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Lutte contre Boko Haram : Super Déby et les poltrons du Lac Tchad

Suite au massacre de 98 militaires tchadiens perpétré par Boko Haram, le président Idriss Déby, avait, en guise de représailles, conduit à partir du 23 mars dernier une opération dénommée «La colère de Boma », du nom de la province du Lac Tchad attaquée par la secte. En bon militaire, il a donc revêtu sa tenue de général pour croquer du djihadiste.

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Résurrection du Christ : La drôle de pâques

Jamais fête de Pâques aura été aussi morose. Déjà en temps normal chez nous, elle a beau être, du point de vue spirituel, l’une des plus importantes, sinon la plus importante  du christianisme, elle ne donnait pas lieu à une débauche de beuveries et de ripailles, comparée à Noël. Peut-être la proximité de la  fête de la Nativité avec la Saint Sylvestre et le jour de l’An est-elle pour quelque chose dans ce chassé-croisé festif qui crée souvent des embouteillages à Ouagadougou ? On rend visite aux parents et amis, on mange et on boit plus que de raison, avec ce que, du reste, cela entraîne comme désagréments, voire comme drames.

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Félix Tshisekedi/Vital Kamerhe: Divorce à la congolaise ?

Ça devait être une simple invitation à la Cour d’appel de Matété. Vital Kamerhe en est ressorti placé sous mandat d’arrêt provisoire et déféré à la prison de Makala, après plusieurs heures d’audition.

A l’origine des ennuis judiciaires du directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, l’affaire dite des « 100 jours » en référence au vaste programme d’urgence des 100 premiers jours du mandat. Lancé le 2 mars 2019, il comprenait notamment la construction d’écoles, de logements sociaux ou encore de sauts-de-mouton routiers pour désengorger Kinshasa. Mais les travaux ayant accusé beaucoup de retard, l’opinion publique, la presse, la société civile et certains partis politiques s’en étaient émus au point que « Saatchi » avait fini par commanditer un audit ainsi que l’ouverture d’une information judiciaire pour voir clair dans cette ténébreuse affaire.

Des chefs d’entreprise ont d’ailleurs été entendus et certains complices sont en prison. On était cependant loin d’imaginer que celui que les Congolais surnomment « président bis » serait ainsi pris dans les mailles de la justice. Certes, comme tout justiciable, il est présumé innocent jusqu’à ce que la preuve de sa culpabilité soit établie à l’issue d’un procès équitable. Mais pour oser mettre une telle personnalité sous écrou, le parquet de Kinshasa disposait sans doute d’un faisceau de preuves suffisamment graves et concordant.

Grand ordonnateur d’un budget conséquent devenu pharaonique au fil des mois, alors même que sur le terrain les travaux patinent, le jusque-là précieux allié du chef de l’Etat congolais est suspecté de corruption, de détournement et d’avoir attribué des marchés de gré à gré.

A n’en pas douter, l’incarcération du président de l’UNC est la preuve que les choses ne sont plus comme elles étaient en République démocratique du Congo. Pareille situation eut en effet été inimaginable sous Joseph Kabila, même s’il faut se garder de penser que la justice est devenue toute puissante et indépendante depuis les « petits arrangements à l’africaine » qui ont propulsé Félix Tshisekedi à la tête du pays. Rien n’interdit, en effet, de penser que l’institution judiciaire ait pu être utilisée par le premier magistrat du pays pour se débarrasser d’un allié devenu encombrant, car ce n’est pas la première fois que le nom de Vital Kamerhe est associé à des scandales politico-financiers. Déjà en 2019, il avait été cité dans l’affaire dite des 15 millions de dollars disparus des comptes du Trésor public. Ce nouvel épisode serait-il donc celui de trop ?

En tout cas ce rebondissement pourrait définitivement avoir raison de la coalition CACH formée par l’UDPS et l’UNC et qui était traversée depuis de longues semaines par des querelles intestines. Tant et si bien que les caciques du parti présidentiel avaient même demandé à Félix Tshisekedi de rompre le contrat de mariage qui liait les deux familles politiques. C’est donc peut-être l’heure du divorce qui a sonné, surtout après la dispersion au gaz lacrymogène des partisans de Kamerhe qui manifestaient contre l’incarcération de leur chef.

 

H. Marie Ouédraogo

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Décès Pape Diouf: Le tacle mortel du dossard 19

Notre Pape est mort, a titré le journal l’Equipe, Droit au Paradis renchérit RMC Sport. La presse sénégalaise n’a pas été en reste : «Le virus nous prend Mababa» barrait à sa une Le Soleil, et Le Quotidien de Dakar, lançait, «Pape perd son dernier match». C’est une véritable compétition de titres qui a accueilli la mort de Pape Diouf, fauché par la mort à 68 ans. C’est la première victime sur le sol sénégalais du Covid-19. Il avait en effet été testé positif et en détresse respiratoire à l’hôpital de Fann à Dakar et un avion médicalisé devrait l’évacuer ce mardi fatidique sur la France. Il n’en  a pas eu le temps, comme si c’était écrit que sa dernière demeure devrait être le Sénégal.

Fin de partie pour un grand spécialiste du ballon rond né à Abéché au Tchad d’un père marin, responsable du garage gouvernemental à Fort-Lamy, Pape Diouf avait débarqué à Marseille à 18 ans avec pour injonction paternelle de devenir militaire. Mais le garçon a préféré suivre sa propre trajectoire. Il devient postier alors qu’il poursuivait ses études de Sciences Po. Il les abandonne par la suite et devient pigiste au journal La Marseillaise, avant d’y être embauché à temps plein. Avec Xavier Couture, ils vont lancer leur propre canard, Le Sport. Mais le journal fait long feu et le quotidien dépose le bilan.

Pape Diouf va par la suite s’investir comme agent de joueurs. Il sera l’un des premiers Noirs à exercer ce métier. Dans son portefeuille, il y a eu  Antoine Bell, Didier Drogba, Basile Boly, Oman Biyik, Habib Bèye. Mais ce n’est pas seulement une relation d’affaires qui les liait. Il y avait beaucoup d’estime entre lui et la plupart de ses joueurs et Bèye le prenait comme son père. Dans le monde des agents de joueurs où nagent des requins impitoyables, il s’est taillé une réputation de vertueux.

Celui qui avait la passion du foot chevillé au corps, est entré dans l’histoire en devenant le premier Noir à être président d’un club de football en France, en l’occurrence, Marseille en 2005 sous l'influence de l'actionnaire majoritaire, Robert Louis-Dreyfus. Sous sa présidence, l’OM s’est régulièrement qualifié en Ligue des Champions et a joué deux finales de la coupe de France.

Au regard de son parcours exceptionnel à bien des égards, c’était un ambassadeur du Sénégal et même de l’Afrique qui a quitté le stade définitivement, quelques jours seulement après la chute d’un autre baobab du continent, le saxophoniste camerounais, Manu Dibango. D’ailleurs une photo circule sur les réseaux sociaux montrant les deux hommes cheminant ensemble comme si leurs destins avaient été liés.

C’est sûr, Pape va manquer à sa famille biologique, mais aussi à la grande famille du sport roi dont il était l’un des vénérables seigneurs. Les journalistes sportifs burkinabè se rappellent   son passage à Ouagadougou dans le cadre d’une soirée de remise du trophée de l’Etalon d’or, organisée par Iddy de Barso. En un mot comme en mille, c’est une énorme perte pour le monde du foot. Et ses analyses vont sans aucun doute manquer aux téléspectateurs de Canal+ qui lui vouaient une vision pointue du ballon rond. Dommage qu’il n’ait pas pu se relever de ce cruel tacle du dossard 19, pardon, du COVID-19.

 

Kader Traoré

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Mali : Obsession électorale dans un climat tendu

 

Où est Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition malienne ? Qui l’a enlevé en début d’après-midi le mercredi 25 mars ? Que va faire le gouvernement malien pour le retrouver, lui qui déclare que « toutes les dispositions pratiques sont prises » à cet effet ? Voici quelques-unes des questions qui agitent l’opinion publique malienne, encore sous le choc, après la nouvelle de la disparition du principal challenger d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) à la dernière présidentielle. Un enlèvement qui a volé la vedette aux premiers cas de contamination au Covid-19 et au discours présidentiel sur les mesures qui s’imposent pour en limiter la propagation. Il confirme cependant, cet enlèvement, que ces élections législatives dont le premier tour est prévu pour ce 29 mars se tiendront dans un contexte sécuritaire et sanitaire tendu dû à la menace terroriste, aux tensions intercommunautaires, aux antagonismes politiques sans oublier la fronde sociale.

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Fermeture des marchés et yaars à Ouaga:Le Burkina à l’épreuve de la discipline collective

De mémoire de Burkinabè, on n’avait jamais vu ça, sauf dans le cas de force majeure qu’a été l’incendie de Rood-Woko, le grand marché de Ouagadougou, il y a 17 ans. Aujourd’hui, c’est pour juguler la propagation du covid-19 que la décision de fermeture des grands marchés et yaars jusqu’au 20 avril a été prise en haut lieu. Selon une liste provisoire, 36 « grands marchés » sur les 85 que compte la capitale sont concernés par cette mesure ; une décision historique qui, parmi tant d’autres, traduit la gravité de la situation : il y a eu la fermeture des établissements scolaires et universitaires, l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes, la fermeture des lieux de culte sans compter l’instauration d’un couvre-feu de 19 h à 5 h du matin. Mais il faut bien reconnaître que, vu la progression exponentielle de la maladie, aucune mesure ne sera de trop pourvu qu’elle contribue à enrayer la progression de la maladie.

Avec la fermeture des marchés, le Burkina vient de franchir un cap dans sa lutte contre le covid-19. La décision, certes, va créer des pertes aux commerçants contraints de baisser le rideau pendant de longues semaines ; et des difficultés d’approvisionnement aux ménages, surtout les plus pauvres. Mais face à la gravité de la situation, aucune mesure ne sera de trop.

Seulement, une chose est de décréter la fermeture des 36 plus grands marchés de la capitale, une autre est de faire en sorte que la mesure soit suivie d’effets. Cela mérite d’être relevé d’autant qu’on sait que l’Etat a de moins en moins d’autorité et que l’incivisme a été érigé en véritable sport national. Il faut aussi espérer que certains esprits malins ne déplaceront pas le problème en transférant l’activité des grands marchés dans les yaars ou en créant des marchés «sauvages». Espérons qu’en prenant ces décisions, nos gouvernants se sont sûrement donné les moyens de les faire respecter, car le moindre relâchement pourrait avoir des conséquences terribles.

Alors après la fermeture des marchés, quelle sera la prochaine étape ? Autrement dit, au regard de l’évolution de la situation, le gouvernement sera-t-il contraint de prendre la mesure la plus drastique qui soit, à savoir le confinement pur et simple de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, comme le préconise le Centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires (Corus) ? La décision finale revient à l’exécutif, pour ne pas dire à la présidence du Faso.

C’est peu de dire que Roch est devant un choix cornélien, lui qui va devoir peser le pour et le contre et surtout anticiper les effets de la moindre de ses ordonnances, d’autant qu’on sait qu’au-delà de la crise sanitaire, c’est une crise économique qui se profile à l’horizon et qui pourrait, croisons les doigts, déboucher sur des remous sociaux.

 

H. Marie Ouédraogo

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Coronavirus au Burkina: L’incivisme, facteur aggravant

Il y a à peine 10 jours, la menace, quoique déjà à nos portes, était encore impalpable. Depuis une semaine, les données ont bien changé. Sept jours exactement après l’annonce officielle des deux premiers cas de coronavirus (le pasteur Mamadou Philippe Karambiri et son épouse), le Burkina a enregistré le premier cas de décès lié au covid-19 en Afrique subsaharienne.

Et quelle victime ! Celle qui vient d’être emportée n’était autre que l’honorable Marie- Rose Compaoré/Konditamdé, députée de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et 2e vice-présidente de l’Assemblée nationale. Un premier décès sur les 27 cas déclarés à la date d’hier dont 1 à Bobo-Dioulasso. Une mort qui vient rappeler, si besoin était, la dangerosité de la pandémie et qui, on l’espère, viendra à bout de l’insouciance avec laquelle beaucoup de nos compatriotes avaient pris les choses.

Quand ils ne croient pas à certains fake news comme l’idée selon laquelle le virus ne résiste pas à notre chaleur tropicale, ils propagent des remèdes douteux sur les réseaux sociaux allant des recettes de grand-mère qui soulagent bien des douleurs, sans pour autant parvenir à vaincre le mal, aux poudres de perlimpinpin distillées par des marchands d’illusions qui se sucrent sur le malheur des gens ; quant aux précautions édictées par les autorités politiques et sanitaires, on en fait fi, rusant avec la mort et mettant les autres en danger.

Or la guerre contre ce fléau relève à la fois d’une responsabilité collective et individuelle qui devrait nous imposer une nouvelle façon de vivre ensemble.

Mais sommes-nous seulement capables de ce sursaut salvateur dans ce Burkina Faso post-insurrection ? Dans un pays où l’on ne respecte pas les règles élémentaires du Code de la route ; dans nos villes où on est obligé d’assigner aux carrefours des policiers en armes et des VADS (volontaires adjoints de sécurité) pour faire respecter des feux tricolores qui fonctionnent ; dans un pays où l’on se mouche et crache n’importe quand, n’importe comment et même en pleine circulation… l’incivisme ambiant constitue à n’en pas douter un facteur aggravant de propagation du virus.

Et que dire de ceux qui souffrent du syndrome de la persécution, à l’image des syndicalistes qui pensent qu’en interdisant les grands rassemblements, c’est moins contre le covid-19 que le gouvernement lutte que pour les brider, eux ?

On avait d’ailleurs pensé que, dans un sursaut de patriotisme, en ces moments difficiles, les syndicats allaient surseoir à leur mot d’ordre de grève et aux différentes actions engagées contre l’extension de l’IUTS aux primes et indemnités. Mais c’est manifestement trop demander à ceux qui, selon la formule consacrée, « luttent pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail » et pour qui, sans doute, le covid-19 n’est pas une raison suffisante pour décréter une trêve sociale.

 

H. Marie Ouédraogo

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