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Les Humeurs de Barry : Tu veux le cachet de la Présidence ? Va au Premier ministère !

«Le ministre d’Etat, ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale, le ministre de la Sécurité, le ministre de la Santé, le ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière et le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’application du présent décret qui sera publié au Journal officiel du Faso. Ouagadougou, le 30 avril 2020. Signé : Christophe Marie Joseph Dabiré».

 

Tel était en effet la formule de la fin du décret signé par le Premier ministre, le 30 avril dernier, pour annoncer la levée de certaines mesures portant restriction de libertés pour faire face au coronavirus.

Comme vous l’aurez remarqué, il était paraphé par sept signataires. Dans le fond, cette fatwa gouvernementale ne souffre aucune ambigüité. Mais où se trouve alors le problème ? peuvent à juste raison s’interroger ceux qui l’ont parcouru sans chercher la petite bête… sauf qu’ici elle est assez grosse quand même : le couac, c’est le cachet qui y a été apposé et qui donne l’ultime onction administrative au document : il est celui du Président du Faso alors que l’arrêté a été signé par le chef du gouvernement.

C’est vrai qu’aussitôt après, la Primature a fait acte de contrition dans une excuse plate qui dit ceci : « Nous avons constaté, avec regret, que dans le décret (…) du 30 avril portant restrictions au titre des mesures de lutte contre la pandémie du Covid-19, le cachet du Président du Faso a été apposé en lieu et place de celui du Premier ministre. C’est une erreur qui s’est glissée malheureusement dans le circuit du traitement du texte. Tout en présentant nos sincères excuses au public…». N’en déplaise, le mal était déjà fait, et les interrogations sont parties en vrille. Le cachet de la Présidence du Faso se trouve-t-il donc au Premier ministère ?

Le plus grave dans cette bévue est que rien se semble justifier ce dilettantisme aux plus hauts sommets de l’Etat. Nous sommes sous les tropiques où les rêves secrets de chacun sont jugés à l’aune de ses comportements, même les plus insignifiants. Si l’on faisait un peu dans la psychocritique en effet, on pourrait se demander quel est le «lapsus» qui pourrait se cacher derrière ce crime de lèse-majesté du chef du gouvernement, lui qui a certainement signé le document concocté par ses techniciens les yeux fermés. Ça vous rappelle une autre affaire tout aussi rocambolesque qui a récemment défrayé la chronique. Mais si ! Mais si ! Un ange aux ailes chargées de virus à couronne s’envole…

Pareilles erreurs dans des dictatures féroces, à l’image de celle qui règne chez Kim Jong Un, se paient cash et très cher. On a vite fait de dresser l’échafaud. Encore heureux pour notre Premier ministre. Vu son âge et son manque d’envergure politique, difficile est-il de lui prêter l’ambition de penser au fauteuil présidentiel tous les matins en se rasant. Imaginons un tant soit peu que notre regretté Talleyrand des tropiques, Salif Diallo, ou même un Simon Compaoré, qui n’est pas à un coup de pied près dans la fourmilière se soient permis de se servir, même par inadvertance, du cachet présidentiel. Ç’aurait été vite parti pour les conjectures ; et il n’est pas exclu que Rocco la victime aurait consulté son « marabout de Nouna » pour parer à toute éventualité.

 

Issa K. Barry

Dernière modification lemercredi, 06 mai 2020 21:53

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