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Réunion sur le financement du G5 Sahel à Bruxelles : Le moment ou jamais de délier les cordons de la bourse

 

Une vingtaine de chefs d’Etat, une dizaine de ministres des Affaires étrangères et des experts à la pelle : la réunion des partenaires du G5 Sahel, aujourd’hui à Bruxelles, au-delà de la grande solennité qui l’entoure, a les allures d’un sommet de la dernière chance : ou la communauté internationale s’approprie enfin cette force conjointe et lui donne les moyens de monter en puissance, ou elle continue dans les atermoiements du « oui… mais » au risque de la voir végéter dans l’immobilisme.

 

 

Pourtant ce n’est pas le pain qui manque sur la planche : en effet, l’hydre terroriste continue de semer la mort au Sahel malgré les 4 000 hommes de la force Barkhane et les 12 000 autres de la MINUSMA, sans oublier la mobilisation des forces armées des pays concernés. Aux grands maux les grands remèdes, et dans le cas d’espèce, il faut au Sahel les grands moyens d’une guerre plus engagée contre le terrorisme.

 

 Les expériences de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Syrie enseignent que ces fous d’Allah ont la peau dure et que les victoires contre eux ne s’obtiennent que dans des combats de longue haleine avec un grand déploiement de moyens. Or, les moyens ou l’argent pour acquérir ces moyens, c’est ce qui manque le plus à la force du G5 Sahel, réduisant cette séduisante initiative de pays africains qui s’unissent pour résoudre ensemble des problèmes existentiels fondamentaux comme ceux de la sécurité et du développement à sa plus simple expression de bonne intention.

 

De l’intention aux actes, il y a le gap de la logistique et des projets à mettre en place pour que le Sahel cesse d’être ce no man’s land où les terroristes de tout acabit, mis en déroute en Libye, en Irak et en Syrie, viennent expérimenter leur stratégie du « nous ou le chaos». C’est connu, Daesh cherche à faire son nid au Sahel. Voilà qui explique que ses combattants, du Mali au Niger en passant par le Burkina, frappent par des commandos suicides ou des bombes artisanales des cibles à tout va sans que la réplique soit véritablement à la hauteur de leurs forfaits.

 

Les soldats de la MINUSMA, parce qu’ils n’ont pas vocation à faire dans l’offensive, sont quelque peu sclérosés dans des missions de garde de points stratégiques. Quant à la force Barkhane, la France s’épuise à en supporter seule les coûts financier et humain. On en conclut qu’il faut plus que la MINUSMA, la force Barkhane ou les forces armées des pays du Sahel, pris isolément, pour vaincre la pieuvre terroriste au Sahel.

 

Au demeurant, c’est une lapalissade que de faire remarquer que la menace terroriste, au-delà du Sahel, est une préoccupation mondiale. C’est pourquoi la réunion de ce jour à Bruxelles est plus que jamais l’occasion pour la communauté internationale de passer des discours aux actes, des intentions à l’annonce de participations concrètes au financement de la force du G5 Sahel. En un mot comme en mille, il faut délier les cordons de la bourse  ici et maintenant.

 

L’Union européenne et l’Arabie Saoudite ont montré le bon exemple en mettant chacune 100 millions d’euros dans le panier commun. Les Etats-Unis peuvent mieux faire que les 60 millions de dollars annoncés en aide bilatérale. Bref, les espoirs de la France, parrain actif du G5 Sahel, ne doivent pas être déçus. La barre des 300 millions d’euros espérés de contribution doit être atteinte et même allègrement franchie. Car, que l’on s’entende bien, sécurité et développement sont intimement liés. Au-delà de la logistique militaire, des projets pour l’accès à l’eau potable, aux soins de santé, à l’éducation et à l’insertion socioprofessionnelle ont besoin d’être promus au Sahel. La raison en est fort simple : il n’y a pas de sécurité sans développement et pas de développement sans sécurité. A bon entendeur …

 

 

 

Zéphirin Kpoda

 

Dernière modification ledimanche, 25 février 2018 19:53

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