de favori reste intact.

Que dire de la première expérimentation de la VAR (arbitrage par vidéo assistance) ? En tout cas, elle a réglé quelques petits problèmes, minimisant les appréhensions de ses détracteurs. Tout compte fait, la VAR a réussi son examen de passage sous réserve de ce qui va se passer durant les matchs à venir.

 

Kader Traoré

 

Programme du jour

Côte d’Ivoire # Algérie à 16h

Madagascar # Tunisie à 19h

 

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Dialogue direct intersoudanais: L’UA et l’Ethiopie ont mâché le travail

Et c’est reparti pour un nouveau round de négociations au Soudan ! Enfin pas tout à fait, mais les protagonistes de la crise se rapprochent de plus en plus de la table des négociations. Hier mercredi 3 juillet 2019, les principaux responsables de la contestation ont accepté à certaines conditions une proposition des médiateurs de l’Union africaine et de l’Ethiopie de reprise du dialogue direct avec la junte au pouvoir.

On se rappelle que l’organisation panafricaine leur avait donné jusqu’au 30 juin pour accepter sa feuille de route d’une sortie négociée de la crise qui secoue le Soudan depuis la destitution le 11 avril dernier d’Omar el-Béchir après des mois et des mois de contestation. Déjà bien engagés, les pourparlers pour une gestion concertée de la Transition avaient été suspendus le 29 mai lorsque l’Alliance pour la liberté et le changement et les hommes forts du moment ont voulu accaparer la gestion du pouvoir durant cette période transitoire de trois ans.

Voilà quelque 45 jours que le fil du dialogue a été coupé pour laisser la place à une vague de répression féroce. D’abord le 3 juin, quand les croquants qui avaient posé leurs pénates devant le quartier général de l’armée ont été dégagés manu militari. Bilan, d’innombrables blessés et une centaine de morts dont certains ont été repêchés dans le Nil. Et pas plus tard que le 30 juin, une autre expédition punitive contre des civils aux mains nues faisait plus de 10 morts. Chaque fois le général Abdel Fattah al-Burhan s’en est lavé les mains alors que tout semblait indiquer que les sicaires du pouvoir, notamment les éléments de la milice paramilitaire des Forces de soutien rapide, en étaient les auteurs.

Maintenant que le principe du dialogue direct est acté, il faut espérer que les Soudanais de tout bord parviendront à un terrain d’entente pour ne pas s’embarquer, comme le craint déjà l’ALC, dans « des négociations sans fin ».

Le texte conjoint Union africaine Ethiopie propose, rappelons-le, un conseil souverain de 15 membres avec une majorité de civils, une présidence du conseil tournante entre militaires et civils tous les 18 mois. Le gouvernement sera, quant à lui, exclusivement constitué de technocrates, donc pas de politiques. Son chef sera choisi par l’opposition. Les ministres de la Défense et de l’Intérieur seront quant à eux désignés par le Conseil militaire de Transition. Autre nœud gordien qu’il reste à trancher, l’épineuse question du Parlement de transition, un des points qui avaient créé le blocage et dont les médiateurs proposent qu’il soit examiné ultérieurement. A chaque jour suffit sa peine.

Des propositions on ne peut plus concrètes destinées surtout à ménager la chèvre kaki et le chou civil. Cette fois, la feuille de route est bien balisée. Il faut maintenant espérer que ceux qui la suivront éviteront tout écart de conduite pouvant mener à une nouvelle impasse.

 

H. Marie Ouédraogo

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Mauritanie : Ghazouani va-t-il enjamber des morts pour aller à la présidence ?

 

Un vainqueur autoproclamé avant l’annonce des résultats officiels ; des sièges de partis sous scellés ; Internet totalement coupé ; des véhicules de la police et de l’armée lourdement armés postés devant des lieux stratégiques ; des militaires interdisant l’accès à certaines zones. La capitale mauritanienne offre depuis dimanche l’image d’une ville en état de siège.

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Crise au Soudan: Les nouvelles négociations s’annoncent difficiles

Nouvel épisode dans la crise politique qui secoue le Soudan. Après plusieurs tentatives de négociation, les protagonistes ont trouvé un nouveau modus vivendi. Un pas de plus vers la sortie, mais encore très loin d’une solution définitive. En effet, au terme de son séjour à Khartoum, le représentant du Premier ministre éthiopien s’est montré optimiste. Le Comité militaire de transition (CMT) et l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC) ont promis de reprendre les discussions pour la mise en place d’une transition consensuelle après la chute d’Omar el-Béchir. Des pourparlers laborieux interrompus par le massacre, le 3 juin dernier, de manifestants pacifiques. Un drame qui fut suivi d’un chapelet d’oukases martiaux : annulation de tous les accords obtenus jusque-là, arrêt des négociations avec les civils, annonce d’un scrutin d’ici 9 mois et formation d’un gouvernement, le tout sous une chape toute militaire. En réponse, les civils brutalement mis sur la touche ont riposté dès le lendemain par une campagne de désobéissance civile, paralysant davantage une capitale qui, depuis des mois déjà, vivait au ralenti.

Ainsi, la médiation éthiopienne aura au moins accompli l’exploit de faire lever le mouvement de désobéissance civile. En contrepartie, les militaires ont accepté de faire libérer tous les prisonniers politiques. Hier mercredi, les Soudanais ont donc été appelés à reprendre le travail. Pour combien de temps ?

S’il faut se féliciter de cet accord, le Soudan est encore loin de la mise en place d’un gouvernement consensuel pour diriger la transition jusqu’aux prochaines élections. En effet, si le médiateur éthiopien a annoncé la reprise prochaine des négociations, les insurgés de Khartoum ne l’entendent pas de cette oreille, eux qui parlent plutôt de reprise des discussions et non de négociations. De plus, ils réclament, entre autres, le rétablissement d’Internet ainsi que le retrait des milices paramilitaires, dont la très redoutée FSR, celle-là même qui n’avait pas hésité à ouvrir le feu sur des manifestants aux mains nues. A ce sujet, les insurgés exigent une enquête indépendante. Mais surtout, ils annoncent pour bientôt la publication de la liste des membres de leur propre instance dirigeante ainsi que le nom d’un Premier ministre. C’est là que le bât risque de blesser, puisque de son côté le CMT, dirigé par le général Abdel Fatah al-Burhan, entend rester maître du Soudan jusqu’à l’organisation de nouvelles élections.

Autant dire qu’on est toujours loin d’une sortie de crise. Les nouvelles négociations, si jamais elles se tiennent, s’annoncent difficiles et il faudra au diplomate éthiopien un surcroît d’entregent pour amener les deux parties à parler le même langage, celui d’une transition consensuelle.

 

H. Marie Ouédraogo

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