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Regard sur l'actualité

Regard sur l'actualité (652)

Survol de Kidal par des avions des FAMA: La guerre plane-t-elle au-dessus de l’Azawad ?

Depuis la suspension de la participation des ex-rebelles dans la mise en œuvre de l’accord d’Alger en décembre dernier, la tension va crescendo entre Bamako et les indépendantistes du Nord.

Chaque jour que Dieu fait, plutôt que de se rassembler autour du processus de paix et de réconciliation, les deux camps s’accusent mutuellement d’actes contraires à l’esprit du fameux arrangement.

Alors qu’on se demandait comment parvenir à éviter le clash, ou à tout le moins, à ramener les deux parties autour de la table de discussion, le spectre de la reprise des hostilités vient hanter les esprits.

En effet, hier mercredi 5 avril 2023, veille du onzième anniversaire de la déclaration d’indépendance de l’Azawad, un avion de chasse de l’armée malienne a effectué des rotations au-dessus de Kidal, essuyant des tirs de sommation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Les mêmes scènes se sont reproduites à Ber, Anefif et Amassine, des localités du septentrion malien sous contrôle des ex-rebelles. La CMA a dénoncé dans un communiqué une « violation patente du cessez-le-feu du 23 mai 2014 et une provocation grave » avant de décliner « toutes responsabilités et conséquences issues de tels agissements ».

Ce survol des zones sous contrôle des indépendantistes vient s’ajouter à une longue liste d’actes de défiance et d’accusations réciproques qui ont émaillé la relation entre la CMA et les autorités maliennes ces derniers mois.

Les groupes armés ont par exemple refusé de s’associer au projet de nouvelle Constitution et ont rejeté le texte. Ils ont également mobilisé en février dernier plusieurs centaines de véhicules et près de 3000 hommes pour une opération de sécurisation du Nord sans y associer les Forces armées maliennes (FAMA). La CMA, par ailleurs, accuse Bamako de manque de volonté politique dans la mise en œuvre de l’accord d’Alger.

Les autorités maliennes, elles, accusent, entre autres, les ex-rebelles d’actions qui entravent le fonctionnement des bataillons de l’armée reconstituée et, plus grave, de collusion avec des groupes terroristes.

Le dernier incident en date va-t-il sonner le glas d’un processus de paix qui depuis sa signature en 2015 n’a toujours pas donné de résultats concrets sur le terrain ? Malgré les engagements fermes et serments enflammés, tout se passe comme si chaque partie avait un agenda caché.

En tout cas, tous les éléments semblent aujourd’hui rassemblés pour un nouveau départ de feu dans un pays déjà confronté à l’hydre terroriste et qui est en peine malgré la « montée en puissance » des FAMA avec l’acquisition de matériel de guerre high-tech du partenaire russe et la présence de supplétifs de Wagner.

En tout état de cause, Bamako gagnerait à ne pas ouvrir un nouveau front avec les groupes signataires de l’Accord d’Alger au risque de disperser ses forces. Autrement, les terroristes en profiteraient.

En face, on gagnerait aussi à ne pas trop faire dans la surenchère dans le secret espoir de raviver les velléités indépendantistes qu’on l’on croyait à jamais éteintes.

Gageons donc que la sagesse sera la chose la mieux partagée entre les deux parties afin d’éviter une nouvelle déflagration dont les conséquences pourraient aller au-delà des frontières maliennes.

 

Hugues Richard Sama

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63e anniversaire de l’indépendance du Sénégal : Quand Macky Sall rate le coche

Hier mardi 4 avril 2023, le Sénégal a célébré le 63e anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. Comme c’est devenu une tradition républicaine dans tous les Etats du monde, la commémoration de la fête nationale est marquée, entre autres, par une adresse du chef de l’Etat à ses compatriotes. Et le président sénégalais n’a pas dérogé au rituel, lui qui a prononcé un discours la veille de la commémoration de l’indépendance du pays.

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Tchad : Pluie de grâces présidentielles à N’Djamena

On ne sait pas si le ramadan y est pour quelque chose, le Tchad étant un pays fortement musulman, mais c’est comme si la grâce présidentielle y était le maître-mot ces derniers temps. La dernière fois, le 21 mars 2023, ce sont 400 ex-rebelles dont 380 ex-combattants du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) qui, à peine condamnés par le tribunal de grande instance de N’Djamena, ont été graciés par le président de la République, le général Idriss Mahamat Déby Itno.

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Menaces contre OMEGA et Alain Alain : ATTENTION DANGER

Il faut croire que le fâcheux précédent de Mohamed Sinon n’aura servi à rien. On pensait qu’après la condamnation le 10 février 2023 à 24 mois de prison avec sursis de cet activiste pro-Ibrahim Traoré pour menaces sous condition, mise en danger de la vie d’autrui et d’intolérance sur les personnes de Newton Ahmed Barry et d’Alpha Barry  que les individus de son acabit tourneraient désormais la langue sept avant de parler.  Hélas ! Il faut croire que la leçon n’a pas été bien retenue ou que la peine n’a pas été suffisamment dissuasive pour décourager à jamais les futurs candidats.

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Tournée de la vice-présidente américaine : La semaine africaine de Kamala Harris

Qu’est-ce qui fait donc courir les Etats-Unis ces derniers temps. D’abord ce fut le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken, en août 2022 ; ensuite il y eut la tournée de la première dame, Jill Biden, en février dernier. Et voilà maintenant Kamala Harris, la vice-présidente, qui a entamé hier, un périple d’une semaine qui doit l’amener successivement dans trois pays anglophones (Ghana, Tanzanie, Gambie), des contrées où la démocratie est sur de bons rails.

Visiblement, ça semble être le principal argument du choix des pays à visiter… même si les Américains savent souvent s’accommoder des dictateurs et tyrans tant que ça les arrange. Maintenant, on remarquera au passage l’absence d’un Etat francophone sur l’itinéraire de la vice-présidente.

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Procès pour diffamation d’Ousmane Sonko: Le chemin qui mène à la présidence passe par le prétoire

Que nous réserve la journée d’aujourd’hui à Dakar ? C’est en effet ce jeudi 16 mars 2023 que l’opposant sénégalais Ousmane Sonko doit se présenter à la barre pour répondre des faits de « diffamation, injures et faux ». A la base, une plainte déposée contre lui par l’actuel ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang. Le leader du PASTEF l’avait accusé au cours d’une de ses sorties d’avoir détourné 29 milliards du Programme des domaines agricoles communautaires.

L’affaire avait été appelée une première fois en février puis renvoyée parce que le mis en cause affirmait n’avoir pas reçu de convocation. Cette fois, toutes les conditions semblent être réunies pour que le procès se tienne. Reste à savoir dans quelle ambiance ce jugement aura lieu.

Comme toutes les fois où Ousmane Sonko et les autres ténors de l’opposition sont convoqués par la justice sénégalaise, la rue s’en mêle et ça dégénère en actes de violence. L’audience d’aujourd’hui a d’ailleurs été précédée de deux jours au cours desquels le prévenu a chauffé à blanc ses partisans. D’abord mardi où des milliers de manifestants se sont rassemblés et hier où les forces de l’ordre ont cette fois fait barrage aux velléités de protestation, allant jusqu’à empêcher Ousmane Sonko de quitter son domicile.

Ces manifestations interviennent sur fond de contestation de troisième mandat qu’on suspecte Macky Sall de vouloir briguer. Il est vrai que derrière ces dossiers judiciaires, c’est un peu la bataille rangée pour la présidentielle de 2024 qui se joue depuis d’interminables mois.

D’un côté donc, le président en exercice qu’on accuse de vouloir jouer indûment les prolongations et de l’autre des opposants, notamment Ousmane Sonko qui pourrait voir ses ambitions hypothéquées si d’aventure il était condamné. Et c’est tout l’enjeu de cette journée classée rouge à Dakar.

Comme ce fut déjà le cas dans l’affaire Adji Sarr, le leader de la coalition Yewwi askan wi a de nouveau brandi l’argument de la cabale politique. Ce serait pourtant bien, que ce soit dans l’un ou dans l’autre dossier, qu’il puisse se défendre de ce dont on l’accable plutôt que de se réfugier derrière l’argument, un peu trop facile au demeurant, de la combine politicienne, quand bien même la multiplication des procès qui visent les opposants depuis que Macky Sall est arrivé au pouvoir n’est pas à son honneur. Ce n’est pas non plus à l’honneur de la démocratie sénégalaise qui était considérée pendant longtemps comme le phare de la démocratie en Afrique. Mais force est de reconnaître qu’entre procès d’opposants et embastillements de journalistes, le phare est devenu de plus en plus terne et il faut espérer qu’il ne s’éteigne pas sous les coups de boutoir d’hommes politiques plus préoccupés par leur propre destin que du devenir du pays.

En tout état de cause, on espère que le président sénégalais aura suffisamment de sagesse pour ne pas s’embarquer dans une voie sans issue, c’est-à-dire foncer droit dans le mur, le même mur contre lequel son prédécesseur Abdoulaye Wade s’était déjà fracassé pour avoir lui aussi voulu jouer les prolongations.

Il est vrai que les politiciens n’apprennent jamais du passé mais de là à être totalement amnésique, il y a certainement un pas que Macky Sall devrait se garder de franchir.

 

Hugues Richard Sama

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