Explosion site aurifère de Gongombiro : Le cocktail explosif de l’incurie et de l’insouciance
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Vingt-quatre heures après, c’était toujours la consternation et de nombreuses questions sans réponses. Le lundi 21 février 2022, le ciel est tombé sur Gbomblora, précisément sur Gongombiro, petite localité de la province du Sud-Ouest, où l’explosion d’un site aurifère artisanal a fait, selon le dernier décompte, 63 morts et plus de 70 blessés dont certains très graves, de sorte que le bilan pourrait s’alourdir davantage.
Que s’est-il passé en ce lundi noir pour qu’on assiste à une telle hécatombe ? Ce qu’on sait pour l’instant, c’est que tout serait parti d’un incendie qui s’est déclaré sur le site d’orpaillage de Gongombiro. Le feu s’est ensuite propagé à une vitesse infernale, touchant ainsi de nombreuses échoppes, notamment un magasin où étaient entreposés des explosifs qu’utilisent généralement les orpailleurs, et la déflagration qui a suivi aura laissé peu de chance à ces pauvres hères pris au piège. Le décor apocalyptique, avec ces arbres arrachés et projetés à des dizaines de mètres, les corps démembrés et carbonisés, en dit long sur la violence de l’explosion.
Dès hier mardi, le gouverneur de la région du Sud-Ouest a décidé de la fermeture dudit site et une enquête, dont on espère qu’elle fera la lumière sur cette tragédie sans précédent dans l’histoire de l’orpaillage au Burkina Faso, a même été ouverte. Sans précédent, certes, au regard du nombre de victimes, mais hélas pas inédite dans la mesure où ce n’est pas la première fois que ce genre de drame se produit sur les mines « Caffoulmayé ». On se le rappelle encore, en août 2006, un drame similaire s’était produit à Poura où à la mine qui était jadis exploitée par la SOREMIB, des dynamites couramment appelées «farawoué (déformation de fire away en anglais)» ont provoqué une détonation ayant entraîné l’effondrement des galeries, les transformant en tombes communes pour des dizaines de suppliciés.
Quand ce ne sont pas des explosions comme celle-ci, ce sont des éboulements comme celui survenu en décembre 2013 sur un site d’orpaillage à Bagassi, une commune rurale située à environ 210 kilomètres à l’ouest de la capitale Ouagadougou, où 15 personnes ont péri, ou encore celui en février 2021 du site artisanal dans le village d’Imyiré, à une trentaine de kilomètres de Kongoussi, qui a causé la mort de personnes et fait autant de blessés, qui plongent de nombreuses familles dans l’affliction.
Quoi qu’il en soit, dans un cas comme dans l’autre, ces drames sont la conséquence du cocktail explosif de l’incurie de la puissance publique, qui ferme les yeux pour jouer ensuite les médecins après la mort, du désordre des installations propices aux incendies et de l’insouciance quasi suicidaire des chercheurs d’or qui trouvent parfois la mort alors qu’ils étaient allés chercher les pépites en toute connaissance des graves dangers qu’ils courent.
La pauvreté souvent invoquée pour justifier pareille prise de risques peut-elle vraiment excuser un tel comportement ?
D. Evariste Ouédraogo
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