Double attaque du 2 mars : Le film des événements en V.O.
- Écrit par Webmaster Obs
- Imprimer
Pour une fois, on n’aura pas prêché dans le désert. Dans notre édito d’hier, on conjurait les autorités de sortir de ce silence pesant dans lequel elles s’étaient enfermées depuis la double attaque du vendredi 2 mars 2018 et de communiquer enfin.
Communiquer parce que, depuis la tragédie, surtout à l’heure des réseaux sociaux, toutes sortes de rumeurs, voire d’intox, savamment distillées se sont répandues comme une traînée de poudre.
Or jusque-là, pour toute information officielle, on n’avait eu droit qu’à des communiqués de presse aussi soporifiques les uns que les autres ou des interventions télévisuelles sans fond de personnes qui parlaient pour ne rien dire.
Le mutisme inexplicable a finalement pris fin hier. Maïza Sérémé, le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Ouagadougou, a en effet rencontré les journalistes ce mardi 6 mars 2018 pour dire ce qu’elle savait ou pouvait dire à l’étape actuelle des enquêtes. Et on ne pensait pas si bien dire en parlant de possibles désinformations. Bien sûr, cette version officielle, pour ne pas dire originale, du film des événements n’est pas toujours parole d’évangile, même que, bien souvent, les médias s’en méfient.
Mais si l’on en croit ce que la représentante du parquet a affirmé, aucun assaillant, contrairement à ce qu’on a entendu ces derniers jours, ne portait d’uniforme militaire. Les huit jeunes envoyés d’Iyad Ag Ghali, qui a revendiqué les attentats, étaient en tenue civile neuve, comme s’ils s’étaient sapés pour aller au bal de la mort. Ils avaient en outre dans leurs sacs ou ceints autour de leur tête des bandeaux où était inscrite la profession de foi en islam, que les musulmans appellent la Shahada : « Il n’y a de Dieu qu’Allah et Mohamed est son messager. »
D’où vient donc qu’on ait pu parler de militaires parmi les assaillants ? Si ça se trouve, la confusion a pu naître des huit personnes interpellées jusque-là, parmi lesquelles se trouvent deux militaires en activité et un autre radié.
Pour le moment, ils ne sont que des suspects, peut-être sérieux dans cette affaire. Mais si l’intelligence de ces soldats avec l’ennemi devait s’avérer, ça confirmerait l’hypothèse de taupes qui ont renseigné la vermine sur la configuration de l’état-major et les défauts de la citadelle qu’on pensait inexpugnable.
Autre information non vérifiée, les enquêteurs ne peuvent dire pour le moment si les terroristes étaient Burkinabè ou pas, quand bien même cette probabilité serait forte, car le renégat n’est plus l’étranger venu de loin pour saper nos efforts de développement et fragiliser notre vivre-ensemble ethno-religieux. C’est peut-être votre voisin sur la même rangée de prière à la mosquée, des Burkinabè « pur-Sagbo(1) » que nous côtoyons sans doute tous les jours sans soupçonner le moins du monde qu’ils nous planteraient un jour un couteau dans le dos.
C’est un peu comme lorsque des choses commencent à disparaître dans une maison. On se dit toujours que c’est la bonne, le fils désœuvré du voisin qui ont forcément les mains aimantées jusqu’à ce qu’on se rende compte que l’auteur des larcins n’est autre que son propre fils ou sa propre fille.
Hugues Richard Sama
(1) Le tô en mooré, base de l’alimentation des Burkinabè
Commentaires
Comme on le dit en mooré "ya gnandé". Si la sécurité est en insécurité, comment la population sera-t-elle protégée?
Nos boys sont compétents, mais c'est la hiérarchie militaire qui est le problème. Vous ne pouvez pas former des gens et ne pas les donner des moyens.
Ils deviennent des théoriciens dans le maniement des armes, mais dans la pratique, ils n'en possèdent pas.
Vous les faites défilés pendant les 11 décembre pour magnifier leur bravoure, mais au finish, vous êtes incapable de concevoir le moindre plan.
Le mode opératoire est tel que de simples quidams ne peuvent pas se permettre de le mettre en pratique. Une telle opération est mûrement réfléchie et prend du temps. Le fait de dire que c’est en représailles de l’intervention française me fait dire que le vers était déjà dans le fruit. C’est dire qu’une cellule dormante était prépositionnée et n’attendait que le mot d’ordre.
Notre armée est infiltrée jusqu’au haut lieu. C’est le lieu pour moi d’affirmer que le système est resté en place alors que c’était le système qu’il fallait décapiter. Pour mettre en place un système, il faut infiltrer toutes les strates de la société et cela prend du temps. L’autre a eu au moins 27 ans pour le faire. Il est parti, mais le système est resté.
On a passé tout le temps à vilipender les acteurs de la transition car ils constituent un danger pour eux. Sans le savoir, des jeunes instrumentalisé s se sont engouffrés dans la brèche et ont passé tout leur temps à salir soit Zida, soit Barry. On a inventé des histoires d’argent qu’auraient touchés les responsables du Balai citoyen qui n’est plus l’ombre que lui-même (la structure).
Pourquoi justement et uniquement que ces 2 personnalités ?
Ce sont des officiers et ils savent « qui est qui » comme on aime à le dire.
Alors, Zida loin du pays, ça les arrange très bien. Barry a refusé de partir et voilà qu’il croupi dans une prison car dans le rapport qu’il s’apprêtait à sortir, ce n’était pas bon pour nos soi-disant têtes pensantes militaires.
S’abonner au flux RSS pour les commentaires de cet article.