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Statut de Kidal au Mali : Pour qui roule la MINUSMA ?

On ne sait quelle mouche l’a piqué ni dans quel état second il était quand il a rédigé son discours et surtout quand il l’a prononcé. En tout cas le chef du bureau de la MINUSMA à Kidal a proprement volé la vedette au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) lors de la tenue de son 4e congrès statutaire du 1er au 3 décembre dernier.

 

M. Christophe Sivillon, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a qualifié le représentant du gouvernement de Bamako à l’ouverture de ces assises de « délégation venue du Mali » à laquelle il a souhaité la bienvenue. Vous l’aurez compris, en disant cela, le chef du bureau de la MINUSMA sous-entend que Kidal n’est pas une ville malienne. L’erreur est monumentale, la bévue énorme au point de mettre toute la classe politique et toutes les institutions du Mali dans tous leurs états.

 

Un tollé d’indignations illustré par la condamnation énergique de l’Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel, qui appellent le gouvernement malien, notamment le président Ibrahim Boubacar Kéita, à prendre ses responsabilités.

 

On n’est pas loin de l’incident diplomatique, que le représentant de la MINUSMA au Mali s’emploie à éviter par une visite au ministre des Affaires étrangères suivie d’un communiqué dans lequel il se fait fort de rappeler que les Nations unies respectent l’unité et l’intégrité territoriale du pays hôte. Insuffisant, juge l’opinion publique malienne, qui exige que Christophe Sivillon soit relevé de ses fonctions. De fait, plus d’un Malien se demande d’ailleurs pourquoi ce diplomate onusien n’a pas été déclaré persona non gratta tant sa déclaration est en flagrante contradiction avec les missions de la MINUSMA : contribuer au retour de la paix et à stabilisation du Mali.

 

Déjà que les Maliens estimaient que la force de la MINUSMA est incapable de protéger les populations dans un contexte d’insécurité grandissante et que le gouvernement de Bamako avait vainement bataillé pour qu’elle ait un mandat plus robuste, les propos du chef de son bureau de Kidal ne pouvaient pas tomber à pire moment. En effet, les plus courroucés par la grande bévue de Christophe Sivillon se font fort de rappeler que c’est un Français, fonctionnaire au Quai d’Orsay, qui ne manque pas d’arrogance ni de jouer au maître de Kidal depuis octobre 2014 pendant que l’armée malienne y est interdite. Voilà qui n’arrange pas l’image de la France, car les accusations sur son double jeu repartent de plus belle.

 

Au demeurant, qu’est-ce que la MINUSMA, en la personne du chef de son bureau de Kidal, est-elle allée faire à un congrès des séparatistes du MNLA au point d’y prendre la parole ? La question se pose, vu que l’objectif de ce congrès, était de réfléchir à une stratégie commune des mouvements sécessionnistes de l’AZAWAD. Du reste, l’une des principales conclusions de ce congrès a été l’appel aux autres mouvements à «fusionner, dans les meilleurs délais, au sein d’une seule organisation politico-militaire» ; par ailleurs que ce congrès du MNLA se soit soutenu après celui du Haut Conseil pour l’unité de l’AZAWAD et une réunion de la «Plateforme», l’autre coalition de mouvements de la rébellion touarègue, signifie qu’on assiste à un branle-bas de combat des sécessionnistes maliens à la veille de la renégociation des accords d’Alger, prévue pour le 14 décembre prochain à Bamako.

 

Que la MINUSMA apporte une caution, ne serait-ce que morale, à des rencontres pour définir une stratégie de partition du Mali est plus que choquant, surtout quand c’est pour y faire des déclarations à la Christophe Sivillon. Alors question : pour qui roule la MINUSMA ?

 

La Rédaction    

Dernière modification lelundi, 09 décembre 2019 22:57

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