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Nouveau gouvernement sénégalais: Difficile casting pour le «changement systémique»

Les choses sont allées très rapidement, preuve que pour les nouvelles autorités sénégalaises «tout est urgent», comme on dirait au Burkina, et qu’il n’y a pas un seul instant à perdre.

Sitôt investi et après avoir sacrifié à la passation de charges avec son prédécesseur, Macky Sall, le nouveau président a, dans la nuit du 2 avril, nommé son Premier ministre. Sans surprise, il s’agit d’Ousmane Sonko. On se rappelle que Bassirou Diomaye Faye, à peine élu, avait laissé entendre  dans une interview qu’il n’avait rien promis à son mentor, quand ce dernier, au contraire, disait qu’il n’était pas question de laisser le nouveau chef de l’Etat supporter seul cette lourde charge et qu’il fallait l’épauler. Voilà qui est fait et le patron du PASTEF, qui avait dû renoncer à ses ambitions présidentielles en raison de ses ennuis judiciaires,  devient donc le chef du gouvernement de celui qu’il a mis en avant, au risque que les Sénégalais aient un fauteuil pour deux présidents. Bien malin qui pourra dire comment cet attelage va fonctionner dans les semaines et les mois à venir. Il faut espérer qu’ils ne vont pas tirer à hue et à dia et qu’ils mettront en musique, comme un duo, le projet  de société qu’ils ont concocté ensemble. 

Restait la formation du gouvernement qu’on attendait jusqu’à hier en début de soirée. Une liste  fantaisiste a certes circulé dans le courant de la journée sur les réseaux sociaux, mais un œil exercé pouvait très rapidement se rendre compte de la duperie.

Qui d’autre pour former cette première équipe Diomaye, ou Sonko, c’est selon? D'abord annoncée pour la journée d'hier la composition de l’équipe n'était toujours pas connue en début de soirée, preuve sans doute que le casting et les réglages se sont avérés plus compliqués que prévu. Ce qui laissait libre cours aux spéculations.

Une chose est sûre, le partage des maroquins après une victoire est toujours une question délicate pour ne pas dire un véritable casse-tête  politique et les nouvelles autorités sénégalaises ne semblent pas avoir échappé à cette règle.

La coalition Diomaye président revendiquait plus de cent partis et mouvements qui se sont agrégés autour du PASTEF pour rendre possible la victoire du 24 mars dernier. Il faudra donc, dans la mesure du possible, contenter tout le monde et son père, comme on dit, sans tomber pour autant dans l’inflation gouvernementale. Une véritable quadrature du cercle s’il en est qui va forcément laisser sur le carreau de nombreux déçus.

Le nouveau gouvernement sénégalais devrait  en tout cas symboliser le «changement systémique» voulu par le nouveau locataire du palais de la République. On ne serait donc pas étonné qu’il y ait une large part réservée à des technocrates sans affiliation politique  ou à de jeunes pousses du paysage politique sénégalais.

Quid du Parti démocratique sénégalais (PDS)? Comme on le sait, le parti des Wade, père et fils, avait apporté son soutien  dans les derniers jours  de la campagne à celui qui allait devenir le cinquième président du pays de Léopold Sédar Senghor. Et on imagine qu’ils sont en droit de s’attendre à récolter les dividendes politiques de ce soutien. La question reste cependant de savoir si c’est Karim lui-même, ancien «ministre du ciel et de la terre» du temps où son père était aux affaires, qui va mouiller le maillot et à quel niveau ou si le parti de l’ancien président laissera sa chance à d’autres figures un peu moins connues. Ce sont là autant de conjectures qui trouveront très rapidement réponse dans les heures qui suivent si ce n’est même déjà fait au moment où vous lisez ces lignes.

 

Hugues Richard Sama

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