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Regard sur l'actualité

Regard sur l'actualité (649)

La gratuité : Une vertu oubliée dans le service interpersonnel ?

«Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance  méritez-vous ? » (Lc 6,33)

Cette remarque faite par le Christ à son auditoire convoque la place et la valeur instrumentale et spirituelle de la gratuité dans la vie de l’homme. La gratuité semble permettre une valeur ajoutée à l’agir de l’homme. Qu’est-elle en réalité ? Est-elle ordinaire ? Quel enjeu a-t-elle ? Et quelles implications peut-elle présenter pour la relation avec autrui et avec Dieu ?

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Révision constitutionnelle au Togo: Faure veut battre le record de papa

Ce n’est plus une révision constitutionnelle mais un véritable charcutage législatif. 5 ans à peine après la dernière opération, la loi fondamentale togolaise repasse de nouveau sur le billard parlementaire.

En 2019, il s’agissait essentiellement de permettre à Faure Gnassingbé qui avait succédé à son père Eyadéma au décès de ce dernier en 2005 de pouvoir se présenter aux présidentielles de 2020 et de 2025.

S’il est candidat et s’il gagne l’élection l’année prochaine, ce devrait être en principe son dernier mandat. Mais voici qu’un an avant l’échéance,  une proposition de loi fort opportunément déposée par un groupe de députés est déjà examinée par la commission des lois  en attendant d’être discutée en plénière. L’affaire  devrait passer comme une lettre à la poste dans la mesure où le Parlement togolais est une chambre d’enregistrement où le parti au pouvoir dispose d’une majorité confortable de 59 sièges sur 91, sans compter les voix de ses alliés. Si cela est acté, cette nouvelle donne législative devrait faire passer le pays à un régime parlementaire.

Les partisans du pouvoir dont on connaît l’extrême  raffinement démocratique tirent notamment argument de ce que le président concentre  tous les pouvoirs entre ses mains et qu’il faut rééquilibrer avec notamment l’assemblée nationale, comme si c’est seulement maintenant  qu’ils découvrent une telle situation.

En réalité, régime présidentiel ou parlementaire, plus qu’un problème de textes, c’est surtout une question d’institutions et de véritable volonté d’ouverture démocratique qui se pose dans ce pays.

Suffira-t-il que le président soit désormais élu non plus au suffrage universel direct mais par les députés  pour que le rééquilibrage  des pouvoirs se fasse automatiquement? Difficile de le croire. Ici, comme dans de nombreux pays africains, on a surtout besoin d’institutions solides. Hélas, à 58 ans, dont 19 déjà passés au pouvoir,  il faut quand même que le fils fasse mieux que son papa qui avait passé 38 longues années au pouvoir avant que la solution biologique  ne le fasse quitter le fauteuil présidentiel auquel il s’accrochait comme une moule à son rocher. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Plus qu’une volonté de bonifier la démocratie togolaise, l’objectif inavoué est de permettre à l’héritier des Gnassingbé qui monopolise la vie politique locale depuis  près d’un demi-siècle de jouer les prolongations ad vita aeternum.

Personne n’est dupe, certainement pas les opposants qui ont flairé le coup fumeux, tellement cette méthode a été  éprouvée  par de vénérables démocrates avant lui. Qu’il s’agisse de Blaise Compaoré, d’Alpha Condé, de Denis Sassou-Nguesso, d’Idriss Déby ou d’Alassane Ouattara.

Dans les grandes démocraties, une révision constitutionnelle a  avant tout pour objet  de consolider la démocratie ou les espaces de liberté,  tout le contraire de nos démocratures où les modifications sont rarement vertueuses.

Faure Gnassingbé  gagnerait cependant à faire attention, car on a beau régner pendant des décennies et des décennies, aucun pouvoir n’est jamais éternel et les exemples sont légion sur le continent, où à force de jouer sans cesse les prolongations,  ceux qui pensent être les Messi ou les Ronaldo de la politique finissent par faire le match de trop avec les conséquences fâcheuses qu’on voit le plus souvent.

 

Hugues Richard Sama

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Jean-Marie Bockel à Libreville: Un petit goût de revanche personnelle

 

Question rhétorique : qu’est-ce qui fait donc courir le soldat Bockel ? Après la Côte d’Ivoire ( le 21 février) et le Tchad ( le 7 mars ), Jean-Marie Bockel a en effet débarqué le 19 mars 2024 au Gabon . Avec la même lettre de mission :  le renouveau , le « remodelage » du partenariat militaire hexagonal avec les pays africains. L’envoyé personnel du président français pour l’Afrique a ainsi pu échanger avec le ministre de la Défense entouré de la haute hiérarchie militaire avant de visiter le camp De Gaulle, qui abrite la base française de Libreville, et d’être reçu en audience par le général Brice Clotaire Oligui Nguéma qui a renversé  Ali  Bongo Ondimba le 30 août 2023.

Il faut dire que l’armée tricolore a décidé depuis un certain temps de réduire sa voilure sur le continent, notamment dans les pays où elle dispose de base, comme au Gabon où ses effectifs sont passés entre les années 90 et  2023 d’un millier de soldats à 400. Et le dégraissage du mammouth kaki devrait se poursuivre.  Mais ce dépoussiérage de la coopération, militaire en l’espèce,  est rendu encore plus impérieux à un moment où l’Hexagone est particulièrement malmené sous nos tropiques qui ont rarement été aussi « tristes » pour lui .  Tour à tour, les militaires français ont ainsi été chassés du Mali, du Burkina et du Niger, trois Etats qui ont connu des coups d’Etat , souvent à répétition depuis 2020, et qui carburent désormais à l’anti-impérialisme et au souverainisme à tout crin. Et qui se sont résolument tournés vers la Russie de Poutine pour s’extirper enfin du bourbier sécuritaire dans lequel ils sont englués depuis une bonne décennie, quand bien même on attendrait d’en voir les résultats tangibles.

Il faut reconnaître qu’à force d’arrogance, de paternalisme et de condescendance mâtinés parfois d’un racisme inconscient, voire assumé, à force d’appliquer la politique du  deux poids deux mesures dans ses relations avec l’Afrique, distinguant les bons et les mauvais putschistes au gré de ses intérêts du moment, Paris a contribué à faire le lit du french-bashing et à faire chasser le coq gaulois de sa «  basse-cour » sahélienne.

Plus que jamais donc, la voix du  rhéteur de la rue du Faubourg Saint-Honoré ne porte plus  sur le continent et on comprend la nécessité pour lui de changer de paradigme en missionnant le bon monsieur Bockel. S’il n’ y  avait qu’un d’ailleurs pour cette mission, ça ne pouvait être que lui. Qui mieux en effet que l’ancien secrétaire d’Etat à la Coopération sous Nicolas Sarkozy pour faire ce job ? N’est-ce pas lui qui a  voulu  « signer l’acte de décès de la Françafrique » , quand début 2008 il avait déclaré vouloir « tourner la page de pratiques d’un autre temps , d’un mode de relations ambiguës et complaisantes dont certains, ici comme là-bas, tirent avantage au détriment de l’intérêt  général et du développement » ? Mal lui en a pris cependant, car il sera sacrifié sur l’autel de la …Françafrique dont les vénérables représentants Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso ont réclamé et obtenu la tête. 

Autant dire que son retour au Palais du bord de mer devait avoir une  saveur  particulière et un petit air de revanche personnelle. Il lui faudra cependant plus qu’un aller-retour Paris-Libreville pour débarrasser le monstre françafricain de ses scories et refonder un partenariat mutuellement avantageux basé sur le respect mutuel. Jupiter, du haut de sa morgue élyséenne, en est-il  seulement  capable ?   

  

Ousséni Ilboudo

 

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Présidentielle rwandaise: Nouvelle défaite judiciaire pour... Victoire Ingabire

Victoire Ingabire ne sera pas candidate à la présidentielle rwandaise du 15 juillet 2024. Ainsi en a décidé la Haute Cour de Nyamirambo, qui a rejeté la demande de l’opposante.

En février dernier, elle avait introduit une requête visant à recouvrer ses droits politiques, notamment celui de pouvoir se présenter à la magistrature suprême. Il n’en sera finalement rien.

Une épreuve de plus pour cette pasionaria de la politique rwandaise dont le chemin est parsemé de mille et un obstacles.

Présente aux Pays-Bas au moment du génocide, cette économiste de formation était rentrée au pays dans l’intention de se présenter à la présidentielle de 2010. Non seulement elle ne sera pas alignée sur la ligne de départ, faute de reconnaissance de son parti, mais en plus elle sera arrêtée et condamnée en 2013 à 15 ans de prison pour «conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre et minimisation du génocide de 1994».

Cinq ans plus tard, elle était bénéficiaire d’une grâce présidentielle, quand Paul Kagame voulait être dans les bonnes grâces des Occidentaux et des droits-de-l’hommistes de tous poils qui s’opposaient farouchement à la candidature de Louise Mushikiwabo au secrétariat général de la Francophonie. «L’homme mince» a dû lâcher un peu du lest, élargissant 2000 prisonniers,  parmi lesquels Victoire Ingabire.

Voici donc une nouvelle défaite judiciaire pour Victoire avant même que la bataille présidentielle n’ait véritablement commencé. A quoi pouvait-elle s’attendre, Bon Dieu ?

Elle a beau clamer avoir honoré toutes les contraintes qui lui ont été imposées après la grâce présidentielle en 2018, ce n’était manifestement pas du goût du pouvoir, pour qui la dame ne serait pas restée tranquille dans son petit coin comme il l’aurait souhaité.

Rien d’étonnant dans ce Rwanda de Paul Kagame qui va briguer un quatrième mandat en juillet et gagner haut la main, car on ne voit pas celui qui pourrait lui contester cette prééminence sur la vie politique depuis maintenant trois décennies, au prix de nombreuses atteintes aux droits de l’homme et d’embastillements d’opposants, de journalistes et de militants de la société civile qui n’ont souvent pas d’autre choix que l’exil.

Mais comme c’est Kagame, tout ou presque lui est autorisé. D’abord à cause de l’innommable génocide de 94 qui commémora en avril prochain son trentième anniversaire, ensuite à cause des nombreux acquis qu’on lui attribue volontiers sur les plans économique, environnemental, technologique, etc. Autant de motifs d’absolution pour de nombreux observateurs et analystes de la scène politique rwandaise qui détournent le regard quand il s’agit de pointer du doigt ses méfaits. Pas étonnant d’ailleurs qu’il soit le modèle de nombreuses démocratures, voire de certaines juntes, qui trouvent en lui une source d’inspiration. Ainsi va donc le Rwanda de Kagame qui, après un quart de siècle, ne semble pas encore prêt à faire valoir ses droits à la retraite, quand bien même il aurait laissé entendre que son présent mandat pouvait être le dernier.

 

 Hugues Richard Sama

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Election présidentielle au Sénégal : Campagne express pour 19 sprinteurs

 

Cahin-caha, le Sénégal voit réunies toutes les pièces du puzzle d’une élection présidentielle qui aura mis le pays dans tous ses états depuis 36 longs mois. Elle est prévue pour le 24 mars prochain et enfin, les 19 candidats retenus par la Cour suprême peuvent officiellement battre campagne.

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