Menu
Regard sur l'actualité

Regard sur l'actualité (649)

Mort présumée du chef de Wagner: Poutine a-t-il abattu son chien de guerre ?

Mort ? Pas mort ? La question demeurait sans réponse définitive au moment où nous tracions le présent éditorial consacré au cofondateur du groupe paramilitaire russe Wagner.

Alors qu’il y a à peine trois jours de cela Evgueni Prigojine apparaissait arme au poing dans une vidéo et déclarait se trouver en Afrique avec ses hommes, voilà qu’une information qui a vite fait le tour du monde annonçait hier sa disparition.

Selon plusieurs agences de presse russes, le « cuisinier de Poutine » se trouvait à bord d’un de ses jets privés qui a craché dans la région de Tver alors qu’il ralliait Saint-Pétersbourg en provenance de Moscou.

Au bord de l’appareil  en flammes qui a fini sa course dans un champ, se trouvaient, selon les autorités, 9 autres personnes dont l’autre patron de Wagner, Dmitri Outkine.

Alors que beaucoup cherchaient à confirmer ou en savoir davantage sur ce crash dont les images présumées avaient commencé à faire le tour de la toile, une autre information venue cette fois des réseaux proches de Wagner parlait d’un second avion à bord duquel se trouvait Prigojine et qui aurait fait demi-tour vers Moscou.

Face à ces deux versions contradictoires, c’était hier le branle-bas de combat dans les grandes rédactions afin d’obtenir un scoop soit annonçant la mort du fantasque chef de Wagner ou pas.

Dans tous les cas, avec ce jet privé qui s’est écrasé avec le commandement du célèbre groupe de mercenaires, difficile de croire à une éventuelle thèse accidentelle d’autant plus que l’on a toujours en mémoire son éphémère rébellion en fin juin dernier contre le pouvoir central.

L’imprévisible Prigojine avait donné l’ordre à ses hommes de marcher sur la capitale avant de se rebiffer 24h après, à l’issue d’une médiation menée par le président biélorusse Alexandre Loukachenko.

Il est vrai qu’après cet affront fait au nouveau Tsar de la Russie, l’ancien repris de justice semblait curieusement être toujours dans les bonnes grâces du maître du Kremlin, allant même jusqu’à faire quelques apparitions remarquées lors du sommet Russie-Afrique qui s’est tenu les 27 et 28 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg.

Mais connaissant la logique du pouvoir russe, il ne serait pas étonnant que Vladimir Poutine ait fait sien cet adage qui dit que la vengeance est un plat qui se mange froid. Et si la mort de son chien de guerre venait à être confirmée, cela n’étonnerait pas grand monde dans la mesure où il avait démontré lors de sa marche sur Moscou que le monstre qu’il était pouvait échapper à tout moment à son créateur.

La question serait de savoir si le groupe de barbouzes allait survivre à l’élimination ou à la mort accidentelle de ses chefs. Une interrogation particulièrement lancinante en Afrique où Wagner est présent, notamment en Centrafrique et au Mali où il soutient les régimes en place en contrepartie d’une main mise sur les ressources minières telles le diamant et l’or.

Poutine va-t-il profiter du fait que la tête de Wagner est coupée pour l’enterrer définitivement ou va-t-il faire une OPA sur l’entreprise de mercenaires en nommant de nouveaux chefs dont il est sûr de la loyauté ? Les jours à venir nous situeront.

 

 

Hugues Richard Sama

En savoir plus...

Option militaire de la CEDEAO au Niger: Coup de semonce de l’Union africaine

Tic-tac ! Depuis le 26 juillet 2023, date à laquelle le chef de l’Etat nigérien Mohamed Bazoum a été renversé par sa garde présidentielle, plus le temps passe, plus la junte qui dirige le pays depuis renforce son assise et, surtout, voit le spectre d’une intervention militaire contre elle s’éloigner.

En effet, depuis que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans la foulée des lourdes sanctions économiques et financières jamais prises jusque-là contre un Etat membre, a menacé d’user de la force pour chasser le nouvel homme fort du pays, le général Abdourahamane Tchiani, des voix de plus en plus discordantes se font entendre. En plus du Burkina, du Mali et de la Guinée Conakry, tous dirigés par des militaires, il y a l’Algérie et le Tchad, frontaliers du pays d’Hamani Diori, qui ont affirmé depuis leur désapprobation de toute intervention armée à leurs portes. Et pour cause !

Bien d’autres Etats africains, des organisations internationales, des parlementaires ainsi que des leadeurs coutumiers et religieux de la région ont exprimé leur crainte d’une déstabilisation de tout le Sahel en cas de déploiement de la force d’attente de la CEDEAO.

Sans qu’on sache véritablement si l’intervention militaire annoncée aura finalement lieu ou pas, voilà que l’Union africaine (UA), à travers son Conseil de paix et de sécurité (CPS), qui s’est réunie le 14 août dernier, a fait elle aussi part de son refus du recours à la force pour déloger les putschistes. Une décision qui devait être consignée noir sur blanc dans un communiqué officiel attendu hier.

Tout en excluant provisoirement le Niger de ses instances, le CPS a réaffirmé son attachement à une solution diplomatique pour un retour à l’ordre constitutionnel normal. Autant dire que c’est un bouclier de taille pour la junte dans son bras de fer contre la CEDEAO.

Ce niet de l’organisation panafricaine intervient alors que les chefs des armées de la CEDEAO doivent tenir aujourd’hui et demain, dans la capitale ghanéenne, un conseil de guerre pour discuter des scénarii d’une probable intervention.

Le refus de l’UA de bénir un coup de force va-t-il influer sur l’ordre du jour du conclave d’Accra ?

En tout état de cause, le dernier mot reviendra aux chefs d’Etat de la CEDEAO avec à leur tête le Nigérian Bola Tinubu, actuel président en exercice de la conférence des chefs d’Etat.

Certes, selon le principe de subsidiarité, l’organisation sous-régionale n’est pas obligée de se soumettre aux décisions d’Addis-Abeba, mais on voit mal les soldats nigérians, ivoiriens, béninois et autres foncer sur Niamey sans la caution morale de l’UA et sans la coopération de certains pays limitrophes du Niger farouchement opposés à toute intervention. Si, malgré tout, le « général Tinubu » devait donner le feu vert à ses troupes, ce serait envers et contre tous.

Mais une solution négociée commanderait que le CNSP, le nouvel organe dirigeant du Niger, fasse de son côté preuve de plus d’ouverture au dialogue. Ce qui n’est manifestement pas le cas, avec ses multiples refus de recevoir les médiateurs de la CEDEAO ou sa décision de poursuivre le président Mohamed Bazoum pour haute trahison.

 

Hugues Richard Sama

En savoir plus...

Mouvement d'humeur garde présidentielle: Bazoum dans les eaux troubles du fleuve Niger

La démocratie nigérienne vacille de nouveau.

Hier, aux premières lueurs du jour, des éléments de la Garde présidentielle dirigée par le général Omar Tchiani, ont barricadé le périmètre du Palais.

Très vite, des rumeurs sur une tentative de coup d’Etat ont circulé derrière ce qu’on a d’abord présenté comme un simple mouvement d’humeur des soldats. Pour quelles raisons ? Pour quelles revendications ? Le président Mohamed Bazoum paye-t-il sa trop grande proximité avec les Occidentaux, particulièrement la France, en délicatesse avec les militaires au pouvoir à Bamako et à Ouaga et contre lesquels il n'a jamais ménagé ses critiques ? Jusqu’à ce mercredi en fin de journée, on nageait toujours dans un grand flou, alimenté par de nombreuses informations contradictoires, et bien malin qui pouvait dire comment la situation évoluerait.

 

Un communiqué de la Présidence a fait état d’un « mouvement d’humeur anti-républicain d’éléments de la garde présidentielle qui ont tenté en vain d’obtenir le soutien des forces armées nationales et de la Garde nationale ». Un post qui sera rapidement supprimé sur Facebook.

Pourquoi la publication a été retirée ? On se perd en conjectures.

Toujours est-il que très rapidement, les condamnations sont venues de toutes parts, émanant notamment de l’Union européenne (UE), de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette dernière a demandé dans un communiqué que le chef de l’Etat nigérien soit immédiatement libéré. Ce qui laissait entendre que le président Bazoum n’était pas libre de ses mouvements.

Le président en exercice de l’organisation sous-régionale, le Nigérian Bola Tinubu, a également dépêché sur place son chef d’état-major général des armées et le chef des renseignements, qui ont été rejoints par le président béninois, Patrice Talon, pour une tentative de conciliation.

Mouvement d’humeur, tentative de coup d’Etat ou autre, on ne peut que déplorer cette intrusion d’un groupe de militaires dans le fonctionnement normal des institutions. Un groupe qui avait d’ailleurs en face de lui un autre groupe fidèle au premier magistrat nigérien.

Après le Mali, le Burkina, il ne manquerait plus que le Niger, à son tour, tombe dans ce péril kaki qui est devenu le mal commun des pays confrontés au terrorisme depuis une bonne décennie et où on vient ajouter une instabilité politique à une situation sécuritaire déjà préoccupante. Le Niger qui semble, quoi qu’on dise, en meilleur état que ses deux voisins d’infortune n’a vraiment pas besoin de ça.

Passe encore si les soldats redresseurs de torts parvenaient à améliorer la situation qui a servi de prétexte à leur prise du pouvoir par la force. Mais avec ce qu’on voit pour le moment, on est à tout le moins fondé d’avoir de sérieux doutes.

Espérons que les démocrates et républicains nigériens auront le dessus et que les loyalistes feront pièce à ces velléités de déstabilisation d’un régime démocratiquement élu.

Hélas, ce n’est pas la première fois que le pays d’Hamani Diori est confronté à ce genre de situations. Sans remonter à Mathusalem, on se rappelle que pas plus tard qu’en mars 2021, à seulement deux jours de la passation de charges entre le président sortant Mahamadou Issoufou et l’actuel, Mohamed Bazoum, une tentative de putsch avait été tuée dans l’œuf et une cinquantaine de militaires arrêtés.  5 mois à peine après le verdict qui avait abouti à des condamnations allant jusqu’à 20 ans de prison ferme, voici que le pays veut à nouveau replonger dans l’inconnu.

 

Hugues Richard Sama

En savoir plus...

Sanctions américaines contre des officiels maliens : Wagner, Blackwater…à chacun ses mercenaires

Cette fois-ci, c’est au sommet que les Etats-Unis ont frappé. Quelque temps après avoir pris des sanctions contre des responsables de Wagner sur les bords du Djoliba, le Trésor américain a décidé hier de viser trois piliers de l’armée malienne à Bamako.

En savoir plus...

Mali, Burkina et Guinée: La CEDEAO colle aux « Talon » des 3 transitions

Bola Tinubu n’aura pas perdu de temps. Neuf jours après le dernier sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui s’est tenu à Bissau, le nouveau président en exercice de l’organisation, et tout nouveau président du Nigeria, a convoqué les membres de la troïka pour un mini-sommet consacré au suivi du conclave de la semaine dernière.

Le Nigérian avait à ses côtés ses homologues béninois, Patrice Talon, et bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, à qui s’est joint le chef de l’Etat nigérien, Mohamed Bazoum.

Lors de cette rencontre de la troïka+1 tenue le mardi 18 juillet dernier à Abuja, les chefs d’Etat ont décidé de « réengager les trois Etats membres, Mali, Burkina et Guinée, au plus haut niveau » et d’envoyer en mission le « numéro un béninois » auprès de ces trois transitions. Une mission au sommet sans pour autant mettre sur la touche les médiateurs Goodluck Jonathan, Mahamoudou Issoufou et Yayi Boni, qui géraient respectivement les transitions malienne, burkinabè et guinéenne.

On se rappelle que lors de la dernière conférence des chefs d’Etat de l’organisation sous-régionale, le chef de l’Etat nigérian avait eu des mots assez durs contre les changements anticonstitutionnels, promettant de faire en sorte qu’il n’y ait plus de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest.

C’est donc dans le droit fil de cette ligne de conduite que Patrice Talon doit se rendre à Bamako, Ouaga et Conakry. Pour le moment, ni la date, ni la durée, encore moins les objectifs de sa mission ne sont connus. Tout au plus sait-on que « la CEDEAO restera attachée à des transitions rapides, à des processus électoraux inclusifs et au respect des chartes des transitions. » Autant dire que l’envoyé spécial de Tinubu aura du grain à moudre, dans la mesure où les trois pays sont engagés dans des transitions pour le moins incertaines.

Certes le Mali a organisé un référendum constitutionnel le 18 juin 2023, mais bien malin qui pourrait dire à cette étape si le délai de février-mars 2024 pour la tenue des élections générales et le retour à une vie constitutionnelle normale sera respecté. Idem pour le Burkina, dont la transition est censée prendre fin en juillet 2024.

Mais à Bamako comme à Ouagadougou, on entend certaines voies plus ou moins officielles conditionner la tenue du scrutin au retour de la sécurité et à la reconquête du territoire.

Concernant la Guinée, après avoir traîné les pieds pendant de longs mois, le colonel Mamady Doumbouya s’est finalement engagé à remettre le pouvoir aux civils en début d’année 2025.

Dans ces trois pays, les transitions avancent à un train de sénateur. Et vu les postures qui sont celles des putschistes, on peut se risquer à dire que le soldat Talon s’embarque dans une mission pour le moins incertaine.

On a bien peur en effet que l’envoyé spécial de Tinubu ne prêche dans un désert où il a peu de chances d’être entendu par des officiers rétifs, particulièrement sourcilleux sur leur souveraineté et dont les partisans rappellent à l’envi que la CEDEAO est souvent absente quand se nouent les crises, qu’elles soient sécuritaires ou liées aux modifications constitutionnelles et qu’on ne la voit que lorsque le mal est déjà fait. Un médecin donc après la mort, comme on l’en accuse régulièrement, et qui serait, de ce fait, très mal placé pour faire des injonctions à des Etats qui se battent pour s’en sortir.

 

Hugues Richard Sama

En savoir plus...

Birame Souleye Diop inculpé au Sénégal: Opposant, donc intouchable ?

C’est une nouvelle affaire dans l’affaire.

Après avoir été gardé à vue, Biramane Souleye Diop, député de l’opposition sénégalaise, a été formellement inculpé le mardi 11 juillet 2023 pour « offense au chef de l’Etat et actes de nature à compromettre la paix publique ». En cause, ses propos tenus au lendemain de la décision du président Macky Sall de renoncer à briguer un troisième mandat à la présidentielle de février 2024.

Le président du groupe parlementaire de la coalition de Yewwi Askan Wi avait en effet déclaré au cours d’une conférence de presse : « J’avertis les prochains candidats de l’APR (Ndlr : le parti au pouvoir) : évitez de manger chez lui (Ndlr : Macky Sall), évitez de boire son eau, il est capable de vous empoisonner et de dire : comme nous n’avons plus de candidat, je reviens. Et de le faire à la Ouattara. Prenez garde ! » L’opposant faisait allusion à la mort du Premier ministre ivoirien et candidat annoncé du parti au pouvoir à la présidentielle, Amadou Gon Coulibaly, le 8 juillet 2020. Les méchantes langues y avaient vu un empoisonnement.

C’est cette comparaison qui vaut aujourd’hui à celui qui est également le numéro 2 du PASTEF, le parti d’Ousmane Sonko, ses ennuis judiciaires.

Il n’en fallait pas plus pour que les contempteurs de Macky Sall montent de nouveau au créneau au prétexte que l’incriminé est victime de « l’intolérance et l’intransigeance d’une justice punitive et instrumentalisée » ; le même refrain seriné depuis deux ans avec les procès successifs d’Ousmane Sonko, d’abord pour diffamation sur la personne du ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, et ensuite pour une histoire de viol présumé sur l’employée d’un salon de massage, Adji Sarr.

Les camarades de l’élu pestent surtout contre la violation de  l’immunité parlementaire du député-maire de Thiès-nord

Certes, on peut s’interroger sur les procès qui frappent depuis le début de son mandat les principaux opposants du président sénégalais, de Karim Wade à Biramane Souleye Diop, en passant par Khalifa Sall, Barthelemy Dias et Ousmane Sonko.

Cela dit, ce n’est pas parce qu’on est opposant qu’on doit tout se permettre. Le statut d’opposant autorise-t-il, les injures ? Peut-on diffamer sans conséquence parce qu’on est juste de l’opposition ?

Ce sont là autant de questions qui appellent la responsabilité de ceux qui aspirent à gérer le pouvoir d’Etat et qui devraient plus que quiconque savoir qu’il faut tourner sa langue plusieurs fois avant de parler, au lieu de se barricader systématiquement derrière l’argument un peu trop facile de l’instrumentalisation de la justice.Ils sont des justiciables comme les autres qui doivent répondre de leurs actes.

C’est bien connu, en droit, nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes, et en l’espèce, plutôt que de jeter l’anathème sur le premier magistrat sénégalais et ses juges présumés acquis, ses contempteurs devraient avoir au moins l’humilité et l’honnêteté de reconnaître leurs propres erreurs. Bien souvent, ce sont eux qui tressent la verge avec laquelle on les bat.

 

Hugues Richard Sama

En savoir plus...
S'abonner à ce flux RSS