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Sœur Suellen libérée: Alléluia !

Dieu soit loué! Gloire soit rendue au Seigneur ! Que Son nom soit sanctifié ! Ce sont des exclamations à haute teneur chrétienne qui ont accueilli la bonne nouvelle. On imagine les prières , les neuvaines, les jeûnes et autres actes de dévotions qui ont été faits depuis cinq bons mois pour que ce ce jour soit. Et il fut,tel un rai de lumière dans une si longue nuit.

En effet, dans un communiqué rendu public hier, mercredi 31 août 2022, l’évêque de Kaya, Mgr Théophile Naré, a annoncé la libération de la religieuse Suellen Tennysson de la Congrégation des sœurs Marianites de la Sainte-Croix.

Pour mémoire, cette Américaine de 83 ans qui vit au Burkina depuis un certain temps avait été enlevée, et emmenée vers une destination inconnue, dans la nuit du  4 au 5 avril dernier à Yalgo, dans la région du Centre-Nord. Les ravisseurs avaient en outre vandalisé des salles et saboté le véhicule de la communauté qu’ils ont tenté d’emporter.

Ce rapt avait plongé toute la localité dans la consternation et la désolation tant la religieuse faisait presque partie du décor depuis son arrivée en 2014.

Beaucoup de témoins louaient son engagement, sa gentillesse, sa générosité, bref, son côté charitable. Ce qui peut se concevoir d’ailleurs pour une bonne sœur.

Cinq mois après,  voici donc Suellen Tennysson qui hume de nouveau l’air frais de la liberté retrouvée.

Où avait-elle été emmenée ? Quand et où a-t-elle été libérée ? Et dans quelles conditions ? Ce sont autant de questions qui restent pour le moment sans réponses tant les circonstances réelles de cette libération ne sont pas encore connues.

D’autres questions qu’on ne manque jamais de se poser dans pareille situation, c’est bien sûr de savoir si les ravisseurs ont décidé de leur propre chef d’élargir leur captive ou s’il y a eu des tractations de quelque nature que ce soit.

Connaissant notamment la nationalité de l’intéressée, qui est américaine, ne l’oublions pas, on peut également se demander si les Etats-Unis sont intervenus d’une manière ou d’une autre dans le processus qui a conduit à cette libération ou si nos Forces de défense et de sécurité (FDS), qui n’ont jamais désarmé, y ont également joué un rôle.

Qu’importe, on ne peut que rendre grâce à Dieu, pour rester dans le vocabulaire confessionnel. Ce d’autant plus que dans cette grisaille sociopolitique marquée par la récurrence des attaques terroristes qui sèment le chaos, les bonnes nouvelles sont devenues rares comme les larmes d’un chien. On ne va donc pas se priver d’une messe d’action de grâce.

D’ailleurs, si l’affaire s’est bien terminée pour l’octogénaire,  on ne saurait oublier que bien d’autres innocents sont portés disparus depuis belle lurette.

On pense notamment au Dr Kenneth Elliott qui avait été enlevé à Djibo le 15 janvier 2016 en même temps que son épouse, laquelle sera libérée quelque temps après. Six ans plus tard, on est toujours sans nouvelle de ce médecin australien qui avait construit en 1972 une clinique dont la renommée dépassait la seule région du Sahel.

On est tout aussi inquiet sur le sort de l’abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo, enlevé le 17 mars 2019 alors qu’il revenait de Bottogui où il avait célébré la messe dominicale et de toutes ces personnes détenues dans ce Sahelistan de tous les dangers. On brûle des cierges pour qu’on les retrouve saines et sauves.

 

Hugues Richard Sama

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Dialogue inclusif au Tchad : Les dindons de la …force

 

Le dialogue national inclusif souverain (DNIS) au Tchad, fera-t-il long feu ? On n’en est pas encore là, mais vu les difficultés de démarrage, les observateurs s’accordent sur 2 choses. D’un, les organisateurs ne sont pas fin prêts au niveau logistique ; de deux, l’inclusion de tous les acteurs politiques et groupes civilo-militaires n’est pas acquise.

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Mort du chef d’Al-Qaïda : Ayman al-Zawahiri et nous

 

Au milieu de la nuit du 2 mai 2011, quand Ossama Ben Laden a été abattu par les Forces spéciales américaines dans la ville garnison d’Abbottabad (Pakistan), lors du raid baptisé opération « Neptunes Spear (Trident de Neptune) », Barak Obama s’était contenté d’un « We got him (Nous l’avons eu) ». Il reprenait ainsi cette formule consacrée 8 ans plus tôt par Georges Bush fils, après la capture de Saddam Hussein.

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Expulsion porte-parole MINUSMA: La liste des indésirables continue de s’allonger

C’est à croire que le président malien, Assimi Goïta, en veut à la terre entière. Quand il sort d’une crise c’est pour entrer tout de suite dans une autre.

Après 6 mois de tiraillements avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les choses avaient fini par entrer dans l’ordre le 3 juillet dernier avec la levée des sanctions financières et commerciales qui pesaient sur le pays.

Il avait à peine fini avec ça qu’est intervenu le différend avec la Côte d’Ivoire dans l’affaire dite des 49 présumés mercenaires.

Derrière cette crise, pour laquelle le Togo a proposé ses missions de bons offices,  transparaissait un certain désamour avec la MINUSMA qui a fini par éclater au grand jour.

Déjà le 14 juillet dernier, les autorités maliennes  avaient procédé à la suspension jusqu’à nouvel ordre de toutes les rotations des contingents de la cinquantaine de pays contributeurs. Hier, mercredi 20 juillet 2022, un communiqué du ministère des Affaires étrangères a «invité le porte-parole de la MINUSMA, Olivier Salgado, à  quitter le territoire national dans un délai de 72 heures.» Olivier Salgado est accusé, à travers des publications sur Twitter,  d’avoir affirmé « sans aucune preuve que les autorités maliennes ont été préalablement informées de l'arrivée des 49 militaires ivoiriens». L’incriminé a-t-il anticipé cet oukase  pour ne pas se voir jeter à la porte tel un vulgaire renégat?  En tout cas, selon certaines informations, le communicant de l’ONU serait hors du pays depuis 10 jours. Quoi qu’il en soit il lui sera difficile de revenir au Mali.

Comme avant lui, certaines personnalités impliquées ou pas dans la résolution de l’inextricable crise politico-sécuritaire qui frappe le pays ont été priées de faire leur valise. Ce fut le cas le 25 octobre 2021 du représentant de la CEDEAO dans le pays, le Burkinabè Hamidou Boly, accusé  «d’agissements incompatibles avec son statut»;  de l’ambassadeur de France, Joël Meyer, expulsé le 31 janvier dernier en raison de «propos hostiles» de deux ministres français et de notre confrère de Jeune Afrique, Benjamin Roger, arrêté et mis dans le premier avion le 8 février  parce qu’il ne disposerait pas d’une accréditation valable.

 A cette liste d’indésirables, il faut ajouter les soldats de la force  française Barkhane poussés à la sortie et ceux de la force européenne Takuba dont le contingent danois avait déjà été refoulé le 27 janvier 2022.

C’est donc une véritable guérilla diplomatico-militaire qu’a engagée le locataire du palais de Koulouba qui semble souffrir du syndrome de la persécution. Jusqu’où ira-t-il? On se le demande bien. Mais si ce taiseux, qui ne supporte pas les voix discordantes, pouvait même expulser certains de ses compatriotes qui rament à contre-courant de la vulgate officielle, c’est sûr qu’il ne s’en priverait pas.

Pour le cas de la MINUSMA, il faut dire que Bamako n’a jamais digéré la reconduction, le 29 juin dernier,  pour un an, de son mandat et avait clairement indiqué qu’il ne respecterait pas certaines de ses décisions, en relation  notamment avec le respect des droits humains  et la libre circulation des soldats onusiens. Pour sûr, cette nouvelle affaire ne va pas arranger les relations avec la mission des Nations unies.

On se demande parfois si tout ça ne participe pas de la fameuse théorie de l’occupation permanente des esprits qui consiste pour les militaires au pouvoir à agiter des épouvantails pour occuper le bon peuple malien en se drapant dans la peau de nationalistes qui n’entendent pas se laisser imposer quoi que ce soit.

Mais, il faut reconnaître à la décharge des autorités de la Transition, que le bilan de cette fameuse MINUSMA est bien mince: 13 289 militaires et 1 920  policiers,  pour on ne sait trop quel résultat tangible.

Le propre d’une mission  de maintien de la paix, c’est de s’interposer entre les belligérants. Or,  ce dont le Mali a besoin en ce moment, ce sont des combattants qui vont au charbon pour traquer les terroristes quel que soit l’endroit où ils se trouvent.  Mais on a bien peur que ce ne soit pas le cas de la MINUSMA.

Pour un peu, les Casques bleus s’apparenteraient à des touristes en treillis, comme c’est le cas presque partout où ils se trouvent : au Mali, en RDC et en Centrafrique notamment.

Qu’à cela ne tienne, Assimi Goïta a beau être un colonel des forces spéciales, à ouvrir autant de fronts à la fois, on a bien peur qu’il ne finisse lui-même par se prendre les pieds dans le tapis.

 

Hugues Richard Sama

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Présumés mercenaires ivoiriens au Mali: Kafka à Bamako

Le nouveau président de la Commission de la  Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Gambien Oumar Aliou Touray,  a beau ne pas vouloir parler de crise, on a bien peur qu’elle ne soit déjà installée entre la Côte d’Ivoire et le Mali.

La guerre des déclarations,  elle, fait en tout cas déjà rage.

Du côté ivoirien, après le communiqué du Conseil national de sécurité (CNS) de la veille,  les autorités  sont revenues hier à la charge. D’abord,  le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly,  au sortir du Conseil des ministres et ensuite le conseiller aux opérations extérieures du chef d'état-major général des armées, le colonel Mahi Armand Guézoa, au cours d'un point de presse, qui ont tous rejeté point par point les accusations formulées par Bamako depuis dimanche. Le Mali accuse en effet de mercenariat 49 militaires ivoiriens débarqués dimanche à l’aéroport Modibo Keïta Senou de Bamako avec armes et bagages, s’appuyant notamment sur des incohérences dans certaines formalités. Toutes choses que rejette fondamentalement Abidjan pour qui, ses soldats font partie du 8e contingent  des Éléments nationaux de soutien (NSE) et disposaient d’un ordre de mission régulier.

Mais en vérité,  on assiste à un véritable imbroglio politico-militaire où même une vache ne saurait retrouver son veau.

S’il ne s’agissait que des versions ivoirienne et malienne, on aurait pu encore démêler le vrai du faux. Mais hélas. Alors qu’on attendait une certaine clarification de l’ONU qui devait jouer dans cette affaire le rôle de témoin, on nage en plein doute.

Alors que le porte-parole de la MINUSMA, Olivier Salgado, avait, dans un premier temps, confirmé l’appartenance du contingent à la NSE qui est une structure d’appui logistique à la force onusienne, des sources émanant du siège de l’ONU à New-York indiquaient hier le contraire.

De quel côté se trouve donc la vérité? Bien malin qui pourrait voir clair dans cette histoire véritablement digne d’un roman de Franz Kafka.

Ce qu’il faut craindre maintenant, c’est qu’après l’escalade verbale,  l’incident diplomatique entre Abidjan et Bamako ne prenne une autre tournure.

Comme on le sait, les relations entre les deux pays sont loin d’être au beau fixe depuis l’arrivée au Palais de Koulouba du régime des colonels. Assimi Goïta et ses hommes voyant derrière  les sanctions commerciales et financières qui avaient été prises contre le Mali par la CEDEAO la main d’Alassane Dramane Ouattara. Et pour ne pas améliorer les relations entre les deux pays, Karim Keïta, le fils de l’ancien président IBK a trouvé refuge en Côte d’Ivoire. Et voici que cette histoire de mercenaires vient créer un nouveau casus belli.

Maintenant qu’on en est là, la question se pose de savoir quelle issue sera trouvée rapidement avant que les choses ne dégénèrent.

Abidjan,  rappelons-le, a demandé,  et non exigé comme on l’a  entendu,  la libération sans délai de ses 49 soldats, mais force est de constater que pour le moment, ADO prêche dans le désert malien où il n’est pas encore entendu par son homologue malien.

Une chose est sûre, pas plus le Mali que la Côte d’Ivoire n’a besoin de cette crise qui vient s’ajouter à une situation qui était suffisamment préoccupante. 

Vivement donc que la raison prévale de part et d’autre de la frontière ivoiro-malienne afin que la désescalade s’amorce très rapidement et que les deux pays puissent se consacrer à la seule bagarre  qui vaille, celle contre le terrorisme qui continue de semer la mort, la désolation dans le Sahélistan et gagne le Golfe de Guinée.

 

Hugues Richard Sama

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Mali, Guinée et Burkina Faso : Branle-bas de concertations en attendant le 3 juillet

 

2 semaines après sa première visite au Burkina en qualité de médiateur de la CEDEAO, Mahamadou Issoufou, l’ancien président nigérien, est attendu de nouveau aujourd’hui à Ouagadougou. A 48 heures d’un nouveau  sommet de l’organisation régionale avec pour principal sujet à l’ordre du jour le retour à une vie constitutionnelle normale au Mali, en Guinée et au Burkina, Mahamadou Issoufou a besoin de mettre de l’ordre dans ses notes pour son rapport aux chefs d’Etat.

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Retour dépouille de Lumumba : Accueil «Cha Cha» pour une vénérable dent

Elle est enfin là. Elle aété accueillie hier, mercredi 22 juin 2022, à l’aéroport de Kinshasa N’djili avec les honneurs dus à un chef d’Etat.

Elle fera ensuite le tour du pays. Ainsi, Kisangani, Lumumbashi et Shilatembo, où le 17 janvier 1961 Patrice Emery Lumumba a été exécuté avec deux de ses compagnons d’infortune, figurent en bonne place  sur son itinéraire.

61 ans après, la dépouille est donc de retour au pays natal. Mais en vérité, on ne sait pas si le mot « dépouille », qui désigne le corps d’un humain après la mort, est vraiment approprié car pour toute enveloppe corporelle il ne reste guère plus qu’une...dent, rangée dans un coffret bleu vif soigneusement placé dans un cercueil de bois sombre, le tout recouvert du drapeau congolais.

Cette dent, rappelons-le, avait été retrouvée chez la fille d’un policier belge, Gérard Soete, qui avait participé à la conjuration fatale au tout premier Premier ministre du Congo.

Et comme l’association de malfaiteurs belgo-américano-congolais ne voulait pas que son corps soit retrouvé et que sa sépulture fasse l’objet d’un quelconque culte, il a été dissous dans de l’acide.

De cette macabre équipée il ne reste donc que la précieuse dent réclamée par la famille de l’illustre disparu depuis 2016 et qui a finalement été remise officiellement par la justice belge lundi dernier au cours d’une cérémonie au palais d’Egmont en présence des ayants droit ainsi que des Premiers ministres belge, Alexander De Croo, et congolais, Jean-Marie Sama Lukonde.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette dent vaut son pesant de dévotion. Et après avoir fait le tour de la RDC dans des lieux emblématiques du parcours personnel et politique de Patrice Lumumba, ce qui tient lieu de dépouille du leader assassiné sera entreposé le 30 juin prochain dans un mémorial en construction à Kinshasa.

On le voit, rien n’est trop beau pour saluer  la mémoire de celui qui a été l’espoir de tout un pays, voire de tout un continent, aux premières années de l’indépendance. La ferveur qui entoure  le retour de ses restes rappelle d’ailleurs l’euphorie des «indépendances Cha Cha».

C’est cet engagement politique, comme on le sait, qui a coûté la vie à Patrice Lumumba. De ce point de vue, l’hommage transcontinental, de l’Europe à l’Afrique, rendu à une si petite dent est symbolique des valeurs de panafricanisme, de respect du bien public, d’intégrité et d’anti-impérialisme dont on crédite volontiers le héros de l’indépendance congolaise.

Autant de vertus que hélas, les dirigeants successifs de ce pays n’ont pas su faire leurs, tant et si bien que six décennies après son accession à la souveraineté internationale, ce géant au pied d’argile est toujours à la recherche de ses marques, tant sur le plan politique que sur celui du  développement malgré ses immenses richesses qui en font un véritable scandale géologique.

C’est peut-être aussi cette leçon de patriotisme que veut dispenser le cercueil aux près de 90 millions de Congolais qui ont depuis gardé une ... dent contre le colonisateur, sans pour autant se remettre en cause et travailler au progrès de la patrie que Lumumba leur a léguée.

 

Hugues Richard Sama

 

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Capture d’un chef terroriste par Barkhane: Un cadeau d’au revoir un peu gênant pour le Mali

On croirait presque à un cadeau d’au revoir. L’état-major des armées françaises a en effet annoncé la capture d’un des chefs de l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS).

C’est dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 juin 2022, aux confins de la frontière entre le Mali et le Niger, qu’il a été cueilli. Son nom : Oumeya Ould Alkabaye.

Selon le communiqué, il «était le chef de l’EIGS pour le Gourma, au Mali, et pour l’Oudalan, au nord du Burkina Faso. Il a organisé plusieurs attaques contre différentes emprises militaires au Mali, dont celle de Gao. Il dirigeait des réseaux de mise en œuvre d’engins explosifs improvisés. Il était par ailleurs responsable d’un grand nombre d’exactions et d’actions de représailles menées par l’EIGS contre les populations maliennes et burkinabè».

Pour une prise importante, c’en est vraiment une, même si l’intéressé est loin d’être un des émirs du terrorisme au «Sahelistan» dont les plus recherchés demeurent Iyad Ag Ghali du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et Amadou Koufa du Front de libération du Macina (FLM), après que Mokhtar Belmokhtar (présumé mort depuis novembre 2016),  Abdelmalek Droukdel et Abou Walid al-Sahraoui ont été tués par Barkhane.

Cette capture d’Alkabaye intervient alors que les soldats français sont en train de faire leur paquetage depuis un certain temps après avoir été déclarés personæ non gratæ par les autorités de la transition malienne qui ont préféré quitter les ailes protectrices du Coq gaulois pour se réfugier entre les grosses pattes de l’Ours russe.

Les unes après les autres, les principales bases de Barkhane et de la force européenne Takuba sont en train d’être démantelées. Dernière en date, celle de Ménaka, au nord-est du pays dans la fameuse zone dite des trois frontières, transférée pas plus tard que lundi dernier aux Forces armées maliennes (FAMA).

C’est l’avant-dernière étape d’un retrait qui s’effectuera en bon ordre selon l’Hexagone. Il ne reste guère plus que le PC de Gao pour boucler la boucle. Les soldats tricolores sont censés quitter définitivement les sables mouvants du Mali avant la fin de l’été pour une «réarticulation du dispositif», selon la formule officielle de Paris, qui prendrait en compte l’extension du péril terroriste vers le golfe de Guinée.

D’ici là, tout en effectuant son repli, Barkhane continuera donc d’opérer et la capture d’Oumeya Ould Alkabaye en est l’illustration.

Le précieux colis devra d’ailleurs en principe être remis aux responsables maliens comme c’est d’usage. Soit dit en passant, on se demande, si à défaut d’être empoisonné, un tel cadeau n’est pas un peu gênant pour Assimi Goïta, venant d’une France qu’il accuse de tous les péchés du Mali et contre laquelle il instruit depuis son arrivée aux affaires un procès en incompétence pour n’avoir pas vaincu le terrorisme malgré 10 ans de présence continue.

En réalité, au-delà de l’aspect somme toute symbolique, il faut se garder de se réjouir outre mesure de cette arrestation.

D’abord, parce qu’il faut bien plus que ça pour neutraliser l’hydre terroriste dont les multiples têtes, comme celle d’Alkabaye, repoussent aussitôt qu’on les a coupées.

Ensuite, parce que ces prisonniers de guerre font parfois l’objet «d’échange-marchandises» comme on l’a vu le 8 octobre 2020 avec la libération de l’ancien Premier ministre malien, Soumaïla Cissé, de Sophie Pétronin et de deux otages italiens contre l’élargissement d’une centaine de terroristes qui étaient détenus dans les prisons maliennes.

On ne sera donc pas étonné qu’un jour celui qui est en train de réfléchir entre quatre murs sur son sort soit remis en liberté pour d’obscures raisons.

 

Hugues Richard Sama

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Visite Macky Sall à Moscou: Pour porter l’inaudible voix africaine

Il en avait formulé le vœu le 22 mai dernier, à la faveur  de la visite  du chancelier allemand Olaf Scholz à Dakar. Ça devrait être chose faite aujourd’hui.

Le Sénégalais Macky Sall porte en effet sa casquette de président en exercice de l’Union africaine (UA) pour se rendre à Moscou en compagnie de Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA. On ne sait pas pour le moment si les deux visiteurs se rendront,  dans la foulée, à Kiev pour rencontrer le président Zelensky, qui avait introduit une demande pour s’adresser aux dirigeants africains.

L’objectif de ce débarquement sur la Place rouge, c’est de «porter la voix de l’Afrique» dans la guerre que livre la Russie à l’Ukraine depuis un peu plus de trois mois. Un trimestre qui, en plus de détruire littéralement le pays envahi, qui ploie sous les bombes russes, particulièrement dans le Donbass, a considérablement perturbé les circuits d’approvisionnement à travers le monde et provoqué une flambée de certains produits comme les hydrocarbures et le blé, dont les deux pays font partie des principaux exportateurs.

Ce renchérissement sur les marchés mondiaux frappe de plein fouet l’Afrique, qui importe 32% de ses besoins en blé de Russie et 12% d’Ukraine.

Comme c’est souvent le cas, qu’il s’agisse par exemple du dérèglement climatique ou des turbulences politiques comme dans le cas présent, ce sont souvent les puissants qui sèment le chaos dont les plus faibles, notamment les Africains, subissent les contrecoups.

C’est donc surtout en victimes collatérales que les deux missi dominici de l’organisation continentale se rendent au Kremlin pour prêcher la paix et travailler à un cessez-le-feu. Le chef de l’Etat sénégalais devrait d’ailleurs plaider la cause de l’Afrique pour des facilités d’approvisionnement.

«Porter la voix de l’Afrique» : Voilà sans doute une noble mission, mais le continent noir a-t-il vraiment voix à ce chapitre où même l’organisation des Nations unies n’arrive pas à s’imposer, laissant l’Union européenne et les États-Unis, à la fois juges et parties, s’agiter comme ils peuvent face à l’impassible Vladimir Poutine qui se voit en nouveau Tsar, rêvant de la grandeur passée de l’Empire?

On l’aura compris, ce séjour moscovite de 48h, c’est plus pour marquer le coup que pour obtenir des résultats et des engagements fermes. On pourrait même y voir une forme de gesticulations diplomatiques de la part du président d’un pays qui s’était bien gardé, le 2 mars dernier, de voter la résolution onusienne qui exigeait de la Russie de «cesser immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine».

Pendant qu’on y est, cette Union africaine, qui se pique aujourd’hui de s’occuper des problèmes du monde, est-elle seulement capable d’éteindre ses propres foyers de tension comme en Éthiopie, au Sahara occidental et entre la RDC et le Rwanda?

 

Hugues Richard Sama

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