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Suivi citoyen de projets routiers: Le verdict du REN-LAC

Retard dans l’exécution des projets, problèmes de dédommagement des personnes affectées, désagréments causés par certains chantiers aux riverains. Voilà autant d’écueils relevés par le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) dans le cadre du suivi citoyen de trois projets routiers de l’Etat qu’il a mené en partenariat avec ses collaborateurs que sont le ministère des Infrastructures et le Projet de gouvernance économique et de participation citoyenne (PGEPC). L’atelier de restitution de cette enquête a eu lieu le 21 février 2020 à Ouagadougou.

 

 

De l’avis de tous, c’est une collaboration qui n’a pas été des plus simples au départ. Entre le REN-LAC et le département des Infrastructures, accusé, au mieux de laxisme, au pire de pratiques peu orthodoxes, la confiance n’a pas toujours été au rendez-vous. Mais tout est bien qui finit bien. Selon les précisions du secrétaire exécutif de l’organisation de lutte contre la corruption, Sagado Nakanabo, il ne s’agit pas d’ « espionnage », comme certains ont été tentés de le croire, mais d’un  simple regard citoyen. La tâche du REN-LAC consistant, a-t-il expliqué, à vérifier si ce qui a été prévu au départ est effectivement ce qui a été réalisé au bout du compte. Le tout dans l’intérêt du citoyen, qui se doit d’être informé  des grands projets, mais aussi dans celui de l’Etat, puisque in fine, ce travail vise, le cas échéant, à permettre aux acteurs de recadrer le tir pour des infrastructures de qualité. Vincent de Paul Dabiré, conseiller technique au ministère des Infrastructures, s’est félicité lui aussi de ce partenariat gagnant-gagnant. «C’est une bonne collaboration. On a besoin de cet accompagnement afin d’avoir un autre œil sur tout ce qui est infrastructures que nous réalisons et qu’on nous donne  des avis afin qu’on puisse se rattraper  s’il y a lieu de le faire», a-t-il salué, avant d’assurer que les recommandations issues de l’atelier  «recevront des réactions à la hauteur des attentes des acteurs ». Et des recommandations justement, il n’en manque pas : de nombreux griefs ou été faits par le REN-LAC. Pour cette deuxième activité de suivi-évaluation, après la première qui a eu lieu en 2018, trois projets routiers ont été passés au peigne fin: la section urbaine de la RN4 allant du croisement de la RN4 avec l’avenue de la Liberté à l’échangeur de l’Est (communément appelée route de l’hôpital), la route Manga-Zabré ainsi que celle Kantchari-Diapaga-Tansarga- Frontière du Bénin. Les enquêteurs se sont aussi intéressés aux  chantiers du 11-Décembre 2019 à Tenkodogo.

Le  verdict du Dr Mafing Kondé, personne-ressource du REN-LAC et chargé du suivi des projets, est cinglant : « On observe un grand retard sur tous les chantiers. Il n’y a pas de chantier en règle aujourd’hui, c’est une évidence. Prenez la route qui passe devant l’hôpital : ça fait deux ans de retard et elle n’est pas encore finie. Manga-Zabré, on a donné une rallonge jusqu’en août alors que ça devait être fini depuis 2019 »,  a-t-il constaté. Sur le projet routier à l’Est, le retard est tout aussi palpable : « Là-bas, il y a deux lots. Le premier semble avancer avec SOROUBAT, mais en saison de pluies, l’entreprise arrête le boulot alors que le travail est prévu pour un délai précis, y compris pendant la saison pluvieuse. Le deuxième lot, qui va de Diapaga jusqu’à la frontière du Bénin, ça c’est 0% de démarrage. Et les gens évoquent la question de l’insécurité. Question : pourquoi SOROUBAT est là avec l’insécurité et pas vous ? »

Au delà des retards,  Mafing Kondé évoque également la question des dédommagements des personnes affectés par le projet. En principe, la plupart des bailleurs de fonds exigent que tous ceux qui sont affectés soient dédommagés avant  le moindre vrombissement de machine, ce qui n’est généralement pas le cas. Il note en sus que les travaux « ne tiennent pas compte des populations » avec les nuages de poussière qui embaument les riverains et l’absence de  voies de déviation. Le travail du REN-LAC a aussi mis en évidence le retard de certains prestataires comme l’ONEA et la SONABEL quand il s’agit de déplacer leur réseau, ce qui, selon Mafing Kondé, donne des « prétextes » aux entreprises pour arrêter souvent les travaux. A l’en croire, au-delà des projets routiers, le suivi des chantiers devrait concerner, dans les années à venir, toutes les autres infrastructures de l’Etat, comme les écoles et les centres de santé.

 

Hugues Richard Sama

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