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Lutte contre le terrorisme : Le G5 Sahel va-t-il élargir son «périmètre de sécurité» ?

Faut-il étendre le « périmètre de sécurité » du G5 Sahel ? La question a toujours taraudé les esprits, et encore plus depuis le week-end écoulé, où en marge du sommet du G7 de Biarritz, une réunion consacrée à l’Afrique s’est tenue en présence notamment du président français Emmanuel Macron, de la chancelière allemande Angela Merkel et de Roch Marc Christian Kaboré, président du Faso et président en exercice du G5 Sahel.

 

 

La nécessité d’un soutien plus vigoureux, principalement en matière d’armement et de formation des forces de défense et de sécurité des pays concernés, s’était tout de suite imposée lors de la naissance de cette armée transnationale. Mais quelque cinq ans après sa création, alors que tout le monde avait applaudi la mutualisation des moyens humains, logistiques et de renseignements, seule option salutaire pour venir à bout de l’hydre terroriste, la force commune est toujours enlisée dans les sables mouvants du désert. L’idée, si généreuse, a vite été confrontée à un obstacle majeur qu’elle n’est jusque-là pas parvenue à surmonter : comme réunir l’indispensable nerf de la guerre, sans lequel toute action est vouée à l’échec.

 

Après de longs mois de tractations interminables, de sommets aux allures de conseils de guerre, que ce soit sur le sol africain, en Europe ou aux Etats-Unis, on avait cru que ce nœud gordien avait fini par être tranché en février 2018 au cours de la table ronde des bailleurs de fonds réunis à Bruxelles.

 

Il faut croire que les engagements pris et les promesses faites devant les caméras n’étaient qu’effet d’annonce, puisque les cinq pays de la ligne de front, après s’être réjouis un peu trop tôt, continuent de promener leur sébile qu’ils peinent à remplir.

 

En juillet dernier, lors de la cinquième réunion interministérielle du G5, Federica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne,  avait d’ailleurs annoncé que l’UE mettait dans la gamelle une enveloppe supplémentaire de 138 millions d’euros.

 

La task force tarde donc à atteindre sa vitesse de croisière alors que le Mali, le Niger et particulièrement le Burkina, présenté aujourd’hui comme le ventre mou de la région, sont presque quotidiennement victimes d’attaques terroristes avec leur corollaire de centaines de morts, civils et militaires, et de milliers d’écoles fermées.

 

Déjà que la « Grande armée sahélienne» peine à décoller pour tailler sérieusement des croupières aux forces du Mal, la question se pose de savoir en quoi  son élargissement à des pays du golf de Guinée, comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Ghana, à travers le « nouveau partenariat pour le Sahel », que propose le couple franco-allemand, peut changer positivement le cours des choses.

 

Certes, les Etats côtiers sont aussi peu ou prou touchés par le fléau. On se rappelle encore les attaques de Grand-Bassam le 13 mars 2016 qui ont fait 19 morts et 33 blessés ou plus récemment l’enlèvement dans le parc de la Pendjari au Bénin de deux touristes français qui seront finalement libérés quelques jours plus tard par les commandos marine français aux confins de la frontière Burkina-Mali.

 

Ne serait-ce que pour ces raisons, l’extension de la ligne de front n’est pas mauvaise en soi. Encore faut-il en connaître les contours précis. Ce qui est loin d’être le cas. Il faudra sans doute attendre le sommet de la CEDEAO, prévu pour mi-septembre à Ouagadougou, et une rencontre franco-allemande avant la fin de l’année 2019 pour voir à quoi va ressembler cette nouvelle trouvaille de « Jupiter », jamais à court d’idées. En attendant, certains observateurs ne manquent pas de pointer une absence de taille dans ce «  G5 élargi », celle de  l’Algérie, considérée comme un acteur-clé si on veut mettre fin au chaos qui règne dans le « Sahelistan ».

 

 

 

Hugues Richard Sama

 

Dernière modification lemercredi, 28 août 2019 18:54

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