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Présidentielle gabonaise : En route pour la régularisation de la situation du général Nguema

S’il y a une décision du dernier conseil des ministres du gouvernement gabonais qui a retenu l’attention au-delà des frontières du pays, c’est assurément la fixation de la date de l’élection présidentielle. Annoncée pour le 12 avril prochain, c’est la dernière pièce du puzzle de la nouvelle donne politique en cours au pays de Léon Ba depuis que l’armée, cornaquée par le général Brice Oligui Nguema a destitué Ali Bongo Odimba, le 29 août 2023.

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Manifestations au Nigeria: Le président Tinubu a-t-il prêché dans le désert ?

Après 3 jours de manifestations de rues qui ont fait 7 à 13 morts et se sont soldées par environ 700 arrestations, selon les sources, le président du Nigeria est sorti de son silence. Dimanche dernier, dans une allocution diffusée en direct par les radios et télévisions publiques, le ‘’faiseur de rois‘’ devenu ‘’roi’’ est monté au créneau contre les manifestants, mettant en avant les acquis et les bonnes perspectives de sa politique économique.

 

Parmi les mesures prises pour sortir de la crise économique, il a cité le plus que doublement du Smig, le programme de prêt aux étudiants, la compensation d’obligation de change en cours avec un soutien d’environ 5 milliards de dollars US, la mise en place de facilités pour les crédits à la consommation (consumer credit coorporation) avec un fonds de 200 milliards de nairas, les allocations de 570 milliards de nairas à chaque Etat pour accroître le soutien aux ménages les plus vulnérables, ainsi que les mesures de soutien aux micro, petites, moyennes et grandes entreprises par des crédits à faible taux (moins de 10%) d’1 million à 1 milliard de nairas, etc.

 

Ce discours présidentiel, si renseigné soit-il, n’a pas convaincu les leaders du mouvement de contestation, qui n’ont d’yeux que pour leurs ‘’Take it back’’ ou leur ‘’End bad governance’’, traduisez, « oui au retour à la subvention à l’électricité et aux hydrocarbures et non à la mal gouvernance ». Les mécontents mettent à l’index également la rareté des produits vivriers et demandent la diminution des taxes pour en faire baisser les coûts. Le principal leader du mouvement de protestation a donc soutenu que le président Tinubu n’avait pas entendu leur message et que les manifestations se poursuivraient, car il n’a annoncé aucune mesure contre la vie chère et la mal gouvernance.

 

Comme pour lui répondre, l’inspecteur général de la police nigériane a déclaré que le gouvernement pourrait faire appel à l’armée, non sans ajouter qu’‘’il ne doit plus y avoir de rassemblement… tout rassemblement de ce type (contestataire) est illégal et illicite… Nous allons appliquer toute la rigueur de la loi’’. La police est donc dans la logique du gouvernement et du président Tinubu qui a, dans son discours, réaffirmé son rôle de garant de la Constitution, du maintien de l’ordre, de la sécurité des personnes et des biens. Dans cette logique, il appelle à la fin des manifestations pour ‘’créer un espace de dialogue’’.

 

Sera-t-il entendu ? En tout cas hier lundi a été une journée relativement calme dans les principales villes du pays. Mais des analystes appellent à la prudence, car ce calme pourrait annoncer une autre vague de manifestations. Mais peut-être bien qu’à l’exemple de l’Ouganda, qui a su étouffer ses croquants en moins d’une semaine, les autorités nigérianes sont sur le point de calmer la colère de la rue. Tant mieux si c’est le cas, car la région ouest-africaine, durement éprouvée par les attaques terroristes au Sahel, n’a certainement pas besoin d’un autre pôle d’instabilité.

 

En montant au créneau, le président Bola Tinubu a-t-il repris la main et l’initiative de terrain aux contestataires ? On attend de voir.

 

Zéphirin Kpoda

 

 

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Sanctions de la CEDEAO contre le Niger: Quand des «hors-la-loi» réclament justice

On ne sait pas si elles y croient vraiment ou si c’est juste pour marquer le coup, mais les autorités nigériennes ont décidé d’attaquer la CEDEAO...devant la Cour de justice de la CEDEAO elle-même.

Mardi 21 novembre 2023 en effet, la juridiction sous-régionale a examiné une plainte de l’Etat du Niger contre les chefs d’Etat membres de l’institution.

Le casus belli ? La prise de sanctions commerciales et financières drastiques suite au coup de force du général Abdourahamane Tchani qui a renversé le 26 juillet dernier le président Mohamed Bazoum.

Les plaignants invoquent notamment les graves conséquences sociales et économiques pour les populations, avec notamment l’augmentation des prix des produits de première nécessité de 15% en moyenne, le ralentissement de l’activité bancaire, sans oublier la fourniture d’électricité que le Nigeria voisin a coupée dès le putsch, privant le pays de plus de 75% de ses besoins en électricité.

La société nigérienne d’électricité, Nigelec, a d’ailleurs évalué le préjudice à plus de 6 milliards de francs CFA. C’est donc pour toutes ces raisons que Niamey estime être en droit d’attaquer ceux qui ont pris la lourde responsabilité de mettre en branle cette batterie de mesures qui a asphyxié du jour au lendemain l’activité économique du pays. Mais si les effets de ces sanctions sont bien réels, on peut se demander qui sont les premiers responsables de la précarité dans laquelle baignent en ce moment les Nigériens, entre ceux qui ont poussé à la  prise de sanctions en entrant par effraction sur la scène politique et ceux qui les ont décidées.

Un autre question, plus pratique celle-là : le Niger étant suspendu des instances de la CEDEAO, ses autorités n’étant pas reconnues peuvent-elles ester en justice devant les instances de cette même CEDEAO?

Pour les avocats de l’organisation sous-régionale, cette question  ne mérite même pas d’être posée, du fait justement de l’illégitimité du nouvel homme fort de Niamey.

L’affaire est d’autant plus cocasse que devant cette même juridiction pend un autre dossier impliquant l’Etat du Niger, dossier qui vise le retour à l’ordre constitutionnel normal et la remise en selle du président Mohamed Bazoum. Cette éventualité, le général président s’y oppose depuis maintenant quatre mois.

Dans ces conditions, on voit mal sa requête prospérer. On imagine d’ailleurs difficilement les juges communautaires désavouer de la façon la plus criarde les chefs d’Etat membres, quand bien même la Cour de justice serait censée être indépendante. Mais indépendance pour indépendance, il y a certainement des limites politiques qu’ils se garderaient de franchir. Cela dit, ce n’est pas la première fois qu’un Etat intente une action en justice contre les sanctions de la CEDEAO. Ce fut  en effet le cas du Mali en février 2022. Pour dire vrai, tout cela ressemble plus à un gag judiciaire qu’à autre chose.

 

 

Hugues Richard Sama

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Paul Kagamé à nouveau candidat: Un règne aussi long que le longiligne de Kigali

Ce n’est pas vraiment une surprise, on s’en doutait un peu. Mais  c’est désormais frappé du sceau officiel. A la faveur d’une de ses exclusivités régulières avec Jeune Afrique et son ami François Soudan, le président rwandais Paul Kagamé a en effet annoncé qu’il comptait briguer un quatrième mandat lors de l’élection présidentielle d’août 2024.

Arrivé au pouvoir après le génocide qui a fait 800 000 morts entre avril et juillet 1994 et après avoir écarté pasteur Bizimungu, président postiche qui a dirigé le pays entre 1994 et 2002, l’ancien chef rebelle est devenu le seul maître du navire battant pavillon rwandais qu’il dirige en réalité depuis bientôt 30 ans. Et il n’est pas prêt de débarquer, bien au contraire. Cette nouvelle candidature après celles de 2000, 2010 et 2017 a en effet été rendue possible par la réforme constitutionnelle de 2015 qui lui laisse la liberté de rester au pouvoir jusqu’en 2034. Si tout se passe bien, il aura alors 77 ans dont 40 années passées au pouvoir. A moins qu’un obstacle biologique l’en empêche, on ne voit pas ce qui peut arrêter «l’homme mince» de Kigali qui est parti pour un règne aussi interminable que sa silhouette longiligne.

Paul Kagamé symbolise à lui seul cette espèce de géométrie variable non seulement des puissances occidentales, pour ne pas dire impérialistes, mais aussi des panafricanistes à tous crins. On l’a encore vu récemment à la faveur des nombreux putschs qui ont émaillé le continent. 

Pendant que certains sont  tolérés et même soutenus à l’image de Mahamat Idris Déby  qui a hérité du pouvoir de papa tombé au front et du général Brice Clotaire Oligui Nguéma au Gabon, d’autres dirigeants qui ont commis les mêmes péchés sont considérés comme de véritables pestiférés à l’image des militaires à la tête des juntes sahéliennes en ce moment, le général Abdourahamane Tchiani au Niger, le capitaine Ibrahim Traoré au Burkina et le colonel Assimi Goïta au Mali. Chose qui nourrit d’ailleurs le ressentiment vis-à-vis de certaines puissances, notamment la France et qui montre que le souci de la communauté internationale n’est peut être pas vraiment la promotion de la démocratie et des droits de l’homme mais d’autres intérêts inavoués. Cela vaut non seulement pour les putschs  militaires mais aussi pour les coups d’Etat constitutionnels dont l’Afrique est malheureusement coutumière. A ce propos, on a le sentiment qu’on pardonne à peu près tout à certains dirigeants. Ce qu’on a refusé à certains chefs d’Etat comme Blaise Compaoré, Alpha Condé, Alassane Ouattara, et qui a été pour certains le motif de leur départ forcé du pouvoir, on le concède à Kagamé qui lui sera à son quatrième mandat.

La communauté internationale qui a peut-être beaucoup de choses à se reprocher dans la survenue et l’exécution du génocide ferme, elle, les yeux sur les violations des droits de l’homme, les privations des libertés individuelles et collectives et même les assassinats ciblés d’opposants en exil en Afrique du Sud ou au Mozambique.

Ce deux poids, deux mesures n’a rien de nouveau. De tout temps, au gré de leurs intérêts du moment,  les Occidentaux ont soutenu et même porté à bout de bras de véritables satrapes qui martyrisaient leur peuple. Paul Kagamé a d’ailleurs bon ton d’affirmer que ceux qui veulent dupliquer ailleurs leur modèle démocratique sont eux-mêmes antidémocratiques.

Dans son interview, le dirigeant rwandais n’a pas manqué de mettre en garde également ses opposants, notamment Paul Rusesabagina. L’homme dont l’histoire vraie a inspiré le célèbre film Hotel Rwanda a été condamné en 2021 à 25 ans de prison pour terrorisme avant d’être finalement gracié et exilé aux Etats-Unis. «Peu importe ce dont nous avions convenu en coulisses, là où il se trouve aujourd’hui, cet individu a repris ses anciennes méthodes. Nous verrons comment gérer cela plus tard», a prévenu Paul Kagamé.

Paul Rusesabagina sait donc ce qui lui reste à faire : la boucler et se tenir à carreau s’il ne veut pas subir le même sort que d’autres avant lui.

A la décharge du numéro 1 rwandais, si c’est vraiment une décharge, il faut lui reconnaître le mérite d’avoir fait progresser considérablement son pays sur les plans socio-économique et environnemental, chose qui lui vaut des lauriers que même ses pires détracteurs lui reconnaissent volontiers. Mais cela devrait-il être une excuse absolutoire ? Pour certains en tout cas, on peut bien être un autocrate bon teint, pourvu que les chiffres en matière d’éducation, d’accès à l’eau potable, de santé, soient bons. C’est là un paradoxe bien africain.

 

Hugues Richard Sama

 

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Niger : On tire ou on ne tire pas ?

 

Attention, faites vos jeux, rien ne va plus ! Nous ne sommes pas dans un casino, avec tables et roulettes. Mais l’image s’y prête quelque peu pour décrire le suspense, l’incertitude, pour ne pas dire l’attente angoissée de la suite que la CEDEAO va donner à son ultimatum à l’encontre du général Tchiani et du Conseil national de la sauvegarde de la patrie (CNSP). En effet, la petite semaine que l’organisation régionale a donné aux auteurs du coup d’Etat du 26 juillet 2023 pour ‘’rendre le pouvoir au président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum’’, a expiré hier dimanche à 24 heures. Alors, on fait quoi maintenant ?

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Procès du 28-septembre : « Toi aussi, mon neveu ! »

Cela fait un peu plus d’un mois que l’entracte du mélodrame qui se joue au palais de justice de Conakry dure. Il s’agit bien sûr du procès historique de l’ex-président guinéen, Moussa Dadis Camara, jugé pour un massacre commis le 28 septembre 2009 au pays de Sékou Touré, mais qui avait été suspendu depuis le 29 mai 2023 à cause de deux grèves successives.

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