Déménagement ambassade US à Jérusalem : Une naqba n’arrive jamais seule
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Il l’avait promis, Donald Trump vient de tenir sa promesse. L’ambassade américaine en Israël a été transférée de Tel-Aviv à Jérusalem hier lundi 14 mai 2018.
La date, évidemment, ne tient pas du hasard puisqu’elle correspond au 70e anniversaire de la naissance, en 1948, de l’Etat hébreu suite au plan de partage de la Palestine (à l’époque sous mandat britannique) décidée par l’ONU après la seconde guerre mondiale.
Alors, les Arabes avaient parlé de Naqba, entendez « la grande catastrophe » et n’ont cessé depuis de lutter, souvent militairement, contre ce qu’ils ont toujours considéré comme une injustice politico-diplomatique. Certes, après trois guerres sanctionnées par autant de défaites, ils ont fini par se faire une raison, ne demandant plus rien d’autre que la coexistence pacifique entre deux Etats même si cette éventualité semble aussi s’éloigner telle une ligne d’horizon.
Qui pis est avec ce qui vient de se passer dans la ville trois fois sainte en présence d’Ivanka Trump et de Jared Kushner, la fille et le gendre du locataire de la Maison-Blanche : le déménagement diplomatique, boudée par les autres missions diplomatiques accréditées à Tel-Aviv, notamment celles de l’Union européenne, vient en effet donner un violent coup de canif au contrat onusien relatif au statut de Jérusalem, considérée par les Juifs comme leur capitale depuis 3000 ans et revendiquée par les Palestiniens comme la capitale du future Etat auquel ils aspirent.
Le Plan de l’ONU de 1947 avait ainsi placé cette ville sous contrôle international mais après sa création, le nouvel Etat faisait en 1949 de Jérusalem-Ouest sa capitale, tandis que Jérusalem-Est restait sous contrôle jordanien, le souverain hachémite étant le « gardien » de l’Esplanade des mosquées (haram al-charif), troisième Lieu saint de l’islam après la Mecque et Médine (1).
Une partie que les Israéliens annexeront suite à la guerre des Six Jours en 1967 avant qu’une loi de 1980 fasse de « Jérusalem unifiée » leur capitale « éternelle et indivisible ». Une législation non reconnue par la Maison de verre de Manhattan pour qui aucune des ambassades ne devaient s’y établir jusqu’à ce que le nœud gordien du conflit israélo-palestinien soit réglé à l’issue de négociations, lesquelles, soit dit en passant, sont au point mort.
C’est ce compromis historique vieux de plusieurs décennies que l’Oncle Donald et Bibi, le bouledogue et son caniche, viennent de liquider dans un unilatéralisme forcené comme on l’a rarement vu dans les annales des relations internationales. A l’origine de cette nouvelle naqba se trouve en fait une autre naqba : l’arrivée au 1600 Pennsylvania Avenue de cette anomalie statistique qu’est « l’homme qui twette plus vite que son ombre ».
Depuis qu’il est arrivé aux affaires, il a dénoncé l’Accord sur le climat, laborieusement concocté, il s’acharne actuellement, avec, naturellement le soutien de Benyamin Netanyahou, à détricoter l’arrangement sur le nucléaire iranien et vient maintenant de franchir le Rubicon au risque de jeter de l’huile sur le feu dans une région qui concentre déjà une bonne partie des problèmes sécuritaires du monde.
Avec la bénédiction d’une douzaine d’Etats africains à l’image du Rwanda, de l’Ouganda, du Soudan du Sud… dont des représentants faisaient partie des 800 invités triés sur le volet. En vérité, si certains « pays de merde » soutiennent l’initiative par conviction religieuse, pour des raisons commerciales, sécuritaires ou autres, d’autres redoutent surtout les foudres de mister Trump qui n’a cessé de menacer de couper les vivres à « ceux qui prennent notre argent et votent contre nous ». Et il a le culot de déclarer dans un message vidéo après une telle forfaiture que « notre plus grand espoir est celui de la paix. Les Etats-Unis restent pleinement engagés à faciliter un accord de paix durable ».
Comment peut-on tenir de tels propos alors qu’on vient de torpiller un processus qui était déjà bien brinquebalant et qu’on s’est disqualifié du coup pour être un médiateur honnête et impartial ? Ou c’est un déni de réalité ou il se fout de la planète entière !
La réponse des Palestiniens ne s’est, du reste, pas fait attendre puisqu’au moment où les effusions allaient bon train au quartier d’Arnona, des affrontements avec des soldats israéliens ont éclaté dans la bande de Gaza, faisant plus de 50 morts et quelque 2400 blessés.
Un regain de tension auquel il fallait bien s’attendre, et ce n’est peut-être que le début d’un nouvel Intifada aux conséquences imprévisibles. Tout cela parce que l’homme le plus puissant du monde veut chatouiller certains de ses électeurs par là où ça les démange. Au nom de la paix, ce président doit partir et le plus tôt serait le mieux.
Ousséni Ilboudo
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