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Réunion extraordinaire ministres CEDEAO : Ces patates chaudes qui ébranlent la Communauté !

C’est une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de la CEDEAO qui s’est tenue hier à Abuja. Elargie à des délégués de la commission de l’Union africaine, elle avait à son ordre du jour les brûlants dossiers du retrait de l’organisation annoncé par le Burkina, le Mali et le Niger, sans oublier le cas sénégalais avec le report surprenant de l’élection présidentielle.

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Groupe E : Duel des rapaces dans le ciel de Korhogo

Le groupe E de la CAN Côte d’Ivoire 2023, basé à Korhogo, mettra en lumière la Tunisie, le Mali, l'Afrique du Sud et la Namibie. L’on pourrait croire que les 2 Aigles (de Cartage et du Djoliba) auront le ciel dégagé pour bien planer au-dessus du stade Amadou-Gon-Coulibaly de la « cité du Poro » ou encore mieux nicher dans les hauteurs du district des Savanes, sauf que là, les  Bafana Bafana et les Brave Warriors ne sont pas là en victimes expiatoires.

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Retrait des troupes françaises du Niger : Le Coq gaulois s’en va la queue en berne

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Recherches génétiques contre le paludisme: Bana, premier pas vers l’élimination du moustique

Bana est un village situé à une vingtaine de kilomètres du centre-ville de Bobo-Dioulasso. Jusqu’à une époque récente, pas grand monde n’avait entendu parler de ce patelin qu’on confondait facilement, par son nom, à Bama, autre localité de la province du Houet. Depuis, le village a acquis une renommée auprès de la communauté scientifique mondiale pour avoir abrité le premier lâcher de moustiques génétiquement modifiés en Afrique  le 1er juillet 2019. 

 

Des tranches de patates baignent  dans l’huile chaude. Un peu plus loin, des jeunes décortiquent des amandes de karité, un pigeon picore des épis de maïs fraîchement récoltés. Partout résonnent des bruits de pilon. Du milieu des cases au toit en chaume s’échappent des volutes de fumée du repas que préparent les femmes. Bienvenue à Bana, petit village à la nature généreuse et à la végétation luxuriante. Les habitants de cette localité, somme toute banale dans cette partie bien arrosée du Burkina, ont tous la particularité d’être devenus des co-acteurs d’un projet de recherche scientifique visant l’élimination d’un mal qui touche tous les continents, le paludisme.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 627 000 personnes sont décédées de cette parasitose dans le monde en 2020, principalement des enfants âgés de moins de 5 ans  vivant en Afrique.

Au Burkina, selon les autorités en charge de la Santé, plus de 12 millions de cas de malaria ont été recensés dans les centres de santé avec 4 355 décès enregistrés rien qu’au cours de l’année 2021. L’OMS s’est fixé pour objectif d’atteindre un monde sans paludisme d’ici à 2030.  

Malgré les promesses de vaccins  tel le R21/Matrix-M, la résistance du parasite aux médicaments antipaludiques constitue une menace à l’atteinte de cet objectif, d’où l’idée d’attaquer le mal par plusieurs fronts.

Parmi les nombreuses options sur la table des scientifiques, l’impulsion génétique. 

Derrière cette expression se cache un phénomène qui permet de propager rapidement une caractéristique donnée à travers une espèce par le biais de la reproduction sexuelle. Le rôle de l’impulsion génétique est d’augmenter la probabilité qu’un gène modifié soit hérité par la descendance. En temps normal, un gène a 50% de chances d’être transmis à la descendance. L’impulsion génétique, elle, permet de porter jusqu’à 99% cette probabilité. Elle peut avoir de nombreuses applications, parmi lesquelles l’élimination d’espèces invasives et la lutte contre les maladies transmises par des agents vecteurs. Le projet Target Malaria en a fait son cheval de bataille.

«Consortium de recherche à but non lucratif qui vise à développer et partager des technologies génétiques nouvelles, durables et économiques visant à modifier les moustiques et à réduire la transmission du paludisme», Target Malaria réunit des institutions de plusieurs continents. En Afrique, le projet est présent dans 5 pays dont le Burkina, à travers  l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS), basé à Bobo-Dioulasso.

Pour comprendre le sens du projet, il faut savoir que sur les plus de 3 500 espèces de moustiques dans le monde (837 sont présentes en Afrique), seules les femelles (le mâle ne pique pas) de 3 espèces apparentées sont responsables de la plupart des cas de paludisme : Anopheles gambiae, Anopheles coluzzii et Anopheles arabiensis. Si l’impulsion génétique rendait la descendance de ces 3 espèces de moustique entièrement mâle ou si les femelles devenaient stériles, ces espèces disparaîtraient et c’en serait fini du paludisme. C’est cette double quête que poursuivent les scientifiques de Target Malaria.

C’est en 2012 qu’a débuté l’aventure au Burkina avec l’instauration d’un dialogue entre l’équipe de l’IRSS et la communauté de Bana. Ce village a été choisi, explique la chargée de l’engagement des parties prenantes, Dr Léa Paré/Toé,  après que les chercheurs ont longuement étudié les caractéristiques des moustiques qui s’y trouvent et obtenu l’accord des populations. Bana a aussi profité de son accessibilité et de sa proximité avec l’insectarium. 

Le processus se voulait inclusif et participatif. « Nous sommes dans un co-développement. On participait à tout et chaque fois, on demandait d’abord notre consentement», explique l’un des notables de Bana et porte-parole du chef,  Tchièssira Sanou. 

L’un des défis majeurs que devait relever l’IRSS, c’était de rendre accessible le langage scientifique aux populations afin d’assurer la compréhension du projet par tous. Des linguistes et une troupe de théâtre ont été mis à contribution. Les résultats ont été au rendez-vous. Nous  avons pu en faire le constat en échangeant avec quelques habitants qui, bien que n’ayant jamais mis les pieds dans une salle de classe, ont une grande compréhension de notions qui ne sont accessibles qu’aux entomologistes.

Selon Tchièssira Sanou, s’il y avait quelques inquiétudes au début, elles ont toutes été dissipées grâce au travail d’information continue. 

Fanta Traoré, que nous avons retrouvée en pleine cuisine, était membre du comité de plainte et elle rassure. A l’en croire, aucune plainte n’a été portée à leur connaissance.  

Pendant que l’équipe de Target Malaria travaillait à susciter l’engagement des populations de Bana, au niveau du laboratoire, les scientifiques ont reçu des œufs importés de moustiques mâles stériles sans impulsion génétique. Ils ont croisé à plusieurs reprises cette souche produite par l’Imperial College de Londres avec une souche résultante  ayant le fonds génétique des populations locales de moustiques au Burkina pour avoir une souche plus proche des moustiques qu’on trouve localement.

Sur le plan réglementaire,  l’IRSS a obtenu en 2018 de l’Agence nationale de biosécurité (ANB) une autorisation pour lâcher à petite échelle ces insectes. Comme nous l’explique en langue dioula Fanta Traoré, lorsque ces moustiques s’accouplent avec des femelles, les œufs pondus par celles-ci n’éclosent pas. Etant sans impulsion génétique, la modification  génétique n’affecte qu’une génération de moustiques modifiés. Autrement dit, ces moustiques mâles non seulement ne piquent pas mais aussi mourront avant d’avoir une progéniture.

L’opération a été effectuée le 1er juillet 2019. Tout le village était sorti, se souvient, le porte-parole du chef. Ce jour-là, environ 6 400 moustiques mâles stériles génétiquement modifiés sans impulsion génétique de l’espèce Anopheles gambiae et environ 8 500 autres  non modifiés ont été libérés à Bana.

 L’objectif du lâcher n’était pas d’avoir un impact quelconque sur le paludisme ou sur la densité du moustique. Ça, les habitants le savaient également. Il visait plutôt à collecter des informations utiles pour la suite des recherches. Le lâcher était suivi d’un recapturage dans les 20 jours qui ont suivi. De nombreux jeunes du village, à l’image de Doulaye Sanou, s’y sont mis en tant que bénévoles pour capturer dans les concessions ou dans l’environnement les moustiques grâce à des techniques qui leur ont été apprises.  Une belle expérience, affirme-t-il, lui qui se félicite aujourd’hui d’être maintenant capable de faire la différence entre des moustiques mâle et femelle.

La période de surveillance s’est poursuivie pendant 7 mois  au cours desquels l’équipe du projet à pu en apprendre énormément sur le moustique génétiquement modifié. Il est apparu notamment, selon l’investigateur principal du projet, le Pr Abdoulaye Diabaté, qui en avait fait le point, que les moustiques mâles stériles modifiés sans impulsion génétique n’ont pas survécu aussi longtemps que ceux qui n’ont pas été modifiés et que les moustiques modifiés ont été recapturés dans des essaims importants pour la reproduction. A ce propos, le Dr Léa Paré/Toé indique que l’expérience a montré que les moustiques modifiés en laboratoire se comportent de la même manière que ceux sauvages, une fois dans la nature.

S’appuyant sur ces résultats, l’équipe du projet a entamé la seconde phase des recherches, celle portant sur les moustiques mâles biaisés sans impulsion génétique. Ces moustiques sont porteurs d’une modification génétique qui mène à des mâles fertiles qui produisent une progéniture majoritairement mâle, jusqu’à 95% en laboratoire.  Les œufs de la souche mâle biaisée sont arrivés en mars 2022 et font actuellement l’objet d’étude à l’insectarium. Quant à Bana, des collectes de moustiques sauvages s’y déroulent régulièrement.

Le chemin vers l’ultime étape, à savoir le lâcher de moustiques génétiquement modifiés avec impulsion génétique, est encore loin et dépendra, indique le Dr Léa Paré, en plus de la recherche scientifique, du cadre réglementaire et de l’accord des populations.

 

Hugues Richard Sama

 

 

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Gabon: Coup d’Etat ou simple révolution de palais ?

C’est un véritable séisme politique qui a frappé le 30 août 2023 le Gabon.

En effet, excepté la brève interruption du pouvoir du premier président Léon Mba, entre le 17 et le 20 février 1964, par un groupe de militaires, rapidement renvoyés dans leurs casernes par les parachutistes français, le pays n’avait jamais connu de coup d’Etat. L’exception gabonaise aura maintenant vécu.

Ali Bongo Ondimba, qui a hérité du fauteuil présidentiel au décès de son père en 2009, venait d’être réélu pour un troisième mandat de sept ans, selon les résultats du Centre gabonais des élections avec 64,27 % des voix contre 30, 77% pour son adversaire, Albert Ondo Ossa. Il n’aura pas eu le temps de savourer un instant sa victoire.

Tout juste après l’annonce de ces résultats, un groupe d’officiers est apparu sur les écrans de la chaîne Gabon 24, logée même au sein de la présidence, pour annoncer la prise du pouvoir.

Comme au Niger récemment, c’est l’unité chargée de la protection du chef de l’Etat, en l’occurrence la Garde républicaine, qui est à la manœuvre.

Raisons invoquées par le Comité pour la Transition et la restauration des institutions (CTRI), le nouvel organe suprême du pays : « les résultats truqués des élections du 26 août dernier et une gouvernance imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale, risquant de conduire le pays vers le chaos ».

Cette annonce a été suivie de scènes de liesse dans les rues de Libreville, les Gabonais célébrant la fin du si long règne de la dynastie Bongo qui a régné sur le pays pendant 56 ans.

Faut-il pour autant chanter le requiem du clan Bongo qui contrôle tous les rouages, aussi bien de l’administration, de l’armée que de l’économie gabonaise ? Difficile d’y répondre pour le moment, d’autant plus que celui qui a été désigné pour conduire la Transition est un pur produit du système.

En effet, le général Brice Oligui Nguema, lui-même fils d’un officier de l’armée gabonaise, a été l’aide de camp de Omar Bongo avant de servir sous les 14 ans de présidence du fils, notamment en tant qu’attaché militaire au Maroc et aux Etats-Unis, chef de la Direction générale des services spéciaux (DGSS), les renseignements de la Garde républicaine en 2019, avant d’en prendre la tête une année plus tard.

Celui qui serait un cousin du président déchu et originaire comme lui du Haut-Ogooué, le fief des Bongo, était considéré comme le gardien du temple avec tout ce que cela procure comme avantages matériels et influence politique et militaire.

Au regard de son pedigree, de son parcours et même de la fortune qu’il se serait constitué sous l’ombre de celui qu’il vient de destituer, voudra-t-il ou pourra-t-il déconstruire un système dont il a été l’un des principaux acteurs et bénéficiaires. Autrement dit, assiste-t-on depuis hier à vrai coup d’Etat ou à une simple révolution de palais ?  La question reste entière pour le moment.

En attendant de savoir quelle direction va prendre cette Transition politique, de nombreuses voix au sein de la communauté internationale, comme il est de coutume, ont condamné cette interruption de l’ordre constitutionnel. C’est le cas notamment de l’Union africaine (UA) ; du Commonwealth, organisation regroupant les anciennes colonies britanniques mais dont le Gabon est membre depuis une année, de la Russie ; de la Chine ; de la France, pays avec lequel Ali Bongo avait semble-t-il pris ses distances depuis son arrivée au pouvoir.

Jusqu’au moment où nous tracions ces lignes, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) ne s’était toujours pas prononcée, elle qui est en droit de craindre que les secousses du séisme gabonais n’emportent d’autres dirigeants dans la région.

A l’intérieur du pays, c’était également le silence radio aussi bien des politiques que de la société civile. Toute chose qui ne devrait pas perdurer avec l’annonce de l’instauration d’une Transition. Certains partisans de Alternance 2023, la coalition de l’opposition qui a porté la candidature d’Albert Ondo Ossa, pourraient estimer que dans la mesure où les militaires ont justifié leur coup de force par le trucage des résultats de la présidentielle, la logique voudrait que la Grande muette rétablisse la vérité des urnes en remettant à leur champion sa victoire. A tout le moins, les militaires pourraient convoquer les Gabonais à un nouveau scrutin dans les meilleurs délais.

Brice Oligui Nguéma et ses hommes l’entendront-il de cette oreille ? Réponse dans les semaines ou jours à venir.

 

Hugues Richard Sama

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Niger : Le wazou 1 des oulémas trouvera-t-il un écho favorable?

 

Après la colère, les sanctions, la menace d’employer la force, voici venus les prêches et les wahazu pour le Niger. Des prêches et des prières, plus pour l’élargissement de l’otage Bazoum que pour le retour triomphal du soldat, ‘’président démocratiquement élu’’, dans son fauteuil de chef de l’Etat.

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Décès Henri Konan Bédié: Fin du « triopole » politique ivoirien

L’expression est un peu éculée, mais c’est un véritable « baobab de la scène politique ivoirienne » qui vient de s’écrouler. On devrait même plutôt dire un éléphant : l’éléphant, emblème de la Côte d’Ivoire, l’éléphant, symbole de sa formation politique, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire- Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA).

 

Henri Konan Bédié est en effet décédé le mardi 1er août 2023 à la Polyclinique internationale Sainte-Anne-Marie (PISAM) d’Abidjan, où il avait été conduit d’urgence. Une mort subite pour quelqu’un qui, pour son âge, pétait encore la forme, même s’il n’est pas immérité de rejoindre ses ancêtres à 89 ans.

Fin d’un parcours terrestre, notamment politique, bien riche. Ambassadeur aux Etats-Unis à 26 ans ; ministre de l’Economie et des Finances à 32 ans ; président de l’Assemblée nationale à 46 ans ; puis le Graal à 59 ans, suite à la mort du président Félix Houphouët-Boigny, même si le dauphin constitutionnel qu’il était a dû batailler ferme pour arracher ce qui lui revenait de droit face à Alassane Dramane Ouattara que « le vieux » avait nommé Premier ministre en 1990 pour tenir et redresser la maison ivoire.

L’homme court aux cigares griffés HKB remportera finalement cette première manche entre les deux fils spirituels du « Bélier de Yamoussoukro ». Mais pour beaucoup, les bottes du géant Houphouët étaient bien trop grandes pour celui qui sera finalement renversé par le coup d’Etat du général Robert Guéï le 24 décembre 1999, non sans avoir auparavant inventé le concept d’abord fumeux puis funeste de l’ « ivoirité » qui, quelque part, aura d’ailleurs causé sa perte.

On se rappelle comme si c’était hier cette fameuse guerre des  « et » et des « ou » qui visait d’abord le « mossi ADO », même si tous les Burkinabè d’ici et de Côte d’Ivoire se sentaient également concernés par ce qui ressemblait fort à une politique d’exclusion entre Ivoiriens de première et de seconde zones.

C’est donc peu dire que vu de Ouaga, le Sphinx de Daoukro n’aura pas laissé un souvenir impérissable, lui qui aura quelque part ouvert la boîte de Pandore, libérant tous les malheurs de la Côte d’Ivoire, qu’on n’a pas fini d’exorciser 30 ans après.

 HKB ne sera pas parvenu à empêcher son ennemi intime, Alassane Ouattara, d’accéder à la magistrature suprême. Avec Laurent Gbagbo, les trois dinosaures  de la faune politique ivoirienne ont régulièrement pollué les eaux de la lagune Ebrié, à coups d’alliances et de contre-alliances, l’un pactisant avec l’autre au gré des circonstances pour combattre le troisième.

Bedié s’éteint d’ailleurs alors que le fossé entre lui et ADO s’était de nouveau creusé, eu égard au troisième mandat qu’a brigué l’actuel locataire du palais de Cocody. Il s’était rapproché de l’enfant terrible de Mama pour combattre leur nouvel ennemi commun.

De nombreux contentieux électoraux, un coup d’Etat, une rébellion et un violent conflit postélectoral plus tard, le déminage des cœurs n’est toujours pas achevé. Le président Alassane Ouattara a néanmoins décrété 10 jours de deuil national, à compter du 2 août, après le décès de son rival qui, il est vrai, est loin d’être le seul responsable de cette situation.

Sur fond de revanche non encore assouvie, celui qui n’a jamais pu faire le deuil de la perte de son pouvoir ambitionnait de chausser les crampons pour un ultime match à la présidentielle de 2025, quitte à contrarier les ambitions des jeunes loups aux dents bien longues du PDCI-RDA, à l’image de Jean-Louis Billon ou de Tidjane Thiam. Ils étaient de plus en plus nombreux au sein de l’ancien parti unique à contester le désir d’éternité du patriarche et faute de n’avoir pas pu se faire entendre, certains ont rejoint avec armes et bagages, le parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). C’est dire donc que son décès va rebattre les cartes au sein d’une formation politique à la recherche de ses nouvelles marques et dont on se demande ce qu’il deviendra après la mort de celui qui l’aura incarné pendant trois décennies.

Déjà il faudrait voir comment le PDCI-RDA se comportera lors des prochaines régionales et communales, prévues pour le 2 septembre prochain et pour lesquelles le vieux combattant qui vient de passer l’arme à gauche s’investissait beaucoup.

 

Hugues Richard Sama

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Sanctions CEDEAO contre le Niger : L’artillerie lourde sauvera-t-elle le soldat Bazoum ?

 

Vite fait, bien fait ? Le sommet extraordinaire convoqué par le président Bola Ahmed Tinubu du Nigeria sur le Niger, suite au coup d’Etat du 26 juillet dernier, a été on ne peut plus expéditif. En une petite matinée, les chefs d’Etat ont vite fait de prendre des sanctions et ils n’y sont pas allés de main morte.

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Félicien Kabuga: Sauvé par la folie

Félicien Kabuga ne sera donc pas jugé. Ainsi en ont décidé les magistrats du Mécanisme de l’ONU chargé des derniers dossiers du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

Il a en effet été déclaré inapte à être jugé par un collège de deux psychiatres et un neurologue qui ont posé un diagnostic de démence d’origine vasculaire.

Homme d’affaires prospère, Félicien Kabuga est considéré comme l’un des bras financiers du génocide. Proche des cercles restreints du pouvoir Habyarimana, il est également l’un des concepteurs et bailleurs de la tristement célèbre Radio mille collines, l’organe de propagande des génocidaires.

Après les tueries, il était parvenu à s’échapper et, pendant un quart de siècle, était passé entre les mailles des filets de la justice rwandaise et de celle internationale, changeant constamment d’identité et de pays jusqu’à ce jour fatidique de mai 2020 où le vieil homme, alors âgé de 84 ans, a été cueilli dans l’appartement d’un de ses fils en région parisienne.

Fin de cavale donc pour l’octogénaire qui a été présenté à la justice le 29 septembre 2022. Mais le procès qui allait déjà à pas de tortue avait été suspendu en mars 2023, le temps de statuer justement sur l’état de santé de l’accusé.

Mais même si celui qui est considéré comme le dernier grand fugitif du génocide rwandais n’est pas apte à être jugé, l’affaire n’est pas pour autant close puisque son cas, pour le moins spécial, fera l’objet d’un traitement tout aussi spécial qui, à ce qu’on dit, « ressemble le plus possible à un procès » sans l’être car les juges ne pourront pas prononcer de verdict. Ils pourront tout au plus dire que l’accusé n’est pas innocent des faits dont on l’accable.

Ce n’est pas ça qui va sûrement satisfaire les rescapés et les autorités rwandaises qui n’ont cessé, depuis 1994, de chasser inlassablement ceux qui sont suspectés d’avoir perpétré ou commandité ces orgies sanglantes d’avril à juillet 1994 ; un peu comme l’Etat israélien, après l’holocauste, qui a traqué, même dans les plus petits trous de souris, les responsables ou présumés tels de cette barbarie innommable.

L’amertume des survivants du génocide doit être grande, eux qui voient leur dernier espoir de voir Félicien Kabuga condamné s’envoler. Leur bourreau a toutes les chances de mourir de sa belle mort dans son lit, fût-ce dans un lit d’hôpital.

 

Hugues Richard Sama

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