Menu

« Antenne directe » de la RTB : « Le Burkina a totalement dérapé en matière de salaires »(Lassané Kaboré, ministre de l’Economie et des Finances)

 

Le ministre de l’Economie et des Finances était l’invité de l’émission Antenne directe de la radio nationale le 27 juin dernier. Lassané Kaboré a, durant deux heures, fait le tour de la situation économique marquée par la covid 19 et le front social qui entend entrer de nouveau en ébullition. 

 

 

 

 

C’est à croire que tous ceux qui tenaient les cordons de la bourse nationale s’étaient donné rendez-vous dans la salle de conférences du haut-commissariat de la province des Balé, où avait lieu l’enregistrement de l’émission, diffusée en direct. Outre le principal invité, étaient présents les ministres déléguées en charge respectivement du Budget et de l’Aménagement du territoire, Clémence Yaka et Pauline Zouré,  les directeurs généraux des Douanes, des Impôts, du Trésor et plusieurs autres responsables et agents de services techniques et déconcentrés du ministère.

 

 

La question qui taraudait plus d’un esprit, c’était le choix de la ville de Boromo pour accueillir cette émission phare de la radio nationale. Comme le veut la règle, c’est l’invité qui décide du lieu où il souhaite recevoir Sey Baoula et Jean Gilbert Ronga, les deux animateurs. La question a été posée à Lassané Kaboré à la fin de l’entretien. « Les Balé, c’est ma province. J’ai voulu faire un clin d’œil à Boromo et à l’ensemble des villages y rattachés. C’est ici que j’ai fait l’école primaire, que j’ai fait mes premiers pas », dira celui qui a succédé à Rosine Coulibaly à la tête du MINEFID en janvier 2019. Une mission qu’il ne regrette pas d’avoir acceptée malgré quelques insomnies causées par  la situation sécuritaire qui s’est davantage dégradée au fil des mois.

 

 

En ce qui concerne l’économie nationale, elle va bien, assure Lassané Kaboré, ou plutôt allait bien avant que le coronavirus ne pointe le bout de son nez : en 2019, le pays enregistrait en effet une croissance de l’ordre de 5,7%, soit la troisième meilleure performance de la zone UEMOA.

 

 

Alors qu’en 2020 on était parti pour faire encore mieux avec 6,3%, cette fois-ci, selon les projections, la pandémie de covid 19 et ses graves conséquences socio-économiques poussent à moins d’optimisme, et la croissance devrait se chiffrer à environ 2,8%.

 

 

Plus spécifiquement, l’Etat va perdre environ 300 milliards de francs de recettes cette année. Mais, à en croire le ministre, la relance économique, déjà enclenchée, devrait permettre de limiter les dégâts à 230 milliards de francs de perte.

 

 

Le grand argentier a précisé que le plan de riposte socio-économique  de 294 milliards annoncé en avril par le chef de l’Etat devrait s’étaler sur trois ans. Sur cette cagnotte, 70 milliards serviront à accompagner les entreprises. Foi de l’invité d’Antenne directe, le secteur informel ne sera pas un laissé-pour-compte. Le gouvernement entend injecter des sous dans les fonds existants pour offrir des solutions de financement adaptées à cet important pan de l’économie. Dans la même veine, l’Etat va bientôt procéder au paiement de 70% des salaires des travailleurs des secteurs sinistrés, comme la restauration, pendant trois mois.

 

 

Concernant le volet social de la riposte, l’invité de radio Burkina a informé que ce sont 90 milliards qui sont décaissés pour accompagner la résilience. On peut y compter comme mesures la gratuité de l’eau et de l’électricité, la distribution gratuite ou la vente à prix social de vivres et les transferts d’argent à des ménages vulnérables.

 

 

Pendant que l’Etat a dû revoir ses priorités et a été obligé de mettre une croix sur certains investissements, jugés non essentiels, la fronde sociale repart de plus belle après la trêve-covid. Les syndicats ayant déjà annoncé un meeting le 4 juillet et une grève générale les 8 et 9 juillet 2020. Le principal casus belli avec l’exécutif reste l’extension de l’IUTS aux primes et indemnités des travailleurs de la fonction publique. Tout en affirmant que le gouvernement est toujours dans une logique de dialogue avec ses partenaires sociaux, le ministre de l’Economie constate que le Burkina est l’un des pays qui a le plus « dérapé » en matière de masse salariale. Pour appuyer ses dires, la ministre déléguée chargée du Budget, Clémence Yaka, a indiqué que la masse salariale est passée de 400 milliards en 2015 à 950 milliards en 2021 (selon les prévisions). La remise à plat des salaires, qui est présentée comme la solution pour ramener cette masse à un niveau acceptable et réduire les inégalités entre les travailleurs, avance bien, selon le grand argentier. La relecture de certaines rémunérations, a-t-il expliqué, passe nécessairement par la modification des lois organiques. Lassané Kaboré a aussi évoqué au cours de cette émission, où les auditeurs ont pu intervenir en posant leurs questions au téléphone, la question de la modernisation de l’administration. Un processus qui a déjà permis la dématérialisation de nombreux actes douaniers et fiscaux, réduisant ainsi la corruption.

 

 

Le directeur général adjoint de la douane, Alassane William Kaboré, fait l’objet d’une enquête judiciaire pour des faits présumés d’enrichissement illicite, délit d’apparence et blanchiment, et d’aucuns se demandent pourquoi l’intéressé n’a pas été relevé de ses fonctions. Pour le ministre de l’Economie et des Finances, le mis en examen bénéficie toujours de la présomption d’innocence, et il attend de voir l’évolution du dossier pour étudier la possibilité de prise d’une mesure conservatoire.

 

 

 

Hugues Richard Sama

 

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut