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Intelligence africaine de la foi : Le christianisme n’est pas une religion tribale

 

La religion dont Jésus-Christ est le fondateur n’est pas une religion tribale, ni ethnique, ni nationale. Ce n’est pas une religion clanique, sectaire, fermée, exclusiviste. Dès l’Ancien Testament, l’appel au salut que Dieu lance est celui adressé à tous les peuples sans exception. C’est ce dont témoigne la vocation d’Abraham : Dieu lui apprend qu’au-delà d’un clan, ce qu’il a en vue de faire, c’est de créer un peuple « aussi grand que les étoiles du ciel et le sable de la mer » (Gn 15, 5).

 

 

Souvenons-nous : au temps de l’Exil, alors que les Juifs se heurtaient à d’autres valeurs et à d’autres cultures, Dieu donne une leçon de tolérance et d’universalisme à son peuple en voyant dans un païen, Cyrus, roi de Perse, qui ne connaissait pas Dieu, un instrument de libération dont il se sert (Is 45, 1). Pour les communautés chrétiennes africaines, à travers le monde, il est absolument important de signaler, mieux, d’affirmer avec force, que la foi chrétienne est ouverture et que le projet du salut divin ne s’arrête pas aux portes de Jérusalem. Tous les peuples sont invités à y participer et Abraham est présenté comme le « père d’une multitude de peuples » (Gn12, 2). Dans l’Evangile de Matthieu, Jésus-Christ est « le fils de David, fils d’Abraham ». Cela dit, si Jésus est d’origine juive, il n’est pas enfermé dans la prison d’une tribu, d’une race ou d’un sexe. Avec Jésus, il faut regarder au-delà des catégories établies par les hommes. Avec Jésus, c’est l’élargissement qui compte. Jésus est solidaire de tout être humain.  On peut voir dans le geste de Jésus chassant les marchands du Temple, un geste qui a une portée symbolique : c’est un geste qui marque la fin d’un Temple préservant la sainteté des élus, au profit d’un Temple qui coïncide avec la communauté des croyants, ouvert à tous, en rupture avec les règles du pur et de l’impur qui séparaient juifs et païens. L’Evangile est un appel à vivre l’unité de la foi dans la diversité des cultures. Tel est le sens de l’ouverture aux non-juifs à travers la dynamique de la mission, qui, depuis l’évangélisation en Samarie et à Césarée (Ac 8, 2-25), celle de Pierre auprès de Corneille (Ac 10), atteint les extrémités de la terre avec la mission de Barnabé et de Paul. Dans les Actes des Apôtres, Philippe devient la figure marquante de la mission à l’extérieur. A travers la rencontre entre Philippe et l’Ethiopien, c’est le christianisme qui « part en direction du sud », vers l’Afrique. Avec le Christianisme, le « vent souffle là où il veut ». Le défi de l’Evangile, comme dans la parabole du Bon Samaritain, c’est d’étendre les frontières de la miséricorde pour y inclure même nos ennemis. Pour Jésus, la carte de l’amour n’a ni frontière, ni poste de douane. Elle reste ouverte à tous ceux qui veulent s’y déplacer. Les qualités de base de l’accueil de la vie et des autres sont là : l’ouverture d’esprit, la largeur de vues, l’intelligence du cœur et pas seulement de la tête, la bienveillance, le respect de l’autre, la tolérance. Face aux réflexes de ghettos, à la méfiance et à la fermeture, l’Evangile appelle à vivre ensemble. Nous voyons alors tout le travail qui nous reste à faire pour risquer la rencontre avec l’autre et assumer le respect de la différence dans une Eglise famille qui soit réellement un lieu de rencontre et de « communion fraternelle ».

 

 

 

Père Jean-Paul Sagadou

 

Assomptionniste

 

 

 

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