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Ramadan: Un jeûneur nommé Antonio au Mali

Il ne pouvait trouver meilleur endroit, ou pire, c’est selon, pour commémorer le 29 mai 2018 la journée internationale des casques bleu. Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, vient en effet de terminer une visite de 48 heures au Mali. Deux jours qu’il a en priorité passés avec les soldats de la paix de la Minusma réputée être aujourd’hui l’une des plus dangereuses parmi les opérations en cours de l’Onu, puisqu’ayant enregistré plus de 70 morts entre 2013 et 2018. Un chiffre qui illustre à souhait les difficultés de cette mission onusienne dont le personnel et les camps sont régulièrement les cibles d’attaques terroristes quand ce ne sont pas leurs engins qui sautent sur des mines artisanales.

Entre différentes rencontres et audiences officielles, notamment avec le président Ibrahim Boubacar Keita, le patron de la Maison de verre de Manhattan s’est rendu au quartier général du G5 Sahel à Sévaré, à une quinzaine de kilomètres de Mopti. Une force d’intervention qui, visiblement, peine à atteindre sa vitesse de croisière alors que ses soucis financiers sont censés avoir été résolus depuis la table ronde des bailleurs de fonds tenue en décembre dernier à Bruxelles et qui avait enfin permis de boucler le budget indispensable à son opérationnalisation. Il n’est cependant pas sûr que toutes les promesses et annonces faites alors aient été suivies d’effets alors que les populations du Mali, du Niger, du Burkina, de la Mauritanie et du Tchad attendent avec impatience les premiers résultats.

Guterres est arrivé au Mali alors que, pas plus tard que la semaine dernière, les Américains avaient rejeté le mandat plus robuste réclamé par le G5 Sahel, au grand dam du diplomate onusien, si l’on en croit ses déclarations. Aveu d’impuissance donc d’un secrétaire général qui, tout-puissant qu’il puisse être, est bien obligé de se plier aux desiderata de Washington.

Ce saut à pieds joints dans le bourbier malien intervient, ne l’oublions pas, à seulement 2 mois de la présidentielle du 29 juillet prochain à laquelle IBK est candidat à sa propre succession. Et plus que jamais la question se pose de savoir comment la Minusma, au-delà de sa lettre de mission officielle qui est la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, peut aider à la sécurisation du scrutin.

Mais que peuvent bien faire quelque 13 000 soldats sur un territoire de 1 200 000 km2 dont une bonne partie échappe au contrôle de Bamako ? Telle est la question qu’on pouvait se poser alors qu’Antonio Guterres prenait son avion du retour à l’issue d’un séjour qui aura parfois confiné à une succession d’actions de pure com. tel le jeûne auquel il s’est astreint pendant ces 48 heures en solidarité avec les Musulmans du monde entier en cette période du ramadan. L’histoire ne dit pas s’il s’est levé à 4 heures du matin pour « attacher sa bouche » ni s’il s’acquittait des cinq prières quotidiennes. Mais dans un pays musulman à plus de 95%, ce geste symbolique ainsi que la visite rendue au grand imam de Mopti ont dû être appréciés à leur juste valeur.

 

H. Marie Ouédraogo

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