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Regard sur l'actualité

Regard sur l'actualité (652)

Mise à l’écart de Noël: Le Graët Un tirailleur sénégalais à la tête du football français

En attendant le carton rouge, c'est d'un carton jaune orangé que vient d'écoper le président de la FFF, coupable d'un méchant tacle contre l'icône du football tricolore qui a énormément contribué à donner à l'Hexagone sa première coupe du monde en 1998. Le comité exécutif de la Fédération française de football (FFF), réuni ce mercredi, a décidé de la mise en retrait de Noël Le Graët, lors dune rencontre extraordinaire. A défaut de rendre sa démission, du moins pour le moment, le patron du football français a été écarté des affaires suite à son dérapage verbal. Ses propos à polémique teintés dune attaque contre Zinedine Zidane au cours dune émission sportive ont eu leffet dune bombe et été la goutte deau qui a fait déborder le vase. Sinon l’épée de Damoclès pendait déjà au-dessus de sa tête, dautant plus que la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, réclamait un audit de la fédération, lequel allait révéler sans aucun doute une mauvaise gestion. Outre cela, il y avait aussi les accusations dune agente de joueurs, en loccurrence Sonia Souid, victime de harcèlements sexuels. La pression était donc très forte, et la probabilité extrêmement grande que Noël tombe en janvier, comme la titré le journal Le Canard enchaîné.

Il a commis lerreur de sattaquer à Zidane, qui est considéré comme le Dieu du football français. Il est un peu en France ce que Pelé est au Brésil et dans le monde entier. Comme Killian Mbappé lavait écrit, on ne touche pas aux légendes, sous peine de sanction. Cest comme si Noël Le Graët avait profané quelquun de sacré. Et il laura appris à ses dépens. On peut aimer ou ne pas aimer Zidane, mais dans ce dossier sur la succession de Didier Deschamps à la tête de l’équipe de France, ce sont des lobbies qui ont fait sa comm. sinon lui-même na jamais déclaré ouvertement son intérêt.

Pour cette raison, quel besoin Noël Le Graët avait-il, au détour dune interview, de massacrer littéralement lancien entraîneur du Real de Madrid ? Il a beau se confondre en excuses, le mal est déjà fait. Cela est dautant plus regrettable que Le Graët est un octogénaire, et on sattendait à un peu plus de sagesse de la part dun homme de plus de 80 ans. Le problème est quau-delà de sa personne, cest tout le football français qui sen trouve éclaboussé. Il était sur la sellette et sa position devenait de plus en plus intenable.

Pour le moment, il ne sagit que dune mise à l’écart, mais il est hautement probable quon le pousse à la sortie. Cest pourquoi le minimum de dignité quil lui reste commande quil rende courageusement le tablier.

Lintérim sera assuré par son vice-président délégué, Philippe Diallo. Cest un Français issu du métissage hexagonal. Lex-directeur général de l'UCPF (syndicat historique des clubs) est né dun père sénégalais et dune mère française. Cest lun des plus grands connaisseurs du foot français, à ce quon dit. Est-ce quil a les réseaux et les moyens pour transformer son essai ? Cest la grande question.

Si cela pouvait être loccasion de nettoyer les écuries de Le Graët, ce serait tout bénef pour la 3F et le foot français qui en a grandement besoin. On peut donc affirmer, sans risque de se tromper, que cest la première fois quune personne de couleur accède à la présidence de la fédération française, fût-ce à titre intérimaire. Quoi de plus normal, quand on sait que l’équipe nationale est bien colorée et que toutes les équipes nationales de toutes les catégories, à plus forte raison des clubs, conservent leur pluralité. Cest à limage de cette France Black-Blanc-Beurre quon a célébrée après la coupe du monde 98 et quon a vite fait doublier une fois leuphorie retombée.

En tout cas Philippe Diallo aura pour mission première d'éviter l'implosion et de stabiliser une instance plus que jamais fragilisée.

 

Kader Traor

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10 ans de l’opération Serval: Le Coq gaulois aura laissé des plumes au Sahel

Hier, cela faisait 10 ans que l’opération Serval, du nom de ce félin du désert, a été lancée.

Lorsque les terroristes qui avaient fait main basse sur le septentrion malien l’année précédente fonçaient sur Bamako, les forces spéciales françaises, sur instruction du président François Hollande, ont dû intervenir en urgence le 11 janvier 2013 pour stopper la marche djihadiste qui s’annonçait victorieuse sur la capitale malienne. Le 1er août 2014, Serval laissera officiellement la place à Barkhane.

10 ans après, il n’y a vraiment  pas de quoi pavoiser à l’occasion de cet anniversaire. Les forces françaises sont certes parvenues à trancher certaines têtes de la multinationale du terrorisme qui font la pluie et le beau temps au Sahel, mais cela n’a pas suffi à endiguer la spirale terroriste.

Très vite en réalité, après les premiers mois de succès sur le terrain, la France s’est embourbée dans les sables mouvants maliens et le cancer qui avait commencé à ronger le Mali s’est métastasé depuis, gagnant le Niger et le Burkina et menaçant même le Golfe de Guinée.

Le Coq gaulois aura lui-même laissé des plumes avec 58 soldats tués en une décennie, même si pour certains esprits chagrins, cela n’a rien à voir avec le prix du sang payé par les tirailleurs sénégalais pendant les deux grandes guerres mondiales. Sans compter le désamour de plus en plus prononcé entre l’Hexagone, accusé le plus souvent de tous les péchés de nos pays, et une partie de nos opinions nationales qui appelle au divorce pour signer un nouveau contrat diplomatique avec d’autres partenaires, notamment la Russie «poutinienne» et ses mercenaires de Wagner. Certains ont même accusé  la France, dans le meilleur des cas, d’être incapable, malgré son «invincible» armada, de venir à bout de l’hydre terroriste et, dans le pire des cas, de pactiser avec l’ennemi pour des desseins inavoués.

Résultat, le Coq gaulois a été chassé de sa basse-cour malienne par l’Ours russe et au vu de la dégradation de ses relations avec le Burkina, il y a aussi de gros risques que ce soit le cas avec la Patrie des hommes intègres. Il ne resterait guère plus alors que le Niger comme dernier îlot de la présence française dans le Sahel.

Mais il serait trop facile et trop commode de tenir l’Hexagone pour seul responsable de cette chienlit sécuritaire dans laquelle nous pataugeons depuis. Car pendant qu’on met à l’index l’armée tricolore, qu’ont fait nos armées nationales depuis ? Totalement délaissées, sans formation, sans moyens et minées par une corruption endémique, à l’image de nos sociétés, elles  ont contribué à aggraver la situation.

En tout état de cause, comme pour reprendre un proverbe africain, celui qui dort sur la natte d’autrui dort par terre. Rapporté à la situation sécuritaire, qu’il s’appelle France, Etats-Unis, Chine, Russie ou même Turquie, tant qu’on continuera à sous-traiter notre propre sécurité avec des puissances, grandes ou moyennes, on ne sortira jamais de l’ornière.

 

Hugues Richard Sama

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France-Burkina : Mission de rabibochage à Ouaga

Une mission française conduite par la secrétaire d’Etat en charge du Développement de la Francophonie et des partenaires internationaux, Chrysoula Zacharopoulou, a séjourné le mardi 10 janvier 2023 à Ouagadougou. Au menu de son agenda, notamment une entrevue avec le président Ibrahim Traoré, une visite initialement prévue aux Personnes déplacées internes (PDI), qui n’a cependant pas eu lieu pour non autorisation des autorités burkinabè. Un séjour de 24 heures sanctionné par un point de presse dans l’après-midi.

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Législatives au Bénin:Petite fenêtre pour une bouffée d’oxygène démocratique

Cela fait un bon bout de temps que le Bénin n’avait pas connu ça, et ce depuis l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon en 2016. Non seulement celui qui, urbi et orbi, avait déclaré qu’il allait se contenter d’un seul mandat s’était parjuré entre-temps pour se taper un second bail au palais de la Marina, mais il aurait profité de son premier mandat pour mettre la démocratie béninoise sous coupe réglée avec la liberté de la presse sous haute surveillance et des artifices politico-juridiques pour empêcher l’opposition béninoise de s’exprimer.

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Pélé: Requiem pour le Mozart du ballon rond

C'était le Einstein du football, le Mozart du ballon rond et le Maurice Béjart de la boule de cuir tant il avait hissé au rang d'art, avec ces arabesques qu'il dessinait sur le terrain de football, ce sport inventé dans sa version moderne par les Anglais au XIXe siècle. Plus qu'un athlète, il était donc un artiste surdoué qui aura marqué de son empreinte indélébile l'histoire du sport-roi, dont il était l'éternel souverain. A telle enseigne qu'on avait fini par le croire immortel. Jusqu'à ce que le jeudi 29 décembre 2022, le Pelé du monde s’éteigne à jamais. Que de rendez-vous manqués avec la mort,  et avant cela les mille et une rumeurs sur la mort de l’homme, au point que sa famille soit contrainte par moments d’y apporter des démentis.

De son vivant, Edson Arantes do Nascimento a toujours été marqué par le continent africain, où il se sera rendu à plusieurs reprises pendant et après sa carrière. De l’Egypte (à l'époque, le territoire se nommait République Arabe unie), avec la Seleçao, à l’Algérie en 1965 en passant par le Congo, la Côte d'Ivoire, le Gabon ou encore le Sénégal en 1967, celui qui a des origines africaines lointaines ne manquait pas de rendre hommage à la terre de ses «ancêtres ». L'histoire raconte même que lors de son séjour au Nigeria en 1969, les armes ont été déposées deux jours, le temps de voir l'homme aux 1281 buts disputer un match de bienfaisance à Lagos. Le pays est alors secoué par un conflit entre le pouvoir central et la zone indépendantiste du Biafra.

Pelé avait-il prédit sa mort, sa légende avec ? En tout cas, il avait l’art de ces phrases chocs qui resteront gravées dans les mémoires, comme lorsqu’il a affirmé : « Les gens me demandent toujours quand viendra le nouveau Pelé. Jamais. Mon père et ma mère ont fermé l’usine » ou «Tout sur Terre est un jeu. Une chose qui passe. On finira tous morts. On finira tous pareils, non ? » Ou encore «Si je meurs un jour, je serai heureux parce que j'ai essayé de faire de mon mieux ». Il aura fait plus que de son mieux. Il a rendu au football toutes ses lettres de noblesse.

Et après lui, on peut affirmer, sans risque de se tromper, que le véritable GOAT (Great of all time) ou encore le meilleur joueur du monde s’en est allé. D’ailleurs cette querelle pour savoir qui est le plus grand joueur de l’histoire du football ne finira pas de sitôt, mais une chose est certaine : Pelé est le seul joueur à avoir remporté 3 coupes du monde : en 1958, 1962 et 1970. Le reste sur le nombre de ses buts n’est que superflu, car il a brillé au moment où les statistiques n’étaient pas la chose la mieux partagée ; où l’information ne circulait pas en temps réel comme sous l’ère de l’internet et des réseaux sociaux. Il a construit, sans tambour ni trompette, sa propre légende ; celle d’un immortel.

 

Kader Traoré 

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Mali-Côte d’Ivoire: Pour les «46 mercenaires», le chemin de la liberté passe par le prétoire

Les 46 militaires ivoiriens n’échapperont finalement pas aux fourches caudines de la justice malienne.

En effet s’ouvre aujourd’hui à Bamako lors d’une audience spéciale le procès de ces soldats détenus depuis plus de cinq mois par les autorités de Transition.

L’affaire a commencé le 10 juillet 2022 lorsque 49 militaires ivoiriens sont interpellés à leur descente d’avion à l’aéroport de Bamako. Ils sont accusés par le pouvoir d’être des mercenaires entrés dans le pays pour un projet de déstabilisation.

Faux, a rétorqué le gouvernement ivoirien qui a assuré que ses soldats faisaient partie d’un contingent de soutien logistique à la MINUSMA et exigé leur «libération sans délai».

Finalement, après une médiation togolaise, 3 femmes ont été libérées en début septembre pour des «raisons humanitaires», mais les 46 autres restent détenus dans les geôles maliennes et ont été inculpés de «tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat».

Lasse d’attendre leur élargissement, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest  (CEDEAO) a fini par menacer Bamako de sanctions s’il ne les libérait pas d’ici la fin de ce mois de décembre.

Finalement là où la politique et la diplomatie ont échoué, c’est la justice qui risque de régler le problème.

L’ouverture du procès intervient une semaine après la visite sur les bords du Djoliba du ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, qui n’est autre que le frère cadet du président Ouattara, et qui avait permis aux deux parties de se parler directement et même de signer un mémorandum pour une sortie de crise. On remarquera d’ailleurs qu’à cette occasion, le vocabulaire a sensiblement évolué. De la tentative de déstabilisation brandie dès le début de l’affaire par Bamako, on parle aujourd’hui, d’incident malheureux, même si pour les autorités maliennes, son dénouement devrait se faire dans le respect des procédures judiciaires en cours. C’est manifestement ce qui est en train de se passer.

En réalité, les deux parties semblent décidées à mettre balle à terre, et c’est au prétoire que les choses vont se passer. La question reste maintenant de savoir de quelle manière. Est-ce que les 46 prévenus vont bénéficier d’une peine avec sursis qui les libérerait automatiquement ? Seront-ils condamnés à une peine déjà couverte par leur détention provisoire ou va-t-on simplement éponger cette affaire par une relaxe pure ? Ce sont des questions qui se posent actuellement. Mais au point où on en est, quel que le soit le tarif qui leur sera alloué, l’essentiel pour les intéressés, pour leurs familles et pour l’Etat ivoirien est que les 46 pauvres militaires, qui espéraient déjà passer Noël en famille, puissent réveillonner le 31 décembre prochain sur les bords de la lagune Ebrié.

L’autre grande question, c’est de savoir s’il y aura une monnaie d’échange quand on sait que Assimi Goïta et ses hommes réclamaient l’extradition de certaines personnalités maliennes, exilées en Côte d’Ivoire, ainsi que le soutien d’Abidjan pour des facilités financières auprès de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

On en est donc là. Mais le plus important après la libération des militaires ivoiriens est que les relations entre les deux pays qui ont pâti de cette affaire reviennent à la normale. C’est d’autant plus regrettable qu’avec l’extension du péril terroriste, ces deux pays, qui partagent une frontière longue de 532 km, ne peuvent se payer le luxe de se fâcher pendant longtemps. Il faut bien qu’ils coopèrent pour venir à bout de l’hydre et ça passe par le règlement de cette affaire qui n’a que trop duré.

 

Hugues Richard Sama

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