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Réélection Akufo-Addo: Le pacte de paix à l’épreuve du terrain

Initialement attendus le lendemain des élections présidentielle et législatives au Ghana, les résultats de la course à la magistrature suprême sont finalement tombés hier mercredi 9 décembre, soit deux jours après le double scrutin. Selon le décompte provisoire de la commission électorale, c’est le candidat du Nouveau parti patriotique (NPP) Nana Akufo-Addo qui décroche la victoire pour un second mandat de quatre ans avec 51,59% des suffrages contre 47,36% à son challenger John Dramani Mahama du Congrès national démocratique (NDC). Comme on le voit, c’est par un score serré que l’actuel locataire de « Flagstaff House » rempile pour un second bail au grand dam de son rival de toujours. Il faut dire qu’entre les deux leaders politiques, la partie s’est invariablement jouée dans un mouchoir de poche. En 2012, c’est John Dramani Mahama qui l’avait remporté sur le fil avec 50, 7% des voix avant que Nana Akufo-Addo ne prenne sa revanche en 2016 avec 53,8% des suffrages.

Il faut cependant dire que même si nombreux étaient ceux qui se sont félicités du bon déroulement dans le calme et une relative sérénité, beaucoup ont déchanté en apprenant que la compétition aux apparences si fair-play, n’avait pas été aussi saine qu’on aurait pu le croire ; car dans l’intervalle entre la tenue du scrutin proprement dite et la proclamation des résultats provisoires, les services de sécurité ghanéens ont enregistré une soixantaine d’incidents au cours desquels au moins 5 personnes ont été tuées et une vingtaine d’autres blessées.

Pourtant, chose inédite sous nos cieux, les deux principaux candidats avaient signé un pacte de paix dans lequel ils s’engageaient respectivement à reconnaître les futurs résultats de la présidentielle. Mais vu les derniers développements, rien n’incite à l’optimisme. Déjà, sur la base des résultats partiels (7 régions sur 16) qui donnaient John Dramani Mahama en tête, ce dernier a prévenu qu’il « résisterait à toute tentative de vol du scrutin » qualifiant au passage le président sortant d’ « antidémocratique ». Maintenant que la tendance s’est inversée, on se demande quel accueil le leader du NDC réservera à cette nouvelle donne, lui qui revendique par ailleurs la victoire aux législatives tandis que le parti au pouvoir qui ne l’entend pas de cette oreille, se prépare pour la bataille du prétoire.

Alors, que va nous réserver le Ghana, qui depuis le renouveau démocratique africain, fait figure de bon élève en matière d’alternance politique pacifique, devenant ainsi la black star de la démocratie à l’africaine.

Espérons que le choc des ego associé aux vieilles rancœurs n’auront pas raison du gentleman’s agreement signé quelques jours avant l’ouverture des hostilités ; car si même le Ghana devait basculer dans les eaux fangeuses des crises post électorales, ce serait toute l’Afrique qui verrait s’éteindre une des étoiles les plus resplendissantes de son firmament.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification ledimanche, 13 décembre 2020 18:59

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