Limogeage Pr Martial Ouédraogo: Un bouc émissaire pour expier les péchés de tous ?
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« Le plus grave est que jusqu’à preuve du contraire, aucune tête n’est tombée alors qu’on se serait attendu à ce que certains responsables tirent eux-mêmes les conséquences de leurs propres actes ».
Voilà ce que nous écrivions dans l’édition d’hier sur la gestion du Covid-19 au Burkina Faso, particulièrement sur le mystère qui entoure encore le décès de la députée Rose-Marie Compaoré/Konditamdé. Plus d’un mois après la mort, dans la nuit du 17 au 18 mars 2020, de celle qui a été présentée officiellement comme le premier cas de décès lié à la pandémie, le coronavirus vient de faire sa première victime extrahospitalière et pas n’importe laquelle : le professeur Martial Ouédraogo, coordonnateur national du Comité de réponse à la pandémie, a en effet été débarqué hier par le Conseil des ministres, à la grande satisfaction d’une bonne partie de l’opinion qui l’a toujours accablé, à tort ou à raison, des carences et dysfonctionnements qui ont souvent fait les choux gras des médias classiques et des réseaux sociaux. Il faut dire que, dès sa nomination, pour diverses raisons, il a été sur la sellette jusqu’à son débarquement. Pourtant, le natif de Kombissiri avait plus d’une corde à son arc : professeur titulaire de pneumo-phtisiologie, pneumologue clinicien, enseignant- chercheur, expert près la Cour d’appel de Ouagadougou et allergologue clinicien. Sur les plans national et international, l’éminent professeur a occupé de hautes fonctions (président du comité technique du Programme national tuberculose du Burkina, président de la Société burkinabè de pneumologie et vice-président de la Société africaine de pneumologie de langue française).
Sans doute qu’en tant que patron du Comité de réponse, il a une grande part de responsabilité dans les insuffisances supposées ou réelles qui font aujourd’hui le buzz. Mais il semble difficile de ne pas croire que le gouvernement s’est contenté de faire sauter le fusible idéal qu’il était, pour sauver tout le système. Autrement dit, le professeur Martial Ouédraogo n’est-il pas le bouc émissaire sacrifié pour expier les péchés de tous ? À moins que ce ne soit juste pour donner l’illusion au bon peuple qu’on a entendu ses complaintes !
Une chose est sûre, il faudra bien plus que son remplacement par le Dr Bicaba pour restaurer la confiance au sein des populations et corriger les lacunes responsables des avaries qui ont pu enrailler le fonctionnement de la machine de guerre contre ce virus à couronne qui donne le tournis à bien des gouvernants à travers le monde.
Pour tout dire, au-delà du limogeage du Pr Ouédraogo, il faut que les autorités politiques et sanitaires, à commencer par le président du Faso et la ministre de la Santé, fassent un diagnostic sans complaisance des deux premiers mois de lutte, en vue de prescrire la thérapie qui sied pour la suite du traitement. Sinon on aura évincé Martial Ouédraogo pour rien.
H. Marie Ouédraogo
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