Menu

Hirak un an après : Un goût d’inachevé

 

Aujourd’hui cela fait le 52e  vendredi  consécutif que les Algériens descendent dans la rue dans un mouvement de contestation inédit du pouvoir en place. Un an de revendication d’un système politique nouveau, fait de démocratie véritable, en rupture avec le régime de prédation des dinosaures du Front de libération nationale (FLN) et  de leurs affidés dans la haute hiérarchie de l’armée.

 

 

Un an après, que retenir de cette insurrection populaire, lointaine héritière du printemps arabe ? Le régime algérien, tel le roseau de la fable, a plié mais n’a pas rompu. En effet, par le truchement d’une lutte de clans, il a su  trouver des boucs émissaires à l’intérieur du système pour opérer des changements dans la continuité de l’accaparement du pouvoir d’Etat : démission du grabataire président Abdelaziz Bouteflika, arrestation des têtes de proue de son clan dont son frère Saïd Bouteflika, élection présidentielle au forceps, décès du général Gaïd Salah, bref de vieux piliers du régime se sont écroulés mais l’ossature du système reste en place.

 

C’est du moins l’avis des milliers de manifestants qui vont une nouvelle fois arpenter les rues d’Alger ce vendredi pour continuer d’exiger que le système dégage. Pour eux,  ce dernier ruse avec l’intelligence du peuple pour se perpétuer dans un déni de démocratie. Que faire pour ne pas se contenter de ce que certains analystes qualifient déjà de demi-échec de l’hirak, faisant des activistes qui descendent dans la rue depuis un an  des «révoltés assistés» ?

 

Trois dynamiques caractérisent la scène politique, qui tend à se stabiliser avec une rue qui mobilise de moins en moins les Algériens  un an après le début de leur soulèvement : primo, le pouvoir en place essaye de se construire une virginité politique, en affirmant être héritière de l’hirak, et travailler à satisfaire toutes les revendications du peuple insurgé ; secundo, une alliance de partis et d’associations de la société civile s’est engagée le 25 janvier dernier à rassembler les forces des croquants en énergie militante au service de l’action politique pour une alternative démocratique.

 

Cette alliance, appelée Pacte pour une alternative démocratique, ne reconnaît pas la légitimité du nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, et milite pour un gouvernement de transition qui organiserait des élections consensuelles ; tertio, on note l’émergence d’une opposition prête à dialoguer avec le gouvernement Tebboune. Pour elle, le régime du président Bouteflika est bel et bien fini, et les anciens relais du système totalement disqualifiés aux yeux des Algériens. De ce fait, les animateurs de l’hirak doivent participer au renouvellement de la classe politique dans une Transition négociée qui ne serait pas une trahison des idéaux de cette révolution pacifique en marche depuis un an.

 

On le voit bien, l’Algérie  cherche encore la voie de son renouveau politique, et ceux des Algériens qui manifesteront ce 52e vendredi de suite ont de leur révolution civique et pacifique un goût d’inachevé. A  qui la faute ? A l’absence d’une direction politique du mouvement, qui aurait pu susciter un candidat à l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 à l’occasion de laquelle les activistes de l’Hirak auraient déployé leur énergie contestatrice du système en force électorale pour installer au palais d’El Mouradia  un homme neuf. C’eût été le début du renouvellement radical du personnel politique et de la rupture totale avec le système du FLN.

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 23 février 2020 18:38

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut