Insécurité au centre du Mali : La preuve par le rapport de la FIDH
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- 40% de toutes les attaques répertoriées dans le pays ;
- 65% des écoles fermées, dont 264 dans la seule académie de Mopti ;
- 1200 civils tués ces deux dernières années, dont 500 entre janvier et août 2018 ;
- une cinquantaine de villages léchés par les flammes ;
- 30 000 personnes déplacées.
N’en jetez plus !
Si on voulait une preuve supplémentaire de la tragédie qui se joue en ce moment au centre du Mali, on l’a depuis hier avec la publication du rapport de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et de l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH). Un de plus !
En effet, depuis six ans que la guerre dure, les rapports sur la situation sécuritaire du pays se suivent et se ressemblent : aussi apocalyptiques les uns que les autres.
Fin août, un groupe d’experts mandaté par l’Organisation des Nations unies pointait ainsi un doigt accusateur sur d’éminents membres de groupes armés qui, bien que signataires de l’arrangement d’Alger, pactisaient sans scrupule avec les nombreux mouvements terroristes, sur fond de trafic de drogue, de cigarettes et même d’êtres humains. Un double jeu comme dans le cas de Salah Ag Ahmed, maire de Talataye vers Gao le jour et djihadiste la nuit, qui sape les efforts de paix des autorités maliennes et de la communauté internationale, sans que les sanctions promises contre ceux qui font obstacle à la paix tombent véritablement sur lui.
Trois mois après ce document qui mettait à nu les relations troubles entre les différents acteurs de la crise malienne, ce rapport de la FIDH et de l’AMDH vient de nouveau jeter un gros pavé dans le Djoliba aux eaux déjà bien agitées. Ses auteurs critiquent notamment les violations massives des droits humains, assimilables à des crimes de guerre, perpétrées contre les populations dans le centre du pays.
Il est vrai que, depuis deux à trois ans, l’épicentre du conflit parti du nord en 2012 s’est progressivement déplacé vers la région de Mopti qui est aujourd’hui considérée comme la « zone la plus dangereuse du Mali » par les deux organisations, chiffres à l’appui.
Un véritable enfer donc contre lequel Bamako tente désespérément de lutter sans grand succès jusqu’à présent, malgré la foultitude d’accords de paix locaux signés entre les différentes communautés peule, bambara, dogon et bozo. Puisque, faut-il le rappeler, au péril terroristes sont greffés les tensions intercommunautaires rendues encore plus inextricables par la présence de la katiba d’Amadou Koufa, le leader du Front de libération du Macina (FLM), qui appelle les Peuls de tous horizons au djihad. En fait de djihadistes, ce ne sont en réalité que de vulgaires criminels qui se paient sur la bête en prélevant des impôts, en enlevant, torturant, assassinant de pauvres innocents et en s’adonnant à des viols, parfois collectifs.
Et pour ne rien arranger dans cette zone de terreur, les forces armées maliennes (FAMA) s’en donnent elles aussi à cœur joie à ce qu’on a vite fait de surnommer des « caravanes de la mort », faites d’exécutions sommaires et de fosses communes dont six auraient déjà été trouvées dans la région.
Du coup, ce sont les populations qui se trouvent prises en tenailles entre terroristes obscurantistes, miliciens communautaires et armée nationale, devant l’impuissance de l’Etat, de la MINUSMA, de Barkhane et du G5 Sahel qui, hélas, ne parviennent pas à enrayer cette spirale infernale.
On continuera donc pendant longtemps à pondre rapport sur rapport tout en priant Allah, surtout en cette période de Mouloud, d’attendrir les cœurs de ceux qui sèment la terreur et prétendent tuer en son nom.
Hugues Richard Sama
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