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Un nouveau commandant pour le G5 Sahel: Gazama sera-t-il le Zorro que tout le monde espère ?

Si l’on s’en tient à ses états de service, on peut désormais dormir tranquille. A 56 ans, le général nigérien Oumarou Namata Gazama, qui vient de remplacer le général mauritanien Hanana Ould Sidi à la tête de la force commune du G5 Sahel est présenté comme un soldat qui a crapahuté sur bien des théâtres d’opérations après avoir suivi moult formations et stages de perfectionnement en Afrique  et à travers le monde : cours de perfectionnement des officiers en France, cours d’état-major en Chine, école de guerre au Nigeria, celui qui est parti du bas de l’échelle en tant que simple soldat de 2e classe en 1985 est aussi titulaire d’un master en études  stratégiques de guerre. On doit également à cet officier de cavalerie le redressement de la situation à Bosso où il aurait infligé des pertes énormes à Boko Haram suite à la déculotté de l’armée nigérienne en 2016.

Tremblez donc, terroristes, Zorro arrive ! En réalité, il faut bien plus que ce CV impressionnant pour ramener la paix et la sécurité dans les cinq pays du G5 Sahel dont la force peine, depuis maintenant cinq bonnes années, à s’extirper des sables mouvants du Sahelistan dans lesquels elle est enlisée. Ceux qui pensaient que cette armée transnationale de 5000 hommes, née de la volonté politique de cinq Etats de prendre en charge leur propre sécurité, parviendrait très rapidement à venir à bout de l’hydre terroriste ont donc vite déchanté.

A quoi peut bien servir une armée obligée de quémander l’indispensable nerf de la guerre aux pays nantis jamais avares en promesses, même si leur engagement n’engage bien souvent que ceux qui y croient ? En février 2018  à la table ronde des bailleurs de fonds de Bruxelles, on avait pourtant pensé que le tour de table avait permis de réunir les 420 millions d’euros nécessaires à la mise en route de la machine. Las ! Le 19 juillet dernier à Ouagadougou, à l’issue de la rencontre entre la haute-représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et les ministres des Affaires étrangères des cinq pays membre du G5 Sahel, annonce avait été faite d’une aide additionnelle de 138 millions d’euros, sans qu’on sache si cette enveloppe est immédiatement disponible ou si, comme c’est souvent le cas, elle va encore se perdre dans les labyrinthes bureaucratiques de nos partenaires au développement.

 Problèmes d’argent, retard dans l’acheminement du matériel, absence de mécanisme pérenne de financement de la force conjointe, difficultés de coordination entre armées… Voilà les obstacles qui se dressent devant le G5 Sahel dont l’opérationnalisation avoisinerait les 75%. 75% dont hélas on ne voit pas l’impact sur le terrain, puisque la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader, particulièrement au centre du Mali, où violences intercommunautaires et terrorisme se nourrissent l’un de l’autre, ainsi qu’au Sahel et au Centre-Nord du Burkina où l’opération Ndofou, engagée depuis de longues semaines par les Forces de défense et de sécurité, peine à arracher cette « mauvaise herbe» (1) qui a eu le temps de s’enraciner en quatre années.

Et c’est sur ce champ de bataille que vient de débarquer le ci-devant chef d’état-major adjoint de l’Armée de terre du Niger, dont la seule nomination, on se doute bien, ne suffira pas à résoudre un problème sur lequel ses deux prédécesseurs ont buté avant lui.

Issa K. Barry

 

(1)Ndofou (déraciner en fulfulde)

Dernière modification lesamedi, 27 juillet 2019 15:53

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