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Loi portant Code pénal : Elaborée dans la précipitation, selon l’Opposition

 

Pour sa rencontre hebdomadaire avec la presse, le mardi 5 juin courant à Ouagadougou, le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) a inscrit à l’ordre du jour des échanges trois grands thèmes : la saison pluvieuse et le début de la campagne agricole ; les examens et concours de l’année 2018 ; la situation politique.

 

 

 

 

Face aux journalistes en cette matinée pour éplucher les différents sujets, Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), et son homologue Mamadou Kabré du Parti républicain pour l’indépendance totale (PRIT-Lannaya).

 

Abordant le premier point de l’ordre du jour, le patron du CDP a traduit le regret de l’Opposition politique par rapport aux pluies survenues récemment au Burkina et ayant causé la mort de cinq personnes à Bassinko (Ouagadougou), et occasionné des dégâts matériels à l’intérieur du pays. Tablant sur les prévisions météorologiques qui annoncent de fortes quantités d’eau cette saison pluvieuse, elle se réjouit de constater que cela présage une bonne campagne agricole. Toutefois, l’Opposition appelle le gouvernement à prendre des mesures idoines pour éviter que le cas malheureux de Bassinko se reproduise. Elle l’invite par conséquent à des travaux d’entretien en urgence dans les localités et sur les routes dont les infrastructures ne répondent plus aux normes de qualité.

 

En faveur des agriculteurs, l’Opposition demande aux gouvernants de prêter une oreille attentive aux doléances des organisations des secteurs agricoles et pastorales. Cela, dit-elle, passe par une révolution de la pratique de l’agriculture et de l’élevage pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, et par la création de nouvelles formes d’entrepreneuriat en milieu rural. Il est utile de mettre en place des mécanismes pour accélérer le développement. Il faut donc investir, et les décideurs actuels doivent revoir les politiques d’investissement.

 

Parlant des examens et concours de l’année en cours, Eddie Komboïgo, porte-voix d’une matinée de l’Opposition burkinabè, est revenu sur la réduction de 40% des postes à pourvoir dans la fonction publique en 2018, dénoncée comme un recul grave. La majorité au pouvoir, a-t-il souligné, ne fait rien de sérieux pour promouvoir l’auto-emploi des jeunes et pour une véritable émergence des petites et moyennes entreprises. En clair, l’Etat ne fait pas d’effort pour que ce ne soit plus la seule fonction publique qui absorbe le flux de candidats en quête d’emploi décent.

 

S’agissant des examens scolaires, l’Opposition partage le souci des élèves du Sahel dont les cours ont été perturbés par des attaques à répétition, et les enseignants parfois contraints d’abandonner leurs postes sous la menace terroriste.

 

Pour ce qui est du dernier point de l’ordre du jour, Mamadou Kabré du PRIT-Lannaya qui l’a développé a évoqué le vote du projet de loi du 2 juin dernier révisant le statut de l’Opposition. Ce projet a été initié par le gouvernement, mais les députés de la majorité ont boycotté le texte au moment du vote. L’Opposition s’érige ouvertement contre cet incident qui ne manque pas de poser des questions politiques.

 

Autre sujet au registre parlementaire abordé par l’homme politique, la loi portant Code pénal qui, elle, a été votée le 31 mai 2018. L’Opposition estime qu’elle a été élaborée dans la précipitation, ce qui explique qu’elle comporte de sérieuses insuffisances. Comme il fallait s’y attendre, l’adoption de cette loi, qui supprime la peine de mort, n’est pas passée sous silence : pour Mamadou Kabré, la question de l’abolition de la peine de mort, que prévoit le projet de Constitution de la Ve République en son article 5, n’ayant pas définitivement été tranchée, il était judicieux d’attendre l’adoption de ladite Constitution. Le sujet est suffisamment important pour être évacué par l’adoption d’une loi portant Code pénal, ajoute-t-il. Partant, il est nécessaire d’observer strictement les principes généraux du droit et les conventions auxquelles le Burkina a souscrit, dans le processus d’élaboration et d’adoption des lois et règlements qui vont régir la société. Et le chef du PRIT-Lannaya de conclure qu’ « il faut redonner confiance à tous les citoyens, en évitant de faire des lois qui ciblent des individus ou des situations individuelles ».

 

Pour les orateurs du jour, il fallait associer tout le monde à l’élaboration du fameux texte, notamment les praticiens du droit. Ceux-ci par exemple pouvaient y apporter des améliorations tangibles. Pour eux, la loi sur la peine de mort est très importante pour que ce ne soit qu’un groupe de personnes qui décide de son adoption. Sur la question, ils estiment que la loi doit être impersonnelle. Or ce n’est manifestement pas le cas avec la décision de jeudi dernier, puisque visant purement et simplement quelqu’un qui est dans une situation le mettant face à la justice. Il y a eu insuffisance de concertation alors qu’il fallait un consensus, ont conclu les conférenciers.

 

 

D. Evariste Ouédraogo

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