Naufrage du Joola : Le dossier judiciaire définitivement coulé
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Cette fois c’est définitif, le dossier judiciaire du Joola a coulé pour de bon. La Cour de cassation de Paris a en effet prononcé, le mardi 16 octobre 2018, un non-lieu définitif dans le volet hexagonal de la procédure engagée suite au naufrage du ferry sénégalais qui a fait, le 26 septembre 2002, quelque 2000 morts au large de la Gambie. Parmi les naufragés de ce qui reste la plus grande catastrophe maritime de l’histoire en temps de paix, une vingtaine de Français dont les ayants droit avaient intenté une action en justice.
C’est donc l’épilogue d’une interminable bataille vieille de quinze ans qui vient d’être acté. Quand bien même cette décision serait inique et inacceptable pour l’Association des familles de victimes françaises, elle ne devrait pas la surprendre. Certes six années après le drame, le juge d’instruction avait, en 2008, émis des mandats d’arrêt contre neuf personnalités sénégalaises dont Mame Madior Boye, Youba Sambou, Youssoufa Sakho et le général Babacar Gueye, respectivement chef du gouvernement, ministre de la Défense, ministre des Transports et chef d’état-major général des armées au moment des faits, mais ils avaient finalement été annulés suite aux pressions de Dakar.
Puis en 2014 les magistrats chargés de l’enquête diligentée pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger avaient signé une ordonnance de non-lieu, excipant du fait que «des dispositions internationales» applicables dans le cas d’espèce les empêchaient de poursuivre en France des gens pour des faits intervenus au Sénégal.
Une convention franco-sénégalaise datant de 1974 veut, il est vrai, que les juridictions du pays de la Téranga soient prioritaires sur les homicides qui y sont commis. Un abandon des poursuites logiquement confirmé de ce fait le 17 juin 2016 par la Cour d’appel avant que la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire ne…noie à jamais donc l’affaire ce mardi.
Tous les recours ainsi épuisés, les proches des naufragés n’ont désormais plus que leurs yeux pour pleurer puisque, en 2003 déjà, soit un an à peine après, la justice sénégalaise dans un simulacre de procès avait chargé de tous les péchés du Joola le capitaine de corvette Issa Diarra, le pauvre commandant du cimetière navigant dont l’épave (toujours en attente de renflouement) gît à dix-huit mètres de profondeur. Un bouc émissaire idéal pour expier les fautes de tous, notamment des responsables politico-administratifs qui n’étaient pas censés ignorer que le rafiot de la mort, qui transportait le jour fatidique quatre fois plus de passagers que sa capacité ne l’autorisait, n’avait même pas de certificat de navigabilité en raison de son état peu rassurant.
Que ce soit à Panam ou à Ndakarou, la raison d’Etat et la politique auront donc eu raison de l’opiniâtreté des parents des infortunés, et on a bien peur que l’histoire de ce drame ne soit finalement que celle d’un crime sans châtiment.
Ousséni Ilboudo
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