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Dénouement affaire 46 soldats ivoiriens : 3 gagnants, 1 perdant et moult leçons

 

Le président de la Transition malienne, le colonel Assimi Goïta, a gracié le 6 janvier, les 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet dernier, accusés d’être des mercenaires et condamnés à de lourdes peines 4 jours auparavant.

 

 

Les 46 soldats alors détenus sont rentrés à Abidjan samedi dernier, via Lomé, où ils ont été accueillis avec les honneurs de combattants qui ont accompli leur mission, selon les termes du président Alassane Ouattara.

 

 

Ouf ! On respire à Abidjan, on se frotte les mains à Bamako, on se sent pousser des ailes à Lomé, on fait profil bas à la CEDEAO avec le dénouement de cette affaire aux scénarii d’un film d’espionnage hollywoodien, les actions de combats et de sang versé en moins. Tant mieux pour le Mali, la Côte d’Ivoire et le Togo. Ils en sortent grands gagnants, tandis que la CEDEAO, un perdant, perdu dans ses injonctions et ses menaces de sanction.

 

 

Pour sa part, l’ONU doit tirer les leçons des manquements qui ont compliqué le déploiement des 49 soldats ivoiriens au Mali. Idem pour les pays fournisseurs des casques bleus. Ils doivent faire plus attention aux règles régissant la mise à disposition de troupes sur le théâtre des opérations pour éviter les ambiguïtés qui ont affecté les 49 soldats ivoiriens.

 

 

En attendant, Assimi Goïta boit du petit lait en ce début d’année 2023. Dans cette affaire, il est resté droit dans ses bottes, dictant le tempo et l’agenda de son dénouement. On ne sait pas ce que vaut sa grâce présidentielle en termes de gains économiques et financiers pour le Mali mais pour sûr, il y en a. D’aucuns parlent d’une remise de la dette malienne vis-à-vis de la Côte d’Ivoire liée à la fourniture d’électricité et d’hydrocarbures. Par ailleurs, la promesse d’une visite officielle d’Assimi Goïta en Côte d’Ivoire, la déclaration du président ivoirien pour une reprise des relations entre les 2 pays au bon niveau où elles étaient avant, indiquent un gain diplomatique certain pour le Mali. Enfin, au-delà de la normalisation attendue des relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire, quiconque aura des velléités de déstabiliser Assimi Goïta va y réfléchir par 4 fois, et les vrais mercenaires ne se bousculeront pas pour s’enrôler contre les autorités de Bamako.

 

 

Côté ivoirien, la politique d’Alassane Ouattara, homme de paix et de dialogue, est sauve. En effet, les autorités maliennes auront tout fait pour agacer leurs homologues ivoiriens dans cette affaire mais ces derniers sont restés sagement sur l’option de la négociation alors qu’elles avaient des moyens de pression bien réels. Téné Birahima Ouattara a fort justement déclaré à l’accueil des 46 soldats à leur arrivée à Abidjan : ‘’Monsieur le président, vous êtes un homme de paix. Vous avez usé de toutes les voies diplomatiques refusant de croiser le fer contre le fer’’. De quoi enivrer les oreilles de tout bon houphouétiste.

 

 

 Dans cette dynamique, le détour des soldats ivoiriens libérés à Lomé avant de rentrer à Abidjan est une reconnaissance explicite du succès de la médiation du président Faure Gnassingbé. Cela rappelle l’époque où son père Eyadema a joué le rôle d’un sage d’Afrique. En effet que de protagonistes de crises sur le continent ont séjourné au mythique Hôtel du 2-Février et au Palais Lomé II dans les années 1970-1980 pour l’écouter ? Goukouni Weddeye, Hissène Habré, Ange Félix Patassé, André Kolingba, et on en oublie. Le fils, digne héritier du père est une auréole qui fait pousser des ailes.

 

 

Bref, tout n’a pas été simple dans cette affaire qui finit bien avec cette grande leçon : la diplomatie, rien de telle pour construire une relation de bon voisinage et l’intégration régionale.

 

 

 

Zéphirin Kpoda     

 

 

 

Dernière modification lelundi, 09 janvier 2023 22:55

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