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Prolongation de la Transition : « Je plaide pour un gouvernement d’union nationale »

Notre chère patrie, le Burkina Faso, fait face à une crise multidimensionnelle : sécuritaire, politique, socio-économique sans précèdent.

 

Conformément à l’article 21 de la Charte de la Transition du 14 octobre 2022 qui avait fixé la durée de la transition à 21 mois, celle-ci prendra fin le 2 juillet 2024.

L’entrée en vigueur de la Charte du 25 mai 2024 dont l’article 22 fixe la durée de la Transition à 60 mois nécessitera un renouvellement des organes de la Transition.

En premier lieu, le constat qui s’impose est que la crise que notre pays traverse est si gravissime si bien que deux transitions de 29 mois du MPSR 1 et du MPSR 2 n’ont pas suffi à endiguer. Dès lors ne faut-il pas changer de cap et de paradigme pour escompter atteindre définitivement les objectifs fixés dans la charte à son article 2 que sont : le rétablissement de l’intégrité territorial, une réponse efficiente à la crise humanitaire, les réformes institutionnelles, la réconciliation nationale et la cohésion sociale, l’organisation d’élections transparentes et inclusives.

Notre passé récent nous donne des enseignements. Depuis 1999, le rapport du collège de sages avait déjà fait le diagnostic des causes d’une probable crise au Burkina Faso, qui sont, entre autres, l’absence de dialogue entre les acteurs, l’absence de consensus dans la prise de décisions sur la marche de la nation, les violences politiques, les frustrations et les rancœurs de toutes sortes, etc. 

Au vu de ce qui précède, notre profonde conviction est que l’urgence commande que tous les Burkinabè sans exclusif fassent blocus, focus et chorus face au dénominateur commun, objet de notre ardente préoccupation : la survie de la nation si chère à tous par la restauration de son intégrité territoriale.

Les saintes écritures nous enseignent qu’aucune maison divisée ne peut tenir dans le temps. Faisons donc l’économie de la catégorisation des citoyens en «patriotes» et «apatrides», toute chose qui ne fait qu’aggraver la fracture sociale déjà criarde.

L’histoire nous enseigne que «la théorie du développement séparé» a montré ses limites dans plusieurs pays qui l’ont expérimentée, ce à leurs dépens.

Raison pour laquelle nous plaidons afin que toutes les intelligences de la nations (la société civile, les autorités coutumières et religieuses, les acteurs politiques, économiques) soient convoquées pour la mise en place d’un gouvernement d’union nationale ou d’unité nationale afin de faire face efficacement aux grands défis auxquels notre nation fait face.

La politique se définissant comme l’art du gouvernement rationnel de la cité, la gestion des affaires de l’Etat est donc éminemment politique ; de ce fait les partis politiques doivent avoir droit de citer et voix au chapitre. Cela aura l’avantage de décrisper l’atmosphère sociopolitique assez tendue.

En second lieu, force est de savoir qu’aucune nation ne peut se construire si elle ne fait pas le deuil de son passé en tirant les enseignements. A titre d’exemple, dans la ferveur de la révolution d’Août 1983, les Tribunaux populaires de la révolution (TPR) ont été institués dans un souci de célérité et de justice endogène, mais ceux-ci ont montré leurs limites c’est pourquoi les personnes jadis jugées et condamnées ont vu les décisions des TPR révisées et celles-ci ont été dédommagées à la faveur du renouveau démocratique dans un souci de cohésion sociale.

Depuis plus d’une décennie, notre pays traîne un lourd passif de conflits latents qui dégradent la cohésion nationale. Celui-ci est aggravé par le nouveau contexte sécuritaire imposé par l’hydre terroriste qui impacte négativement notre vivre-ensemble.

Face à cela, dans le souci de rebâtir une nation unie et forte pour affronter les défis actuels et futurs, le nouveau gouvernement de la transition doit faire de la réconciliation un axe majeur de sa gouvernance déjà prescrit à l’article 2 de la Charte de la Transition en créant un ministère chargé de la Réconciliation nationale, à défaut adjoindre celle-ci expressément au ministère des Affaires sociales avec un contrat d’objectifs précis. Cela demeure une priorité des priorités concomitamment à la question sécuritaire.

 

Wilfried Zoundi

Juriste / Analyste politique

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