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Gouvernement Thiéba III : L’accueil de l’opinion

 

Au lendemain de la mise en place de la nouvelle équipe gouvernementale, nous avons tendu notre micro à des leaders d’opinion et à des citoyens lambda pour avoir leur analyse de la cuisine concoctée par Roch Marc Christian Kaboré et Paul Kaba Thiéba. Le lecteur l’aura constaté, les avis sont diversement partagés, selon l’intime conviction et/ou la sensibilité politique de chaque intervenant.

 

 

 

Alexandre Sankara, député UNIR-PS et membre de la majorité présidentielle

 

«La mise en œuvre du PNDES justifie le maintien du Premier ministre»

 

 

 

Il faut dire que ce gouvernement est tombé moins tôt que prévu. Depuis hier, on l’attendait, mais le président a pris son temps, ce qui se justifie avec les négociations qui étaient en cours entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation.

 

Maintenant que le remaniement est effectué, je fais trois constats. D’abord, c’est le maintien du Premier ministre Paul Kaba Thiéba, contrairement à une opinion publique qui voyait son départ. A mon avis, le président Roch Marc Christian Kaboré l’a retenu pour une raison évidente. Pour les analystes avisés, on savait qu’il n’allait pas prendre le risque de tout chambouler et changer de chef de gouvernement, d’autant plus que c’est ce dernier qui a élaboré pratiquement le PNDES, c’est lui qui a conduit la table ronde des bailleurs de fonds et il lui revient en principe de mettre en œuvre le PNDES, et non  une autre personne qui aurait pris une année pour s’imprégner du programme, le temps de bien le connaître et le cerner. Il a donc fait le choix de la stabilité dans la continuité.

 

Le deuxième constat, c’est l’entrée dans le gouvernement de jeunes, d’où le respect d’une certaine tradition dans les première et deuxième équipes. Le président Roch Marc Kaboré vient, une fois de plus, de faire confiance à la jeunesse. On a des jeunes qui n’avaient pas encore participé à une quelconque gouvernance. Je fais particulière référence à des personnalités comme les Sango, les Ouaro et à mon jeune frère Ismaël Bachir Ouédraogo ainsi qu’à Laurence. Il faut que cette jeunesse fasse ses preuves pour mériter la confiance placée en elle.

 

 Le dernier constat, c’est ce changement de poste que je qualifierai de volontaire de Simon Compaoré pour, je crois, donner un peu de liberté au président Kaboré  et faire taire les critiques et les ressentis qui étaient concentrés sur le ministre de la Sécurité qu’il était. Enfin, il s’agit de permettre à Simon Compaoré d’avoir les coudées franches et les mains libres pour s’occuper du parti, sachant qu’après le décès de Salifou Diallo, c’est lui qui assurait la présidence par intérim du parti. Et quand on sait que les échéances de 2020 s’annoncent houleuses, ouvertes et indécises, il faut quelqu’un de la trempe de Simon Compaoré, qui a les mains libres, pour avoir la latitude de gérer et conduire le MPP en 2020.

 

Il y a par ailleurs quelques faits majeurs qu’il faut constater, comme le départ du ministre de la Culture, seulement trois mois après sa nomination, et l’arrivée sur la scène politique de Sango. Il s’agit là d’une grande manœuvre du professeur Laurent Bado qui ramène au bercail Sango et qui fait aussi un pied de nez à son ancien président, Tahirou Barry, quand on sait que les relations n’ont pas toujours été au beau fixe entre ce dernier et Sango.

 

Mes attentes sont que ce gouvernement aille rapidement au charbon. Pour les précédents, la critique essentielle était que les actions étaient lentes et que les choses n’évoluaient pas comme il se devait. Le souhait est qu’avec ce gouvernement, les choses aillent vite et que la fronde sociale se calme pour que ce pouvoir, qui n’a plus que trois ans pour mettre en œuvre le programme du président et le PNDES, puisse aller au charbon afin que les attentes des Burkinabè, qui sont nombreuses, soient globalement atteintes.

 

 

 

Rabi Yaméogo, porte-parole de l’UPC

 

« Quelques départs et quelques arrivées ne peuvent provoquer un changement »

 

 

 

Le constat que l’UPC peut faire est que ce gouvernement est du même format que le précédent. C’est en fait le même système qui est passé de 32 à 33 membres. En réalité, il n’y a pas eu d’innovation. A l’UPC, nous avons toujours été pour un gouvernement resserré, pour une réduction des charges. Ce qui n’a pas été le cas cette fois-ci encore.  Toujours est-il que c’est aux Burkinabè d’apprécier l’action de ce nouveau gouvernement. Nous disons qu’il faut distinguer le système et les hommes. C’est le système qu’il faut regarder. Les départs et les quelques arrivées ne peuvent à eux seuls provoquer un changement. Si vous êtes dans une équipe et que vous n’avez pas la possibilité et les moyens de mettre en œuvre votre politique, le système ne pourra jamais fonctionner. Il ne faut donc pas juger les hommes, mais juger le travail des hommes. Dans les différents gouvernements, il n’y a, chaque fois, que des départs et des arrivées. Et chaque fois, les problèmes des Burkinabè ne sont pas résolus. Il revient à ce gouvernement de se mettre à la hauteur des attentes des Burkinabè. C’est au pied du mur que nous verrons si le maçon est bon. Au-delà de la question genre et de la question des jeunes, nous à l’UPC, nous mettons les résultats des acteurs au premier plan.

 

 

 

Siaka Coulibaly, membre de la société civile

 

« Nous sommes plutôt dans l’expectative »

 

 

 

Je suis obligé de me rallier à une certaine opinion qui dit que ce gouvernement ne diffère pas beaucoup du précédent et que les attentes étaient celles d’un remaniement profond qui aurait permis de porter dans l’équipe gouvernementale des personnalités capables d’apporter plus de performances dans les affaires de l’Etat. De ce point de vue, on ne pense pas avoir atteint cet objectif de la part du chef de l’Etat. Nous allons observer les dix prochains jours la capacité de ce gouvernement à relever les défis, notamment ceux liés au système d’organisation de la Fonction publique et à  la rémunération des agents, de trouver des ressources nécessaires à la satisfaction des protocoles d’accord avec les enseignants et surtout à résorber la crise sécuritaire qui règne aujourd’hui avec l’activité des groupes terroristes dans notre pays. C’est ces domaines que nous allons observer et évaluer le gouvernement très rapidement, pour voir si le chef de l’Etat a été bien inspiré. Nous ne devons donc pas, d’ores et déjà, juger a priori ce nouveau gouvernement, raison pour laquelle beaucoup sont plutôt dans l’expectative.

 

 

 

Séma Blegné, SG du Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEAB)

 

« Cela va être un coup de fouet qui va secouer le cocotier Burkina »

 

 

 

C’est un remaniement que tout le peuple burkinabè attendait, parce que le gouvernement Paul Kaba II avait montré des signes d’essoufflement. Et nous avons tous appelé à un changement qui va permettre d’insuffler un nouveau dynamisme au gouvernement. Maintenant que c’est chose faite, nous l’apprécions à sa juste valeur. Cela va être un coup de fouet qui va secouer le cocotier Burkina. Vivement que ces nouveaux ministres apportent leur touche technique et politique. Félicitations aux arrivants. Nous les attendons à la tâche.

 

 

 

Souleymane Badiel, SG de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l'éducation et de la recherche (F-SYNTER)

 

«Ce sera une continuité dans la continuité»

 

 

 

Ce remaniement intervient dans une crise sociale, politique profonde dans notre pays. Nous estimons que la situation de crise actuelle n’est pas une question d’hommes, elle est plutôt une question de politique mise en œuvre. Ce remaniement, de notre point de vue, ne semble pas indiquer qu’il y a une remise en cause des options du gouvernement en matière de politique dans les différents secteurs. Ce sera une continuité dans la continuité. Ce n’est pas un remaniement qui pourra résoudre fondamentalement les graves problèmes auxquels les Burkinabè sont confrontés et pour lesquels différentes couches sociales sont sur la brèche à travers des luttes multiformes. Ce n’est pas une question d’hommes, c’est une question de système. Quelle que soit votre qualité d’homme, si vous évoluez dans un système dont les orientations produisent des conséquences dommageables pour le développement d’une nation, vous ne pouvez rien faire.

 

 

 

Ousséni Traoré, commerçant au grand marché

 

«On veut que ce changement apporte de bonnes choses»

 

 

 

Nous nous attendons à un vrai changement, surtout dans le secteur du commerce. Il n’y a pas de marché. On veut  que ce changement apporte de bonnes choses dans tout le pays. Si tout va bien chez les populations, tout ira bien pour nos  affaires qui sont actuellement au ralenti. Nous souhaitons que les importations soient mieux encadrées afin que les commerçants aient à peu près les mêmes prix. Nous  prions que Dieu aide cette nouvelle équipe.

 

 

 

Philibert Oubda, employé de parking

 

«Nous l’attendions depuis»

 

 

 

Quand j’ai appris la nouvelle ce matin (l’entretien a lieu jeudi) sur les radios, j’étais très content. Je suis vraiment content (avec insistance) de l’acte que le président a posé. Nous attendions cette décision depuis longtemps, et pensons qu’avec ce remaniement, il y aura un changement positif surtout en ce qui concerne la sécurité. Nous espérons que d’ici quelques mois, des changements seront visibles.

 

 

 

 

 

Télé Drabo, chef du service administratif et financier de la Faculté de sciences juridiques et politiques

 

«Nous attendons la nouvelle équipe dans la lutte contre le terrorisme»

 

 

 

Il s’agit d’un renouvellement qui  était tant attendu par le peuple burkinabè parce qu’il y avait assez de laxisme. Nous pensons que la nouvelle équipe pourra mener à bien les missions qui sont les siennes, notamment en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme. On ne cesse d’enregistrer des victimes et si on peut trouver un ministre à la hauteur pour lutter efficacement contre ce mal, c’est bien. Au niveau de l’enseignement, nous regrettons la durée de la crise qui opposait le ministère aux enseignants. Celui qui vient d’être nommé est quelqu’un d’assez ouvert  et un homme de dialogue. Je pense qu’il sera à la hauteur en ce qui concerne la résolution des problèmes des agents de l’enseignement.

 

 

 

Ramatou Ouédraogo, étudiante en Economie

 

«S’il y a une chose dont je me réjouis, c’est le départ de Simon»

 

 

 

J’encourage Thiéba, ceux qui viennent d’être nommés et ceux qui ont été reconduits. S’il y a eu changement, c’est parce qu’on veut améliorer les choses. On s’attend maintenant à un travail de fond car les attentes des Burkinabè sont nombreuses et pressantes. Mais s’il y a une chose dont je me réjouis, c’est le  départ de Simon  Compaoré du département de la Sécurité. En réalité, cette décision est bonne pour Simon lui-même,  pour sa propre dignité. Il a beaucoup fait pour ce pays, mais  pour le ministère de la Sécurité, il fallait quelqu’un de plus compétent. Cependant, j’aurais voulu une personne de l’armée, une personne vraiment imprégnée et non un civil. Mais si c’est le choix du président, il sait pourquoi il l’a fait. On espère en tout cas qu’ils feront mieux.

 

 

 

Jean Bambara, étudiant en Master de philosophie et professeur de lycée

 

«Ils doivent travailler à résoudre les difficultés liées à l’éducation»

 

 

 

Nous souhaitons que le gouvernement Thiéba III travaille à résoudre vraiment les difficultés que connaît le monde de l’éducation. Pour moi, le problème n’est pas de changer de ministre mais d’appliquer les mesures qui ont été arrêtées.

 

 

 

Yacouba Sako, étudiant en 6e année de médecine

 

«On avait marre de certaines têtes !»

 

 

 

On pense qu’avec ce changement, il y aura moins de grèves. On avait marre de certaines têtes. Ce sont les mêmes qui font les mêmes bêtises, surtout avec Simon  qui a été placé comme ministre d’Etat, ça va changer beaucoup de choses.  A ce poste,  il a moins de pouvoir.

 

 

 

Un DAF dans un ministère qui a requis l’anonymat

 

« Ça m’étonne que le Premier ministre soit resté »

 

 

 

Je m’étonne surtout que le Premier ministre soit resté. Paul Kaba Thiéba est incompétent. Lors d’une réunion avec des bailleurs de fonds, ces derniers, à leur sortie, s’étonnaient que ce soit vraiment lui notre Premier ministre. Je ne comprends pas pourquoi il a été nommé Premier ministre, lui qui est déconnecté de son pays depuis 20 ans et qui n’en connaît pas les réalités.

 

Propos recueillis par

Issa K. Barry

Assiata Savadogo

J. Benjamine Kaboré

 

Dernière modification ledimanche, 04 février 2018 20:38

Commentaires   

-1 #1 Drissa 02-02-2018 07:49
M.Diabré disait sous le régime Compaoré , qu’il était un opposant républicain, un contre-pouvoir qui n’est pas systématiquemen t contre le pouvoir. Pour cette raison, il dit qu’il critiquera et félicitera quand c’est nécessaire. Apparemment, cet engagement était un pacte sournois de connivence entre Diabré et son ancien chef Blaise Compaoré. Il ne met plus en application ce principe avec le régime du président Kaboré, qui a pourtant été son camarade de lutte pour une transition démocratique. M.Diabré doit savoir qu’en politique, le respect de la parole donnée est capital au risque d’être figé comme un démagogue et perdre toute crédibilité. L’UPC a visiblement choisi de peindre tout en noir contre le régime Kaboré.Rabi Yaméogo se fait toujours porte-parole de la haine et de la violence. Les récents comportements de vandalisme de militants UPC contre des députés frondeurs du parti et les agissements honteux de conseillers municipaux qui ont piétiné des documents publiquement et bloqué une session à la Mairie de Ouagadougou en janvier 2018, prouvent que l’UPC est train de se révéler comme un parti violent et anarchiste. Beaucoup de citoyens ont été indignés par ces comportements de militants UPC.Si le parti continue de la sorte, il risque de perdre la seconde place après le MPP au profit du CDP,l’ADF/RDA viendrait à la 3è place et l’UPC relégué à la 4è place voire pire que cela.
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