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Visite Macky Sall à Moscou: Pour porter l’inaudible voix africaine

Il en avait formulé le vœu le 22 mai dernier, à la faveur  de la visite  du chancelier allemand Olaf Scholz à Dakar. Ça devrait être chose faite aujourd’hui.

Le Sénégalais Macky Sall porte en effet sa casquette de président en exercice de l’Union africaine (UA) pour se rendre à Moscou en compagnie de Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA. On ne sait pas pour le moment si les deux visiteurs se rendront,  dans la foulée, à Kiev pour rencontrer le président Zelensky, qui avait introduit une demande pour s’adresser aux dirigeants africains.

L’objectif de ce débarquement sur la Place rouge, c’est de «porter la voix de l’Afrique» dans la guerre que livre la Russie à l’Ukraine depuis un peu plus de trois mois. Un trimestre qui, en plus de détruire littéralement le pays envahi, qui ploie sous les bombes russes, particulièrement dans le Donbass, a considérablement perturbé les circuits d’approvisionnement à travers le monde et provoqué une flambée de certains produits comme les hydrocarbures et le blé, dont les deux pays font partie des principaux exportateurs.

Ce renchérissement sur les marchés mondiaux frappe de plein fouet l’Afrique, qui importe 32% de ses besoins en blé de Russie et 12% d’Ukraine.

Comme c’est souvent le cas, qu’il s’agisse par exemple du dérèglement climatique ou des turbulences politiques comme dans le cas présent, ce sont souvent les puissants qui sèment le chaos dont les plus faibles, notamment les Africains, subissent les contrecoups.

C’est donc surtout en victimes collatérales que les deux missi dominici de l’organisation continentale se rendent au Kremlin pour prêcher la paix et travailler à un cessez-le-feu. Le chef de l’Etat sénégalais devrait d’ailleurs plaider la cause de l’Afrique pour des facilités d’approvisionnement.

«Porter la voix de l’Afrique» : Voilà sans doute une noble mission, mais le continent noir a-t-il vraiment voix à ce chapitre où même l’organisation des Nations unies n’arrive pas à s’imposer, laissant l’Union européenne et les États-Unis, à la fois juges et parties, s’agiter comme ils peuvent face à l’impassible Vladimir Poutine qui se voit en nouveau Tsar, rêvant de la grandeur passée de l’Empire?

On l’aura compris, ce séjour moscovite de 48h, c’est plus pour marquer le coup que pour obtenir des résultats et des engagements fermes. On pourrait même y voir une forme de gesticulations diplomatiques de la part du président d’un pays qui s’était bien gardé, le 2 mars dernier, de voter la résolution onusienne qui exigeait de la Russie de «cesser immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine».

Pendant qu’on y est, cette Union africaine, qui se pique aujourd’hui de s’occuper des problèmes du monde, est-elle seulement capable d’éteindre ses propres foyers de tension comme en Éthiopie, au Sahara occidental et entre la RDC et le Rwanda?

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification ledimanche, 05 juin 2022 19:39

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