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Sommet CEDEAO sur le Mali : Une «mission urgente» pour libérer Ibrahim Boubacar Keita

 

Le jeudi 20 août 2020, alors que la junte militaire au pouvoir à Bamako au Mali a déjà amorcé des concertations avec les différentes couches de la population en vue de constituer le conseil qui dirigera la transition, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), eux, étaient réunis en sommet extraordinaire par visioconférence. A l’issue de leur conclave, qui aura duré plus de trois heures, les présidents de l’espace sous-régional ont décidé, entre autres, de l’envoi d’une « mission urgente » sur les bords du Djoliba avec pour tâche d’obtenir la libération «immédiate et sans conditions» d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) et de tous les officiels détenus jusque-là.

 

 

 

 

72 heures après le coup de force de la junte militaire qui a mis fin au bras de fer qui opposait le gouvernement malien au Mouvement du 5-Juin (M5RFP), la vie à Bamako reprenait, peu à peu, son cours normal. Après la rencontre avec les secrétaires généraux des ministères, les membres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) ont entamé des pourparlers avec les représentants de certaines associations et de regroupements de partis politiques au camp Soundjata à Kati, ville garnison située à 15 km de la capitale. L’objectif étant de constituer le conseil qui gèrera la transition politique civile. C’est dans cette atmosphère que le pays recevra dans les moments à venir une « mission urgente » pilotée par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, celui-là qui avait initié une médiation qui n’a produit les effets escomptés, et le ministre nigérien des Affaires étrangères, Kalla Ankaraou, en sa qualité de président du Conseil des ministres de la CEDEAO. Ces émissaires s’y rendront en vue d’obtenir la libération du président IBK et des autres autorités détenues jusque-là par les putschistes. Ils ont été également chargés de faire une évaluation de la situation de façon « urgente » afin d’en rendre compte à leurs mandants. C’est ce qu’ont décidé les chefs d’Etat de l’institution sous-régionale.

 

Ce sommet, selon le ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la Coopération, Alpha Barry, a, à cette occasion, réaffirmé les sanctions qui ont été déjà énoncées dans le communiqué de la présidence de la Commission de la CEDEAO. « Il a décidé du maintien de la fermeture des frontières ainsi que du blocus économique et financier, à l’exception de certains produits comme l’électricité, le carburant et les denrées de première nécessité, et cela pour des raisons humanitaires. Le carburant pour tenir compte de la situation sécuritaire du pays parce que les forces armées maliennes en ont besoin pour faire face à la menace sécuritaire. Et l’électricité pour que le pays continue à fonctionner », a expliqué le chef de la diplomatie burkinabè. L’autre point sur lequel ont insisté les chefs d’Etat est le retour à l’ordre constitutionnel dans le but de « donner un signal fort aux putschistes de Bamako et à tous ceux à qui viendrait l’idée d’organiser un tel putsch ».

 

 

 

Le Burkina très préoccupé

 

 

 

Alpha Barry a ajouté que le Burkina Faso était déjà très préoccupé par la situation sociopolitique qui prévaut au pays de Soundjata Kéita bien avant l’immixtion des militaires sur la scène politique. Il a confié que le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, était régulièrement saisi de la question, puis contribuait de façon « discrète » à tous les efforts de médiation en vue de rapprocher les différentes parties impliquées dans la crise. Le coup d’Etat consommé, le premier des Burkinabè serait en contact avec ses pairs et certains partenaires étrangers, africains et internationaux, dans le but d’y trouver une solution appropriée. « De nos jours, tout ce qui se passe au Mali est pris avec beaucoup d’attention chez nous, étant donné que nous avons hérité de beaucoup de situations venues de ce pays voisin. Nous devons rester vigilant de sorte que la situation qui y prévaut n’aggrave pas notre situation intérieure. Nous souhaitons que la raison puisse y prévaloir afin que le pays ne sombre pas davantage », a-t-il dit.

 

« Au sortir de ce sommet extraordinaire, est-ce que la position des chefs d’Etat, c’est la libération d’IBK ou  son retour aux affaires ? ». «Les présidents ont insisté sur l’envoi d’une mission urgente parce que nous sommes préoccupés par le sort du président Ibrahim Boubacar Kéita et de tous les officiels qui ont été arrêtés et sont détenus par la junte militaire. Les chefs d’Etat ont aussi insisté sur le retour à l’ordre constitutionnel, il n’y a pas qu’eux. Il y a aussi l’Union africaine, les Nations unies et tous nos partenaires bilatéraux à travers le monde », a répondu le ministre Barry dont la réaction n’a visiblement pas empêché une question similaire : « Vous dites un retour à l’ordre constitutionnel, est-ce que la position de la CEDEAO, c’est le retour en selle du président IBK ou sa démission est actée ? » « La mission urgente a pour mission non seulement d’obtenir la libération immédiate et sans conditions du président Kéita mais aussi d’évaluer la situation afin de rendre compte aux chefs d’Etat qui vont se réunir lors d’un autre sommet en visioconférence, dans une semaine, pour apprécier », a-t-il précisé.      

 

 

Aboubacar Dermé

Dernière modification lemercredi, 26 août 2020 22:18

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