Experts électoraux CEDEAO : 3 mousquetaires au chevet de la Guinée
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Ils ont débarqué hier mardi 3 mars 2020 à Conakry.
Trois ingénieurs informaticiens de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui sont : le Burkinabè Nouroudina Tall, Moussa Abdou et Amangoua Lookensey. Ce trio d’experts a été commis par l’organisation sous-régionale ouest-africaine pour auditer le fameux fichier électoral, l’une des principales pommes de discorde entre les protagonistes de la crise politique qui secoue le pays depuis d’interminables mois.
L’arrivée de ces trois mousquetaires intervient après la décision du président Alpha Condé de reporter légèrement le double scrutin législatif et référendaire qui devait avoir lieu le dimanche 1er mars dernier après moult reports.
Si une date précise n’avait pas été proposée par le pouvoir guinéen, il avait à tout le moins fixé une échéance de deux semaines.
A l’évidence, ce nouveau délai ne pourra pas être tenu. Cela, pour la bonne raison que les experts venus au chevet de la Guinée ont une dizaine de jours pour tenter de « déviruser » le fichier électoral, particulièrement corrompu.
Le diagnostic avait en réalité déjà été posé en 2018 quand une mission de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), de l’Union européenne et des Nations unies avait, à la demande des responsables guinéens, effectué le check-up du précieux document et conclu à l’existence de près de 2,5 millions d’électeurs « problématiques » constitués de doublons, de mineurs et même de cadavres. Alors, des remèdes avaient été prescrits pour aseptiser le corps électoral ; une thérapie qui ne semble pas avoir été appliquée jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle mission de l’OIF qui a séjourné dans le château d’eau de l’Afrique du 10 novembre 2019 au 7 février 2020. Trois mois donc pour constater que les choses n’avaient vraiment pas bougé, ce qui a conduit l’organisation francophone à annoncer son retrait pur et simple du processus électoral.
Il faut donc espérer que les experts de la CEDEAO pourront aider à résoudre le problème.
Mais à ce problème technique s’ajoute un autre plus « problématique », parce que politique, et là ce n’est plus une affaire de techniciens mais d’acteurs politiques guinéens. Or, le locataire du palais Sékhoutouréya et ses opposants ne discutent plus que par manifestations interposées depuis que le Pr Alpha Condé est suspecté de vouloir faire son référendum constitutionnel pour se taper un troisième mandat.
Et le temps presse pour lui puisqu’à partir du 21 avril, il ne pourra plus rien faire en vertu des Chartes de l’UA et de la CEDEAO, qui proscrivent, depuis un certain temps, toute relecture des textes électoraux majeurs moins de six mois avant tout scrutin.
Autant dire que le compte à rebours joue contre l’ancien opposant historique, qui rêve lui aussi d’un règne ad vitam aeternam.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le mois de mars sera celui de tous les dangers : ça passe ou ça casse.
Alain Saint Robespierre
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