Tirailleurs sénégalais : Le prix du sang payé en monnaie de singe
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C’est un peu le débarquement oublié de la seconde guerre mondiale, comparativement à celui en Normandie, opération militaire la plus complexe de l’Histoire, tant du point de vue de la logistique que du renseignement. On oublie en effet qu’il y eut beaucoup d’autres débarquements, notamment celui de Provence, avec cette mémorable participation africaine. En rappel, cette opération a mobilisé 450 000 soldats et était menée par les forces américaines et françaises parties d’Afrique du Nord, de Corse et d’Italie du Sud.
L’objectif militaire était de prendre les Allemands par surprise et de soulager le front de Normandie. Les troupes incluaient 260 000 soldats de la 1re armée française dirigée par le général de Lattre de Tassigny et principalement constituée de soldats venus d’Afrique du Nord et de Subsahariens. Français d’Afrique du Nord, pieds noirs, tirailleurs algériens, marocains, tunisiens, zouaves, spahis, goumiers et tirailleurs sénégalais, mais qui venaient en fait de toute l’Afrique subsaharienne, en étaient les composantes.
« Ces combattants africains, pendant nombre de décennies, n’ont pas eu la gloire et l’estime que leur bravoure justifiait. La France a une part d’Afrique en elle. Et sur ce sol de Provence, cette part fut celle du sang versé », a fait acte de contrition le président français, Emmanuel Macron. Et comme pour réparer cette petite injustice devant témoins, ont été aux premières loges deux présidents africains qui sont Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et Alpha Condé de la Guinée. Ça aura, quelque part, permis de mettre au premier plan la contribution des Africains à la libération de la France.
Malheureusement, malheureusement, malheureusement, le prix du sang a toujours été payé en monnaie de singe. Il a en effet fallu attendre des années pour que la décristallisation des pensions des anciens combattants commence à avoir lieu, après des décennies et des décennies d’injustice dans le traitement entre Africains et Français, alors que la balle, quand elle sifflait, ne faisait pas de différence entre Blancs et Noirs. Comme si cela ne suffisait pas, le rééquilibrage est arrivé après des centaines et des centaines de morts côté anciens combattants.
Et aujourd’hui, quand on voit les difficultés des Africains à aller en France, on ne peut qu’avoir un petit pincement au cœur. On imagine qu’au début de la guerre, quand on faisait la battue dans les campagnes africaines pour enrôler, sans demander leurs avis, de pauvres jeunes paysans qui sont allés pour la plupart servir de chair à canon, on ne leur exigeait point de visa. Aujourd’hui, ce sont des murs et des murs qui s’érigent.
Et pour ne rien arranger, l’image de la France a été rarement aussi mauvaise que ces derniers temps, elle qui était déjà qualifiée de vampire qui suce nos ressources économiques. Pour un euro donné, on ne sait que trop combien retournent dans les mains de ces soi-disant donateurs, si bien que l’on considère la situation du franc CFA comme une anomalie économique. On voit donc qu’il faut plus qu’une commémoration et les opérations d’une force (Barkhane) aux résultats mitigés pour apaiser les cœurs.
Issa K. Barry
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