Menu

Rosine Coulibaly aux fonctionnaires : «Vous aurez vos salaires ce mois, mais je ne vous garantis pas jusqu’à quand»

 

Les grèves perlées au sein de la Fonction publique burkinabè et la conférence qui se tiendra du 12 au 14 juin en vue de réformer le système de rémunération des fonctionnaires étaient, le 5 juin 2018, les deux sujets au menu du traditionnel point de presse du gouvernement. Le ministre de la Communication, Rémis Dandjinou, ainsi que ses homologues Seyni Ouédraogo de la Fonction publique et Rosine Coulibaly de l’Economie et des Finances ont été les principaux conférenciers du jour. Rosine Coulibaly, réagissant au mouvement d’humeur qui a cours dans son département, a indiqué que le paiement des salaires n’est pas acquis si les sit-in et les grèves se poursuivent.

 

 

 

 

S’il est vrai que tous les ministères ou presque sont traversés depuis des mois par des contestations tous azimuts, les champions de la revendication sont sans aucun doute les travailleurs du département de l’Economie et des Finances représentés par leur coordination syndicale, la CS-MEF. Elle est à peine sortie d’un débrayage de 5 jours en fin mai que son programme d’activité de juin est déjà chargé : sit-in du 4 au 8  et du  11 au 15,  grève du 18 au 22  et du  25 au 29.  Précisant ne pas «vouloir entrer dans une guerre des chiffres» sur l’incidence financière de ce mouvement, Rosine Coulibaly a assuré aux fonctionnaires que les salaires du mois de juin seraient disponibles. Avant de tempérer ses propos : «Je ne vous  garantis pas jusqu’à quand, parce que si les agents des recettes ne travaillent pas, ce sera compliqué. » Déjà, a indiqué le grand argentier, les résultats  de la collecte de 2018 sont en deçà des attentes.

 

Si elle affirme reconnaître le droit des agents d’aller en grève, elle s’est indignée des menaces proférées sur les réseaux sociaux contre ceux qui choisissent de poursuivre le travail ; du « terrorisme », a-t-elle dit, et qui justifie la présence policière dans les services.

 

Concernant la plateforme revendicative de la CS-MEF, elle a indiqué, comme ses homologues présents, que le fil du dialogue n’a jamais été rompu avec les syndicats. La preuve, a annoncé Rémis Dandjinou, sur les 7 points de revendication, 5 ont déjà fait l’objet d’un accord qu’il reste à formaliser. En effet, a précisé Seyni Ouédraogo, les rencontres entre les deux parties n’ont pas été sanctionnées par un P-.V. et il n’y a pas d’arrangement paraphé.

 

La question de la reconduction du check-off au MINEFID, qui est un autre point de la plateforme, serait, elle, toujours en négociation. 

 

 

 

Du 12 au 14 juin pour la remise à plat

 

 

 

La dernière revendication, présentée comme « un élément sensible », qui est l’adoption d’un « statut sécurisant » pour les agents de l’Economie et des Finances, sera discutée à la conférence sur la remise à plat des rémunérations, laquelle doit se tenir du 12 au 14 juin 2018 en présence de tous les acteurs, a assuré Seyni Ouédraogo. Le principe étant, a expliqué le premier responsable de la Fonction publique, qu’il n’y ait plus de super-travailleurs de l’Etat : «Tous les agents de la Fonction publique régis par la loi 081 auront un statut particulier pour ce qui est des droits et obligations. Il n’y aura plus d’approche sectorielle en matière d’indemnités, mais une approche globale qui vise l’équité et la cohésion.» Pour ce faire, des fonctionnaires doivent s’attendre à ce qu’on rabote certains avantages, car, a soutenu le ministre : «Un agent public ne peut se prévaloir du maintien de ses droits acquis ». Même si, a-t-il reconnu, l’Etat peut pour des raisons politiques et sociales ménager les susceptibilités des uns et des autres. Sans garantir que ce forum de la Fonction publique sera la panacée à tous les maux, il a indiqué qu’il serait, à n’en pas douter, «un début de solutions».

 

 

 

Hugues Richard Sama

 

 

 

Encadré 1

 

« J’ai un passé et j’aurai un avenir »

 

 

 

Au-delà des revendications corporatistes, la crise qui secoue le département de l’Economie et des Finances a, selon de nombreux observateurs, des relents personnels. En effet, le caractère, dit assurément trempé, de Rosine Sory Coulibaly n’est pas du goût des syndicats dudit ministère qui, pour sûr, rêvent de la voir éjectée de son fauteuil. D’ailleurs, chaque épisode de revendications est accompagné de rumeurs sur sa démission. Interrogée hier sur son avenir au sein du ministère, l’ex-haut cadre du PNUD a lancé : « J’ai un passé et j’aurai un avenir. » Et de s’inspirer de l’exemple de l’ancien président révolutionnaire ghanéen, John Jerry Rawlings, qui a écrit «La vie après le palais» pour indiquer qu’il y a une vie après le pouvoir. Rosine Coulibaly a cité un autre révolutionnaire au cours de cette conférence de presse pour exprimer sa position : «Nous ne voulons pas remettre en cause les acquis. Mais, pour citer Thomas Sankara, nous avons le choix de donner du champagne à quelques-uns ou de l’eau à tout le monde.»

 

 

 

H.R.S.

 

 

 

Encadré 2

 

Les 5 points de la plateforme sur lesquels un accord aurait été trouvé

 

 

 

La restauration de la dotation des agents en carburant de fonctionnement, supprimée par Arrêté n°2017-541/MINEFID/CAB du 26 décembre 2017.

 

La mise en œuvre intégrale de tous les accords conclus entre nos différentes organisations syndicales et le gouvernement

 

Le relogement des travailleurs du MINEFID dans le bâtiment R+4 du MINEFID.

 

L’arrêt des réformes entreprises au sein du MINEFID sans adhésion des travailleurs

 

La résiliation des contrats de vérification des importations avec les sociétés privées

 

Commentaires   

0 #1 Kôrô Yamyélé 06-06-2018 09:13
''Vous aurez vos salaires ce mois, mais je ne vous garantis pas jusqu’à quand''.

- Alors Rosine, commencez à faire vos bagages ! C'est du chantage pour faire peur aux fonctionnaires ! Plusieurs années auparavant cette chanson a été entendue ici ! :lol: :lol: :lol:

Par Kôrô Yamyélé
Citer

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut