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ADO chez Macron : Une photo qui vaut adoubement ?

 

En temps normal, c'est une visite qui serait passée presque inaperçue. Que ce soit en visite privée ou officielle, Alassane Ouattara est si fréquent en France que ses séjours dans ce pays ne constituent pas un événement. Sauf que là le déplacement qu'il effectue actuellement dans l'Hexagone prend une dimension particulière à seulement 2 mois de la présidentielle ivoirienne du 31 octobre prochain.

 

 

Lors de ce séjour, il aura en principe aujourd'hui un tête-à-tête avec son homologue Emmanuel Macron, et Dieu seul sait si la traditionnelle photo sur le perron de l'Elysée entre les deux chefs d'Etat va faire des vagues sur les bords de la lagune Ebrié et sera scrutée et disséquée par les différents camps.

 

Il effectue en effet ce déplacement avec une importante délégation ministérielle  et des personnalités  de son parti alors que sa candidature à un troisième mandat continue de diviser la classe politique ivoirienne.

 

Pour ses partisans, l'indispensable ADO n'avait pas d'autre choix pour « sauver la patrie » et sans doute aussi l'unité du RHDP que de se jeter de nouveau dans la bataille électorale après la mort subite de son premier ministre et dauphin désigné, Amadou Gon Coulibaly, le 8 juillet dernier. Qu'importe qu'il eût promis auparavant de faire valoir ses droits à la retraite politique, « les circonstances exceptionnelles » liées à la disparation d'AGC justifient pleinement aux yeux des adolâtres ce parjure  présidentiel.

 

Ses contempteurs, eux, pointent du doigt l'inconstitutionnalité de sa nouvelle candidature qu’autoriserait la Constitution modifiée par voie parlementaire cette année. En prévision de l'escapade parisienne, de nombreuses voix s'élevaient d'ailleurs à Abidjan pour demander au locataire de l'Elysée de dissuader son hôte du jour de briguer un « mandat de trop ». Pour sûr, le camp présidentiel verra dans le simple fait d'accueillir leur champion sur les bords de la Seine un adoubement qui ne dit pas son nom.

 

En vérité, qu'on soit pro ou anti Ouattara, il y a en ce moment comme une mentalité de néocolonisé au pays de Félix Houphouët-Boigny. Sinon quel besoin ont Pascal Affi N’Guessan, Henri Konan Bédié, Guillaume Soro et tutti quanti de demander à un président étranger, soit-il français, de foutre son nez dans une affaire ivoiro-ivoirienne qui, a priori, ne le regarde pas, nonobstant les énormes intérêts économiques français dans ce pays ? Il y a comme une forme d'infantilisme dans cette attitude de nos hommes politiques, pas seulement en Côte d'Ivoire, à vouloir une chose et son contraire. Quand l'ancienne puissance tutélaire s'intéresse de trop près à nos affaires, se piquant même parfois de donner des leçons, on parle d'ingérence inacceptable et on crie haro sur le baudet, pardon sur le Coq gaulois. Et quand elle évite de s'immiscer dans nos africanneries ou fait mine de s'en désintéresser on se plaint également. Il va falloir qu'on sache ce qu'on veut, et l'opposition ivoirienne a bien tort de s'en remettre à Jupiter si elle ne peut pas elle-même régler à l'interne «le problème ADO».

 

Comme on dirait là-bas, ils veulent attraper leur serpent avec les mains de Macron, et ce dernier devrait bien se garder de jouer le jeu.

 

 

Abdou Karim Sawadogo

Dernière modification ledimanche, 06 septembre 2020 18:16

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