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Elaboration d’une nouvelle Constitution au Mali : Le problème ce sont les hommes, pas les textes

 

Petit à petit, le loup sort du bois ! Les autorités de la transition malienne donnent du relief à la refondation du pays, objectif principal du coup d’Etat d’août 2020, réaffirmé par celui de mai 2021.

 

 

 

Après avoir fixé la durée de la transition, 2 ans, dans un décret présidentiel, Assimi Goïta vient d’en signer un autre, portant création d’une commission chargée de la rédaction d’une nouvelle Constitution. Elle sera composée d’un président, de 2 rapporteurs et d’experts désignés par le président Assimi Goïta et a 2 mois pour déposer ses travaux.

 

 

Le décret précise que durant ses travaux, la commission devra consulter l’ensemble des forces vives dont les partis politiques et la société civile. Les groupes armés signataires de l'accord pour la paix dans le nord du Mali, les syndicats, les organisations religieuses, ainsi que les autorités traditionnelles pourront également apporter leurs contributions. La palette des personnalités à consulter est donc large, signe que les autorités maliennes veulent une Constitution qui reflète les aspirations actuelles du peuple.

 

 

On ne peut que souhaiter la bonne mise en œuvre de ce décret présidentiel qui vient confirmer qu’après le chantier de la sécurisation du territoire, la junte malienne s’attaque plus franchement à celui de la refondation politique. Une de plus ? En tout cas, en se donnant 2 ans pour sortir de la transition avec une nouvelle Constitution à la clé, l’homme fort de Bamako donne, un tant soit peu, de la lisibilité à son agenda avec cette grande réserve que la nouvelle Constitution ne soit une camisole taillée à sa mesure. Hélas, les coups d’Etat militaires en Afrique nous fournissent des exemples où les « refondateurs », « balayeurs » de la maison nation finissent par y étaler nattes et draps pour dormir aux commandes de l’Etat.

 

 

On s’interroge légitimement si après Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré, Assimi Goïta ne sera pas tenté de sortir du palais de Koulouba par la fenêtre d’une nouvelle Constitution pour y revenir par la porte d’ « élections démocratiques.» 

 

 

On attend de voir non sans faire remarquer que les problèmes de gouvernance et d’enracinement de la démocratie en Afrique sont dus, moins à une question de mauvaises constitutions qu’à des constitutions tripatouillées et non respectées.

 

 

De fait, les Constitutions de nos Etats, généralement inspirées, pour ne pas dire calquées sur des modèles outre-atlantiques, sont à même de leur garantir la permanence d’institutions fortes mais à l’épreuve des veuleries de certains politiciens, elles s’effondrent comme des châteaux de cartes. Des hommes forts, partisans des mandats présidentiels indus ou bien la soldatesque est passée par là.

 

 

A ce rythme, ce n’est pas demain la veille que les lois fondamentales des Etats en Afrique seront gravées dans du marbre. Alors la refondation politique au Mali sera-t-elle une de plus ? On croise les doigts pour être démenti par le temps et que la nouvelle république qui naîtra de la nouvelle Constitution ne soit pas éphémère comme les précédentes. Vain espoir ?

 

 

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 13 juin 2022 23:06

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