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Extension de l’IUTS aux primes et indemnités: La riposte graduelle des syndicats

En riposte à l’extension de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) aux primes et indemnités des agents de la Fonction publique pour laquelle elle est vent debout, une coalition de syndicats a annoncé le 26 février 2020 à la Bourse du travail de Ouagadougou des mesures graduelles pour faire reculer le gouvernement. Dès ce matin, les travailleurs sont invités à poursuivre les débrayages et les boycotts sectoriels en attendant, en cas d’échec, une éventuelle marche-meeting le 7 mars et une grève générale du 16 au 20 mars 2020.

 

 

Depuis l’effectivité de l’extension de l’IUTS aux primes et indemnités des agents de la Fonction publique, il est apparu évident que les organisations syndicales qui n’ont jamais caché leur opposition à cette mesure du gouvernement n’allaient pas demeurer les bras croisés. Restait à connaître la réponse qui serait donnée à ce qu’elles appelaient une « provocation ». Pour ce faire, rendez-vous était pris hier après-midi à la Bourse du travail où le collectif syndical de la CGT-B (Confédération générale du travail du Burkina) avait battu le rappel des troupes pour une assemblée générale qui devrait décider de la conduite à tenir les semaines à venir.

Au bout du compte, ce ne sera pas la grève générale et illimitée tout de suite et maintenant, comme certains étaient tentés de croire. En langage militaire, on dirait que le secrétaire général Bassolma Bazié, comme le surnomme la troupe, a choisi de ne pas utiliser immédiatement au combat toute l’artillerie lourde ou du moins, gaspiller ses meilleures munitions. Une stratégie qui pourrait décevoir les va-t-en-guerre de son camp qui, comme il l’a lui-même reconnu, poussaient les syndicats à utiliser sans plus attendre l’arme fatale. « Quand on est un bon chasseur, on n’utilise pas des balles d’éléphants pour chasser des lapins », a-t-il répondu à la foule de travailleurs mobilisés et déterminés à s’opposer à cette ponction. Et de fait, ce sont des balles invisibles que le collectif appelle à utiliser en vue de lancer les hostilités. En effet, Bassolma Bazié  a invité les fonctionnaires à effectuer à partir de ce matin des « frappes chirurgicales, stratégiques et précises ». Que regroupe ce vocable  énigmatique ? Le secrétaire général de la CGT-B n’a pas voulu décoder ce message à la presse. « Si vous avertissez quelqu’un que vous arrivez, il va fuir. Il faut le surprendre. C’est une stratégie syndicale et nous l’avons déjà faite », a-t-il indiqué avant de féliciter « ceux qui ont déjà commencé », et inviter « les organisations qui ne l’ont pas encore fait à entrer en action ».

Sur l’agenda de la lutte est inscrite ensuite une conférence de presse à la Bourse du travail le 3 mars pour faire le point. Si la sommation s’avérait inefficace, une marche-meeting serait organisée sur l’ensemble du territoire national le samedi 7 mars en attendant, éventuellement, une grève générale du lundi 16 au vendredi 20 mars dont le préavis, a indiqué, Bassolma sera déposé aujourd’hui à Kosyam. Et, entre temps, une seconde marche-meeting se tiendrait le mardi 17 mars. Mais ce mot d’ordre, a-t-il prévenu, peut être revu à tout moment en cas de menaces contre les responsables syndicaux. Et si malgré tout, la CGT-B n’obtenait pas satisfaction, la grève générale sera reconduite, a fait savoir Bassolma Bazié.

Cette lutte que les syndicats engagent, a ajouté ce premier responsable syndical burkinabè, qui dénonce la fâcheuse tendance du pouvoir du MPP à vouloir retourner les travailleurs les uns contre les autres, « n’est pas contre qui que ce soit ». Au-delà de la revendication première qui concerne l’IUTS, la plateforme du collectif syndical CGTB qui sous-tend cette action comprend d’ailleurs, a-t-il rappelé, 5 points qui visent à préserver les acquis sociaux de tous. L’impôt à problème dont le collectif réclame la suppression sur les primes et indemnités aussi bien dans le public qu’au privé et au parapublic n’en est qu’un sous-point.

 

« Il y a l’argent dans le pays »

 

Avant que l’orateur le plus attendu du jour ne prenne la parole, le secrétaire général du Syndicat national des agents des finances (SYNAFI), Mohamed Sawadogo, et son collègue du Syndicat national des agents des impôts et domaines (SNAID),  Nongo Grégoire Traoré, ont saisi l’occasion de l’AG pour éclairer la lanterne des travailleurs sur l’application de l’IUTS. Selon le premier, certains agents de la Fonction publique ont dû se réjouir en constatant une diminution de l’IUTS qu’il payait, donc une augmentation de salaire. Mais selon le technicien, leur joie ne sera que de courte durée et ils vont trinquer à la longue comme les autres ; qui plus est, ils devront rembourser l’IUTS qu’ils n’ont pas payé pendant un certain temps. La stratégie de « l’accessibilité et de la progressivité » appliquée par le gouvernement pour rendre l’extension de l’IUTS acceptable dans un premier temps est un piège qui, s’il est toléré, va se refermer, a-t-il expliqué, sur les travailleurs avec, à long terme, de grosses coupures sur leurs salaires.

Parole du premier responsable du syndicat du fisc, si le gouvernement tenait véritablement à renflouer les caisses, il sait où trouver des ressources. Et Nongo Grégoire Traoré de citer notamment le foncier, un domaine dans lequel les pontes du régime ont des intérêts, à l’en croire. Idem pour les grandes entreprises qui doivent du fric à l’Etat et qui ne soldent pas leurs dettes, le secteur de l’importation où la fraude est un sport généralisé et les mines qui ne contribuent pas assez au budget national.

 

Hugues Richard Sama

 

Encadré

Les 5 points de la plateforme revendicative

 

1- Arrêt des mesures de baisse du pouvoir d’achat et amélioration de celui-ci en rapport avec le coût de la vie

2- Arrêt des atteintes aux libertés démocratiques et syndicales

3- Arrêt du pillage des ressources nationales

4- Garantie du droit à la sécurité des populations

5- Le respect et la mise en œuvre des différents engagements pris par le gouvernement vis-à-vis des syndicats des travailleurs

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