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Massacre de Peuls au centre du Mali : Le diable était en tenue dozo

Des jeunes,  des vieillards, des femmes,  des enfants atrocement massacrés ; des animaux éventrés, des cases calcinées, des  greniers réduits en cendres :

 

 

les villages d’Ogossagou et de Welingara, près de la ville de Bankass au centre du Mali présentaient un décor apocalyptique au matin du samedi 23 mars. Une scène à faire frémir d’horreur même les cœurs les plus endurcis. 135 victimes ont été dénombrées dans un bilan provisoire qui pourrait malheureusement s’alourdir car on a recensé de nombreux disparus.

 

48 heures après ces tueries, on se demande quel démon a poussé leurs auteurs à une telle atrocité ? On a beau se triturer les méninges, on accepte difficilement que les sempiternelles querelles entre agriculteurs et éleveurs aient pu conduire à cette sauvagerie indigne du 21e siècle.

 

Hélas, le centre du Mali n’en est pas à une première monstruosité du genre et ces conflits communautaires qui l’endeuillent de manière récurrente sont une sérieuse hypothèque de la communauté de destin qui devrait unir ces populations. N’est-ce pas que ces conflits ont pourri la paix au centre du pays rendant la région plus dangereuse pour les populations civiles que le Nord d’où est partie l’insécurité du fait de la rébellion touarègue et de l’invasion djihadiste ?

 

 Et si le gouvernement malien s’échine, en vain pour l’instant, à faire pousser la graine de la coexistence pacifique entre Dogons et Peuls, c’est que le terrorisme, ici plus qu’ailleurs, a fait des vagues.

 

Il a exacerbé des problèmes latents : ceux des terres cultivables, des pâturages, des pratiques religieuses. Des questions sensibles qui ouvrent rapidement des plaies difficiles à se cicatriser par la suite. Ainsi, il n’est pas sûr que les dernières décisions du gouvernement malien, limogeage de hauts cadres de l’armée, dissolution de la milice d’autodéfense dogon, soient la solution à ces graves problèmes.

 

En effet, c’est connu, au Mali, la communauté peule est indexée, à tort ou à raison,  d’avoir des relations coupables avec les terroristes surtout par le biais du Front de libération du Macina d’Amadou Koufa.

 

Mais, à l’évidence, tous les Peuls ne sont pas des terroristes et il faut dénoncer les amalgames qui conduisent à faire souffrir le martyre de la victime expiatoire  des péchés commis par quelques brebis galeuses à toute leur communauté. Car, rien, pas même les soupçons de pacte avec les terroristes ne justifie de tels massacres. De fait, ces petits pogroms préparent les grands génocides. Voilà la communauté internationale prévenue !

 

 

C’est maintenant qu’elle doit s’investir à circonscrire ce danger en aidant le gouvernement malien à rendre justice aux victimes. Sinon, il est à craindre que la soif de vengeance ne conduise les survivants à intégrer les groupes terroristes.

 

En attendant, c’est le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) au Mali qui prend un sérieux coup avec les massacres de samedi dernier car des jeunes concernés par ce programme étaient présents à Ogossagou et à Welingara. Ces événements pourraient ruiner leur confiance vis-à-vis du  gouvernement avec des effets négatifs sur le processus du DDR. Qu’il a raison ce chercheur malien de dire que tant que les acteurs de ce programme DDR n’auront pas confiance en la capacité de l’Etat à assurer leur sécurité, il sera difficile de leur faire déposer les armes !

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 25 mars 2019 22:41

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